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achevaient de mettre en évidence leur dé- 1798. loyauté. On apprit ainsi que le grand-maître, en convoquant le conseil de l'ordre pour lui soumettre la capitulation proposée, avait pris soin d'en exclure les chevaliers les plus anciens, les plus braves et les plus fidèles, tels que Le Bailli de Tigny, Gurgeo, Clugny, Tillet, Bellemont, Loras, Latour-Saint-Quentin, LatourDupin et plusieurs autres.

Prise d'A

lexandrie.

Par une prodigieuse faveur de la fortune, Bonaparte assuré d'une nouvelle conquête se Juin 1798. vit dégagé de l'extrême péril auquel son audace l'avait exposé, celui de placer son armée et sa flotte entre les feux d'une des premières places de l'univers et les feux de l'escadre anglaise. Avant que l'expédition mît à la voile, le secret de sa destination était aussi bien pénétré en France qu'en Angleterre. L'amiral lord Saint-Vincent, inquiet sur le mouvement de Toulon, avait détaché de sa puissante escadre treize vaisseaux de ligne pour visiter la Méditerranée : cette flotte était sous la conduite de Nelson, le plus audacieux marin que possédât l'Angleterre. Celui-ci fit une extrême diligence pour gagner l'Égypte et attaquer la flotte française au moment où elle voudrait débarquer à Alexandrie; les vents ne le secondèrent que trop bien; car il arriva

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plusieurs jours avant l'escadre française, et n'apercevant rien, il crut avoir été trompé par des rapports infidèles. L'expédition de Malte et le retard de neuf jours qu'elle avait occasionné, achevèrent de déranger ses calculs; il prit le parti de revenir sur ses pas, et dirigea sa route vers le nord-est. La flotte française remit à la voile, et fut rapidement portée sur Alexandrie: elle arriva devant ce port le 28 juin. La flotte anglaise en se présentant avait déjà répandu l'alarme sur une invasion qui paraissait si peu vraisemblable. Les habitans d'Alexandrie s'armaient avec précipitation; les Mamelucks prévenus accouraient à la défense de la ville. Le consul français avait couru des dangers, aussi se hâta-t-il d'échapper, et vint-il chercher un refuge à bord du vaisseau amiral. Tout ce qui restait de Français et même de chrétiens était menacé de la fureur musulmane.

Bonaparte voit qu'il n'y a pas un instant à perdre; il ordonne le débarquement et il indique pour l'opérer la tour de Marabou. La mer est agitée, la côte est toute bordée de récifs dangereux. Mille canots s'élancent. Bonaparte, monté sur uue galère, saute sur le rivage. Pendant ce mouvement, qui exposait beaucoup les vaisseaux

la

si Nelson se fût présenté, la fortune veille encore sur eux : ce sera là sa dernière faveur. Quatre mille hommes sont débarqués; la nuit arrive, il faut en profiter. Bonaparte se porte sur Alexandrie. A deux heures du matin il est en marche. Les divisions suivront cette route à mesure qu'elles débarqueront. On rencontre un corps d'Arabes qui couvre les hauteurs de la ville. Ils attaquent; la fusillade s'engage, ils s'enfoncent dans le désert; on est devant les murs de la ville. Bonaparte eût désiré parlementer. D'effroyables hurlemens qui s'élèvent, qui redoublent, apprennent à quel degré rage des habitans s'est portée. On bat la charge; on escalade les murs. Le général Kléber, qui monte un des premiers, est atteint d'une balle; le général Menou est renversé du haut des murailles qu'il avait franchies. Le soldat, emporté par son ardeur, entre dans la ville. On se fusille; on s'égorge dans les rues. Mais Bonaparte a réussi à calmer les habitans de la ville, en leur faisant dire, par le commandant d'une caravelle turque, qu'il vient comme allié du gouvernement ottoman châtier des beys rebelles et usurpateurs. Le carnage s'arrête; la ville capitule, et Bonaparte est maître d'Alexandrie.

II.

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1798.

1798.

Tout venait exalter l'imagination d'un conquérant dans une ville fondée par Alexandre, tombeau de ce grand homme, depuis tombeau de Pompée, et qui, bientôt après la mort de ce capitaine, avait été successivement occupée par trois maîtres du monde César, Antoine et Auguste. Les savans et les militaires raisonnaient sur l'admirable position d'une ville que son grand fondateur avait créée avec tant de génie, pour être le centre et le lien des trois parties du monde connu. On admirait les monumens de la grandeur des Ptolomée et de celle des Romains; la colonne de Pompée frappait l'imagination par son aspect sublime. Mais l'immobilité, la paresse et la sordide incurie des Musulmans faisaient demander ce qu'était devenue cette population d'Alexandrie, autrefois si brillante, si mobile, si amoureuse de subtilités, de controverses, enfin si dangereuse à ses maîtres par de séditieux caprices.

Un grave sujet de délibération occupait le général Bonaparte et l'amiral Bruéys. Il s'agissait de savoir où on ferait entrer l'escadre; il n'était pas temps encore qu'elle remit à la voile pour regagner ou Malte, ou Corfou, ou Toulon. Il fallait connaître les premières

chances des combats qui allaient être livrés 1798. aux Mamelucks: il fallait surtout que la possession du Caire répondit au moins de la soumission de la basse Égypte. On ne pouvait faire entrer les vaisseaux de 74 qu'en allégeant leur bagage et en les dégarnissant de leur artillerie; mais, outre dix vaisseaux de 74, l'escadre en contenait trois, l'un de 120, et les deux autres de 80. L'amiral Bruéys ne voyait aucune possibilité à faire entrer ces trois vaisseaux, même en les allégeant beaucoup. Il prit le parti, non à ce qu'il paraît sans quelque résistance et quelques alarmes de Bonaparte, de faire entrer l'escadre dans la rade d'Aboukir. Il y établit sa ligne d'embossage, en se fortifiant d'une petite île qu'il garnit d'une artillerie insuffisante, comme un fatal événement le dé

montra.

L'armée quitte Alexandrie au bout de quelques jours, et s'engage dans le vaste désert qui sépare cette ville de la capitale. A chaque instant les Arabes harcellent l'armée, égorgent et pillent tous ceux qui s'éloignent ou sont en retard. Ils ont comblé tous les puits; le soldat éprouve pendant plusieurs jours le supplice d'une soif dévo

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