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mandée par le général Bernadotte s'avançait 1799. dans le Palatinat.

pue,

Mais, après la longue suite de triomphes que j'ai rapportés, et que malheureusement la paix avec l'Autriche n'avait point interromla fortune se montra contraire aux Français. Le Directoire n'avait pas pris assez de soin pour rassembler ses armées éparses. Elles couvraient une surface immense, et ne se trouvaient en force nulle part. Leurs cadres avaient été mal complétés. L'administration de la guerre avait été livrée à de grands désordres. Les fréquentes disgrâces des généraux vainqueurs annonçaient dans le gouvernement une insolente ingratitude dont l'armée s'irritait. Les soldats avaient encore tout leur courage, mais ils avaient perdu cet enthousiasme et cette joie qui avaient accéléré toutes leurs victoires.

De là les revers qu'ils éprouvèrent presque à la fois en Allemagne et en Italie.

L'armée du général Jourdan, qui s'avançait dans la Souabe, n'était composée que de quarante cinq mille hommes. L'archiduc Charles marchait contre lui à la tête de la plus belle armée, qu'eût encore rassemblée l'Autriche; elle était de soixante-dix mille hom

Bataille de Mars 1799

Stockach.

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mes, et avait sur l'armée française une grande supériorité de cavalerie. Jourdan espérait être renforcé par Masséna, si celui-ci parvenait à emporter les retranchemens de Feldkirch ; mais Masséna ne réussit point dans cette entreprise. Il y avait eu déjà quelques combats d'avant-garde entre l'archiduc et Jourdan. Le général français s'était posté derrière Stockach, et dans cette position il était sûr de sa retraite par les défilés des montagnes et par Schaffhouse. Ce fut là ce qui lui inspira la confiance d'engager une action générale. Le 26 mars, tous les avant-postes de l'armée autrichienne furent attaqués à la fois. L'infanterie française ne déinentit point sa grande renommée; elle avait repoussé la droite des Autrichiens, elle était sur le point de tourner le centre, lorsque l'archiduc arriva avec un renfort qu'il avait tiré de sa gauche. Le plus grand effort des deux armées eut lieu dans un bois que les Français, sous les ordres du général Saint-Cyr, avaient occupé. Après une résistance opiniâtre, les Français ne purent s'y maintenir. La nuit mit fin à un combat qui avait été excessivement meurtrier des deux côtés. Le général Jourdan, qui n'avait pu réussir dans son projet d'em

porter les plus fortes positions de l'armée autrichienne, eut pour consolation de coucher sur le champ de bataille.

L'archiduc Charles, dans la relation de cette bataille qui fut annoncée comme l'une des plus glorieuses pour la monarchie autrichienne, porte à cinq mille hommes la perte des Français, y compris les prisonniers. De son côté, le général Jourdan déclare avoir fait quatre mille prisonniers. Il se plaint de ce qu'une charge de cavalerie, qu'il avait or donnée, et qui devait, selon lui, décider le succès de l'action, n'avait pas été exécutée.

Il passa la nuit à disposer sa retraite sur Schaffhouse, et il l'effectua le lendemain sans être inquiété par l'archiduc. Peu après, il abandonna le commandement de l'armée, et le général Masséna fut nommé pour le remplacer. Les fâcheux effets de la bataille de Stockach étaient un peu compensés par des avantages très brillans que le général Lecourbe venait de remporter chez les Grisons et dans l'Engadin. Mais les revers de l'armée d'Italie augmentèrent les alarmes, firent perdre en quelques mois le fruit des glorieuses campagnes de Bonaparte, et amenèrent promptement la chute des Directeurs, dont

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Assassinat des

plénipotentiai.

les malheurs publics révélaient enfin toutes les fautes. C'est ce que je vais exposer. Mais il faut auparavant parler d'un événement qui, par son atrocité, causera long-temps l'horreur des nations, et, par son obscurité, le désespoir des historiens.

Malgré la guerre engagée avec l'Autrires français. che, le congrès de Rastadt n'était pas encore rompu. Une partie du corps germanique espérait conserver sa neutralité sous la protection du roi de Prusse. La France voulait l'engager à protester contre l'entrée des Russes sur le territoire autrichien. Un projet de sécularisation des États ecclésiastiques avait été longtemps agité; ce qui avait répandu une vive alarme, et excité beaucoup de passions contraires en Allemagne. La ville de Rastadt était tombée au pouvoir des Autrichiens. Il leur importait de rompre un congrès qui pouvait éloigner l'Empire germanique de leur cause. Un commandant autrichien signifia aux trois ministres plénipotentiaires de la France, Bonnier, Roberjot et Jean Debry, l'ordre de sortir de la ville dans vingt-quatro heures, lorsque déjà ceux-ci disposaient leur départ. Mais, le même jour, un courrier de la légation française avait été arrêté sur la route

de Seltz à Rastadt, par un détachement de hussards autrichiens. Cette violence n'annonçait que trop aux ministres français ce qu'ils avaient à craindre pour eux-mêmes. Ils partirent à dix heures du soir, le 28 avril. La nuit était très sombre; on portait des torches devant leurs voitures. Quand ils se présentèrent à la porte de la ville, on fit beaucoup de difficultés de les laisser sortir. Une heure se passa en pourparlers. La consigne fut levée. Ils demandèrent une escorte, qu'on s'obstina à leur refuser, en leur disant qu'ils seraient aussi en sûreté que dans leurs chambres. Ils n'étaient pas à cent pas de Rastadt, qu'un détachement de hussards Szecklers fond sur le cortége, fait descendre de la première voiture le ministre Jean Debry. Six hommes le fouillent, lui enlèvent ses papiers. Deux coups de sabre l'étendent par terre. On le roule dans un fossé. Il a la présence d'esprit de ne donner aucun signe de vie. Bonnier est tué de la même manière que devait l'être Jean Debry; Roberjot est égorgé presque dans les bras de son épouse, qui fait de longs et vains efforts pour le défendre des coups des assassins. On ne pille dans les voitures que les papiers de la légation, et les assas

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