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1799.

Siége de Saint-
Jean-d'Acre.

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destin de l'Asie va se décider sous ces murs déjà si célèbres par les plus furieuses batailles qu'aient produites les croisades, et par les gigantesques efforts des Richard Coeur-deLion, des Philippe-Auguste et des Saladin. Bonaparte attend en vain l'artillerie de siége qui lui est nécessaire pour cette expédition, dont chaque jour lui montre les difficultés. Il aperçoit, de la part des assiégés, un art de défense inconnu aux barbares. Les batteries de la place sout servies par des Anglais. Le commodore Sidney-Smith est à leur tête. Un ingénieur distingué, l'émigré français Phelippeaux, dirige les travaux, et développe de grandes ressources.

Arrêtons-nous un moment pour parler des Avril et masi bizarres aventures de ce commodore que la destinée a réservé pour priver Bonaparte de l'empire de l'Orient. Depuis long-temps l'Angleterre n'avait pas produit un caractère plus ardent et plus chevaleresque; éminemment doué des dons extérieurs, il y joignait une grâce que nous avons coutume de nommer toute française, son zèle pour la liberté était tellement prononcé, qu'il siégea presque toujours sur les bancs de l'opposition. Mais les crimes de notre révolution l'avaient transporté

d'une fureur qui pouvait éclater par d'injustes 1799. représailles. Il faisait partie de cette escadre qui entra dans la rade de Toulon lorsque les habitans de cette ville appelèrent un secours qui devait leur être si funeste. On peut juger qu'il se félicita d'abord d'une si belle occasion de manifester à la fois son courage et ses sentimens généreux. Mais la politique anglaise ordenna autrement de cette expédition. Quand Toulon fut abandonné par l'amiral Hood, Sidney-Smith fnt un des officiers chargés d'incendier les vaisseaux français qui restaient dans la rade. Son nom acquit parmi nous une triste célébrité; il arriva que deux ans après il se présenta devant le port du Havre avec une flottille bombardière. Une étrange fatalité fit tomber entre les mains des Français ce marin valeureux; d'abord il fut question de ne point reconnaître le droit de la guerre dans celui

que

l'on nommait l'incendiaire de Toulon, et auquel on supposait l'intention récente d'incendier le Havre; la crainte d'attirer de nouvelles rigueurs du gouvernement anglais contre les nombreux prisonniers français qu'il avait en sa puissance, détourna le Directoire d'un nouvel acte de cruauté révolutionnaire. Sidney-Smith fut conduit à Paris dans la prison

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du Temple. Sa conversation brillante et instructive, et le ton d'épanchement qui lui était naturel, firent souvent la consolation des compagnons de son malheur. Un ami cependant s'occupait du hardi projet de sa délivrance, et cet ami était un émigré français auquel il avait donné la plus noble hospitalité. Phelippeaux (c'est le nom de cet émigré) osa rentrer en France dans un moment où les journaux parlaient très souvent d'émigrés fusillés à la plaine de Grenelle. Muni d'assez fortes sommes d'or que lui avaient procurées les parens et les amis de Sidney, il se ménagea des intelligences avec quelques uns des dépositaires du pouvoir. Sous un faux ordre de translation, Phelippeaux osa, avec deux hommes déguisés comme lui en gendarmes, pénétrer dans la tour du Temple, et demander sir Sidney-Smith; le concierge leur remit ce prisonnier avec une facilité qui parut suspecte de quelque intelligence. Sidney-Smith et son ami partirent pour l'Angleterre avec des relais bien préparés et un bâtiment qui les attendait ; bientôt l'un et l'autre furent appelés par un commun désir de gloire vers les côtes de l'Égypte et de la Syrie. Phelippeaux, qui avait fait ses études à l'École militaire de Brienne

avec Bonaparte et sous Pichegru, était un ingénieur distingué. Par ses soins et son activité les travaux de Saint-Jean-d'Acre furent plus habilement réparés qu'on ne l'attendait des Orientaux. Sidney-Smith remplissait tout de son ardeur, et Djezzar-Pacha combattait la faiblesse ou la trahison par d'horribles barbaries. Bonaparte manquait, comme je l'ai dit, d'artillerie de siége; deux bâtimens qui devaient lui en amener furent pris par les Anglais; toute sa ressource était de tenter des assauts. Dans son impatience il devança le moment où la brèche était praticable. Les Français purent reconnaître combien il est différent d'attaquer les Turcs retranchés derrière une muraille ou de les attaquer en plaine; l'assaut fut repoussé avec une grande perte.

Quelques jours après les soldats remarquent sur le rivage une grande quantité de sacs. Ils les ouvrent, et voient des cadavres attachés deux à deux. On questionne les déserteurs, et l'on apprend d'eux que plus de quatre cents chrétiens qui étaient dans les prisons de Djezzar, en ont été tirés par les ordres de ce monstre pour être liés deux à deux, cousus dans des sacs, et jetés à l'eau.

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appren

Pendant que les Français s'essaient, à force d'art et de courage, à suppléer aux moyens qui leur manquent pour le siége, ils nent qu'il se forme contre eux une de ces immenses armées que l'Asie est habituée à produire. Les Turcs, les Arabes, les Mamelucks, des nations qui se détestent, se réunissent sous les mêmes drapeaux, et sont enflammées des mêmes fureurs que si une nouvelle croisade mettait le croissant en danger. C'était à la voix des Anglais que cette tumultueuse levée d'hommes s'était formée. Si Bonaparte ne fût allé la chercher dans le cœur de la Syrie, elle fût devenue au bout de quelques mois, formidable à l'Égypte la dissoudre était le but principal de son expédition. Il y parvint avec rapidité. Ses lieutenans firent des actions d'éclat en le secondant. Avec trois cent cinquante hommes d'infanterie et cent cinquante chevaux, le général de brigade Junot poursuit, à la vue de l'avant-garde ennemie, sa route sur Nazareth, dont il est éloigné de quatre lieues. Il ose descendre dans la plaine; il y soutient un combat contre trois mille hommes de cavalerie, et la poignée de braves qu'il commande enlève cinq drapeaux aux ennemis, tue ou

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