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chevaux, encore étaient-ils fatigués de la route;
c'est à l'infanterie à soutenir le choc le plus
terrible. Bonaparte la dispose pour cette ba-
taille d'un genre nouveau. Chacune des cinq
divisions qui la composent forme un carré,
et toutes se flanquent
flanquent réciproquement. L'ar-
tillerie est placée aux angles, la cavalerie
et les équipages au centre. Les Mamelucks
étaient appuyés au village de Chébreisse et
au Nil sur lequel ils avaient une flottille com-
posée de chaloupes canonnières. D'abord le
combat s'engage entre celle-ci et la flottille
française; même ardeur de part et d'autre;
une galère française est enlevée à l'abordage,
bientôt elle est reprise; plusieurs chaloupes ca-
nonnières de l'ennemi sont brûlées. Quelques
uns des savans français avaient pris une part
active à ce petit combat naval. Monge et Ber-
tholet surent, par leur ardeur et leur intelli-
gence, guérir les soldats d'une prévention
fâcheuse. L'habile secrétaire de Bonaparte,
M. Bourienne, eut aussi part à ce succès. Mais
les Mamelucks n'ont point confié leur défense
à leur seule flottilie. Mourad-Bey, qui les
commande, s'élance à leur tête; il charge
tour à tour les divisions Desaix et Régnier.
Chevaux et cavaliers viennent s'offrir aux

1798.

1798.

Bataille des Pyramides. Juillet 1798.

baïonnettes croisées des Français : ils fondent sur les carrés, mais ils ne peuvent parvenir à renverser ces murailles de feu, ces remparts de baïonnettes. Ils s'étaient persuadé que les Français étaient tous liés entre eux. Comme, sur un autre point, les divisions Rampon et Marmont se mettaient en marche avec assez de rapidité, Mourad-Bey fond sur elles avec impétuosité; les Français restent inébranlables. Les Mamelucks, dont les rangs sont terriblement éclaircis, veulent en vain se retirer sur leur camp retranché; les Français les poursuivent, et de précieuses dépouilles en or, en armes, en vivres, en bagages, en chameaux, deviennent les trophées de cette première victoire.

La marche se continue sur le Caire; l'Égypte commence à se colorer un peu aux yeux des Français. Tout à coup on découvre les Pyramides, et des cris de joie et d'orgueil s'élancent de l'armée; les ardeurs de la canicule sous un tel ciel sont oubliées. Pour comble de bonheur, on découvre l'armée des Mamelucks rangée en bataille on pourra donc signaler cette journée par une victoire décisive. Les Pyramides, les plus grands monumens par lesquels les hommes aient défié la puissance

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du temps, vont donner leur nom à la bataille 1798. nouvelle; elles seront la conquête du jour. Le Nil se déploie autour de la contrée florissante qui est née de son limon, et qu'il fertilise. Dans un grand éloignement, on aperçoit les mosquées et les minarets du Gaire: on va bientôt occuper les champs de l'antique Memphis. Bonaparte, dont l'imagination est exaltée par ce spectacle, redouble d'adresse et de génie pour enflammer les soldats : pour toute harangue il leur adresse ces mots qu'on peut regarder comme le sublime de l'éloquence militaire : « Du haut de ces Pyra« mides, quarante siècles vous contemplent! >> Qu'a-t-il à faire pour obtenir la victoire? rien, que de répéter les belles et savantes dispositions de celle de Chébreisse. L'armée française était rangée dans le même ordre, la gauche appuyée au Nil et la droite à un grand village. Cependant les divisions marchaient sur le camp retranché des Mamelucks, ouvrage fait avec un art grossier, mais qui semblait bien protégé par huit mille intrépides et excellens cavaliers; leurs armes réfléchissent les feux du soleil, ils sont chargés du fer qui leur a soumis cette contrée, et de l'or que leurs exactions ont arraché. Les

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cris de allah se mêlent au son des trompettes et au hennissement des chevaux. Mourad-Bey s'avance et veut profiter de la marche de l'armée française, pour tenter une attaque plus furieuse encore que celle de Chébreisse. Tantôt les carrés se tiennent immobiles pour les recevoir, tantôt les divisions marchent comme un corps à la fois impénétrable et rapide; tout se soutient et s'appuie. L'artillerie se démasque et vomit la mitraille sur les assaillans; la baïonnette rompt l'espoir des cavaliers, et force les chevaux à tourner autour des carrés. Les Mamelucks, après avoir manqué leur charge, cèdent encore à toute leur fureur il y en eut qui vinrent enflammer leur habit au feu de la mousqueterie; d'autres, pour se faire jour à travers les carrés, dirigeaient leurs chevaux à reculons sur les rangs hérissés de baïonnettes; quelques uns déjà blessés se traînaient entre les jambes des soldats pour leur couper les jarrets avec leurs sabres recourbés. Mais tandis que Desaix, Régnier et Bon, Menou et Bonaparte au centre repoussaient leurs efforts, et mettaient en déroute une si vaillante et si puissante cavalerie, Marmont et Rampon, débouchant par un bois de palmiers, s'emparaient du village d'Em

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babé, gage de la bataille, et bientôt toute l'ar

mée entra dans le camp retranché des Mamelucks. Le butin fut immense; le soldat français conquit dans cette journée plus d'or qu'il n'en avait trouvé dans l'Italie. La bataille des Pyramides, peu meurtrière pour l'armée française dont les carrés n'avaient point été rompus, décida la conquête de toute la basse Égypte. Les Mamelucks, forcés dans leur camp retranché, avaient autant souffert du désordre et de l'épouvante de leur mauvaise infanterie, que de toute l'ardeur française; leur perte avait été de près de trois mille hommes, parmi lesquels étaient mille prisonniers.

La ville du Caire, entourée de hautes murailles qui tombaient en ruine, ouvrit ses portes le lendemain de la bataille; les Français y trouvèrent un digne prix de leurs fatigues et de leurs combats; moins ils avaient été portés à croire que cette ville eût quelque importance, plus ils étaient frappés de sa magnificence orientale; du grand nombre de ses mosquées et même de ses palais; du luxe des divans, des tapis et même des vêtemens; des vieux monumens hydrauliques qui recueillent, contiennent ou transportent les

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