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blesse six cents hommes, force le reste à la retraite, gravit les hauteurs dont ils sont descendus, et plante ses drapeaux à Nazareth. Ce brillant exploit était le prélude de la bataille du Mont-Thabor.

Bonaparte avait cru dangereux d'attendre l'armée ennemie sous les murs de Saint-Jeand'Acre. Après avoir laissé deux de ses divisions devant cette place, il avait marché avec la division du général Kléber, celle du général Bon, et toute sa cavalerie, au-devant des Turcs. Comme il approchait du Mont-Thabor, il découvre la division de Kléber, qui, formant en tout deux mille hommes, soutenait l'effort de vingt-cinq mille hommes de cavalerie. Le camp des Mamelucks s'aperçoit à deux lieues de distance du champ de bataille. Bonaparte fait marcher contre eux une partie de ses cavaliers. A la vue d'une armée six fois supérieure en nombre à la sienne, il prend ses dispositions comme s'il avait déjà vaincu, comme s'il n'avait plus qu'à poursuivre sa victoire. Il culbutera les ennemis sur le Jourdain, mais il faut les empêcher de repasser le fleuve. Il confie au général Murat l'expédition la plus hardie. Il lui donne l'ordre de s'emparer du pont de Jacoub, qui est gardé par

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le fils du gouverneur de Damas, à la tête d'un corps nombreux de janissaires. Murat obtient un tel succès dans sa mission, qu'il enlève le pont de Jacoub, fait prisonnier le commandant turc avec une partie des siens, et poursuit le reste jusque sur la route de Damas. La victoire est déjà décidée sur tous les points; le camp des Mamelucks a été forcé par l'adjudant-général Leturc. Vingt-cinq mille hommes de cavalerie qui entouraient le général Kléber ont fait de vains efforts pour rompre les deux carrés d'infanterie que ce général a formés. Le coup de canon par lequel Bonaparte lui a annoncé son arrivée a ranimé ses efforts. Une demi-brigade que le général en chef a envoyée à son secours a suffi pour le dégager c'est la dix-huitième, et elle est commandée par le général Rampon. Une autre, sous les ordres du général Vial, se porte sur les hauteurs pour couper la retraite à cette immense cavalerie déjà mise en déroute. Partout où elle cherche un refuge elle trouve des poignées de vainqueurs qui la repoussent. Enfin, à la faveur de la nuit, elle se cache derrière le Mont-Thabor. Le résultat de cette bataille est la défaite de vingt-cinq mille hommes de cavalerie, et de dix mille d'infan

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terie, par quatre mille Français; la prise de tous les magasins de l'ennemi, de son camp, et sa fuite en désordre vers Damas. Ses propres rapports font monter sa perte à plus de cinq mille hommes.

Bonaparte avait ainsi dispersé et presque anéanti une armée qui avait espéré le chasser de l'Égypte, et il avait fait une seconde fois retentir en France ces noms si chers à la piété, de Nazareth et du Mont-Thabor. Quand il était à peine chrétien, on aurait pu le prendre pour un ancien croisé. Une telle défaite, qui semblait ouvrir au vainqueur le chemin de l'Asie, n'abattit cependant point le courage des Turcs et des Anglais renfermés dans SaintJean-d'Acre. Ils résistèrent à dix-sept assauts, et le courage le plus héroïque ne put suppléer à quelques pièces d'artillerie qui manquaient. Parmi plusieurs braves qui trouvèrent la mort sous les murailles d'Acre, et jusque dans l'enceinte de cette place, où leur courage les avait fait entrer, l'armée regretta vivement deux des militaires les plus distingués qui se fussent formés à l'école de Bonaparte : c'étaient le chef de brigade Caffarelli, et le chef de bataillon du génie de Say. Toute espérance de succès était perdue, lorsque Bonaparte reçut un avis

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de Saint-Jean

d'Acre.

certain que les Turcs préparaient une expédition contre les côtes de l'Égypte, et que les Anglais se tenaient prêts à les seconder. Ce prétexte pouvait colorer une retraite devenue nécessaire. Le général Désaix, qui poursuivait dans la Haute-Egypte le cours de ses victoires, ne pouvait protéger les côtes menacées. Bonaparte crut devoir s'y porter lui-même avec l'armée de dix mille hommes qui venait d'ébranler l'Asie. Le 20 mai, le siége de Saint-Jean-d'Acre est levé après soixante jours de tranchée ouverte.

Il faut ici mentionner deux faits qui vont nous présenter Bonaparte (et toute cette hisMai 1799 toire ne nous y accoutume que trop) sous deux rapports bien opposés. La peste avait commencé à s'introduire dans le camp français pendant l'expédition de Syrie. Aux premiers signes de ce fléau, Bonaparte conçut le besoin de rassurer l'imagination de ses soldats, et il le fit par un acte intrépide; il entra dans un hôpital de Jaffa où étaient plusieurs Français attaqués de la peste; il osa toucher la main de quelques uns d'entre eux pour leur persuader qu'ils n'étaient point atteints de cette terrible maladie. Quelques jours après, diton, comme le mal faisait plus de progrès, il

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fit empoisonner les pestiférés par l'opium. 1799 J'ai consulté sur ce fait beaucoup d'écrits, et j'ai eu l'occasion d'interroger plusieurs des hommes éclairés et sincères qui faisaient partie de l'expédition d'Égypte. Voici tout ce que l'historien peut dire : le fait est possible, mais n'est pas certain. Il faut ici parler d'une belle action du médecin en chef de l'armée. M. Desgenettes osa, en présence des soldats pestiférés, et pour calmer leur imagination ainsi que pour rendre un service important à la science et à l'humanité, s'inoculer la matière des bubons et se guérir par le même remède qu'il ordonna pour eux. Le chirurgien en chef Larrey se montra le digne émule de son savoir et de ses vertus civiques. Il y eut une invasion de la peste dans la ville du Caire, pendant le séjour de l'armée en Égypte. Jamais ce fléau ne fut réprimé avec des soins plus empressés et plus judicieux; l'armée française en fut préservée par des lazareths semblables à ceux de Marseille, et la ville en souffrit beaucoup moins que de coutume. Cette considération est une de celles qui font le plus regretter la perte d'une si magnifique possession.

Avant de rentrer dans le désert, Bona

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