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1798.

lation qui livrait aux Français, sans combat, la ville et le camp retranché de Capoue. Il est vrai que, par cet armistice, on avait cru, du moins sauver la capitale et une partie du royaume. Il était convenu que l'armée française s'arrêterait aux bouches de l'Ofanto. Le roi devait payer encore dix millions de livres tournois.

On ne peut décrire la fureur qui s'empara des lazzaroni à la nouvelle de cet armistice. On les entendait répéter, une torche ou un poignard à la main : Meurent les traîtres! vive saint Janvier! vive la religion! vive le roi! Le commissaire français Arcambal faillit être la première victime de leurs fureurs. Le vice-roi Pignatelli parvint à le sauver des mains de la populace; mais lui-même fut bientôt poursuivi jusque dans son palais; il put en sortir déguisé pendant la nuit, et se retira anprès du roi, qui, indigne Farmistice, le fit garder dans une forteresse. La rage du peuple s'était également tournée contre le général Mack. Celui-ci ne vit plus pour lui de refuge que dans le camp des Français euxmêmes. Le général Championnet le reçut avec les égards d'une noble pitié; mais le Directoire français, qui ne reconnaissait pas le

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droit d'asile, le traita en prisonnier de guerre et le fit conduire à Dijon.

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lazzaroni.

La disparition de Mack et de Pignatelli Fureurs des n'avait fait qu'accroître l'anarchie. Les laz- Prise de Nazaroni, fiers de les avoir mis en fuite, dé-ples.

vouaient à la mort la plupart des nobles et des hommes les plus considérés ou les plus opulens. Après s'être emparés de l'arsenal, ils s'étaient partagé des armes qui les rendaient plus terribles à leurs concitoyens qu'aux ennemis. L'armistice était déjà rompu par cette violence. Les Français ne trouvaient plus de sûreté que dans leur camp; leurs détachemens isolés tombaient sous la faux de paysans dont les fureurs avaient devancé celle des lazzaroni. Les nobles napolitains, menacés à chaque instant des meurtres populaires, ne voyaient plus pour eux de salut que dans les approches et les succès de l'armée française; ils en pressaient la marche par des avis secrets et de vives instances.

Championnet résolut de tenter une entreprise que le désespoir des fougueux défenseurs de Naples devait rendre terrible. L'armée française s'avança sur Naples. La nécessité avait fortement resserré les liens de sa discipline; mais, comme tous les lieux où

1798. elle passait lui faisaient craindre ou des conibats ou des meurtres elle usait sans ménagement du droit de la guerre. Les lazzaroni ş'en vengeaient dans Naples, en incendiant euxmêmes les maisons ou les palais de tous ceux qu'ils avaient signalés comme des traîtres. La mer réfléchissait les feux de ces incendies.

Les lazzaroni avaient enfin consenti à marcher sous les lois de Moliterni, jeune et vaillant officier qui avait été blessé dans les combats précédens; mais ils ne parurent qu'un moment respecter les ordres sévères qu'il donna pour rétablir quelque discipline. L'armée française était arrivée près d'Aversa, lorsque les lazzaroni se présentent et viennent engager le combat avec tout le courage que peut inspirer une fureur à la fois patriotique et religieuse. Les événemens d'une telle mêlée ne peuvent se décrire; elle dura trois jours entiers, et les Français durent surtout la victoire à leur artillerie. Les lazzaroni étaient enfin rentrés dans la ville, mais avec la résolution de la défendre jusqu'à l'extrémité. Championnet hésitait à donner le signal de l'attaque, parce que tout lui faisait craindre la destruction prochaine d'une ville si populeuse; mais le danger le plus

grand était celui de rester immobile en pré- 1798.
sence de tout ce peuple armé. Un parlemen-
taire envoyé par le général français n'a
point été reçu, et a couru risque de la vie.
Championnet fait attaquer la ville par la
porte de Capoue. En même temps il fait cer-
ner les forts Saint-Elme et de l'OEuf: c'étaient
des troupes réglées qui les gardaient, et des
nobles étaient à leur tête; ils s'en pressèrent
de capituler. Les lazzaroni rugissent en voyant
l'étendard tricolore flotter sur les deux châ-
teaux; rien ne leur fait abandonner la porte
de Capoue. Quand une troupe entière a
disparu sous la mitraille, une autre troupe
la remplace avec intrépidité. Leurs rangs
sont enfin rompus: les Français s'avancent
sur les cadavres amoncelés de leurs enne-

mis;
mais les lazzaroni s'emparent de toutes
les maisons et font pleuvoir, du haut des
fenêtres et des toits, des tuiles, des pier-
res, des vases d'eau bouillante et des ti-
sons enflammés: on est obligé de livrer à
l'incendie toutes les maisons dont ils se sont
emparés. Le soldat français ne s'avance plus
qu'une torche à la main on massacre dans
toutes les rues, on pille dans tous les palais ;
les habitans ne peuvent plus distinguer leurs

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défenseurs de leurs ennemis. Le Vésuve ne pourrait menacer Naples d'une plus terrible destruction. La nuit vient et ne sert qu'à redoubler la fureur du massacre et du pillage. Cependant les Français ont achevé la conquête des deux autres forts qui restent pour la défense de Naples.

Vingt fois le général en chef s'était exposé à tous les dangers pour se faire entendre de la populace furieuse. Il avait recommandé à ses soldats de s'abstenir de tout meurtre inutile. Au troisième jour du combat, on voit quelques lazzaroni s'approcher des vainqueurs, commencer à s'entretenir avec eux, boire ensemble, pendant qu'à côté d'eux se passaient encore les scènes les plus épouvantables. Tout à coup les Français font retentir, avec mille signes de respect et d'adoration, le cri de vive saint Janvier! Les lazzaroni écoutent et font écho à ce nom si vénéré. Leurs chefs profitent de ce moment pour les haranguer. On se mêle, on s'embrasse, on marche ensemble à l'église de Saint-Janvier. Le général en chef fait donner une garde d'honneur à ce saint, devenu le conciliateur des partis. Bientôt il se fonde une république nommée parthénopéenne, et les grands de

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