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dans une forte position, où il était défendu
par les eaux profondes du Volturne. Cham-
pionnet avait divisé son armée en deux corps;
Macdonald se porta avec son ardeur ac-
coutumée sur Arpino et sur Sora, dont il
s'empara sans résistance, et de là sur Gaëte,
la place la plus forte de l'État napolitain, ap-
provisionnée pour un an,
pour un an, défendue
par une
nombreuse artillerie et par cinq mille hommes
de garnison. Elle se rendit en vingt-quatre
heures. Macdonald vint ensuite retrouver le
général Championnet qui s'avançait sur Ca-
poue, et déjà en occupait les avenues. Le gé-
néral Lemoine s'était rendu maître d'Aquila
et Pescara; mais quand sa division et celle
du général Duhesme voulurent pénétrer dans
les Abruzzes et dans l'antique Samium, ils
trouvèrent dans les paysans une résistance
plus dangereuse et plus meurtrière que celle
des timides soldats du roi des Deux-Siciles; la
faux à la main, ces paysans tombaient sur les
Français épars et les livraient au plus barbare
supplice. Dans un pays si favorable aux em-
buscades, ils en dressaient partout, sortaient
de leurs retraites avec d'épouvantables cris, et
après avoir assouvi leur vengeance, ils reve-
naient se cacher dans des lieux inaccessibles.

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1798. Les généraux Duhesme et Lemoine se déterminèrent à ne plus braver le désespoir furieux d'un peuple qui avait si long-temps éprouvé la constance et le courage des vieux Romains; leurs divisions revinrent sous les murs de Capoue.

État des

partis dans la

ples.

Pour expliquer ce qui se passa dans cette ville de Na- ville, il faut nous rendre compte de la situation des esprits à Naples. Malgré l'attachement prononcé du peuple, et surtout des lazzaroni, pour le roi et pour la religion, Naples était de toutes les villes d'Italie celle où le désir d'une révolution se faisait le plus sentir. Les dépenses excessives de la cour étaient depuis long-temps un sujet de murmures pour toutes les classes élevées et moyennes : la présence des Anglais, les fêtes éternelles données à lord Nelson, la faveur dont jouissait lady Hamilton, et la fierté de la reine Caroline, aigrissaient des esprits qui, vifs, subtils, inquiets et présomptueux, accueillaient avec beaucoup de faveur, quoique avec mystère, les nouveautés politiques. La chimère d'une république parthénopéenne, séduisait des savans, des hommes de lettres et des artistes, qui prétendaient sentir couler en eux le sang des vieux Grecs auxquels ils

rapportaient leur origine. Les femmes, et surtout celles qui étaient les plus distinguées par leur naissance et par leur instruction, secondaient avec enthousiasme cet esprit novateur. Les nobles s'effrayaient peu du sort qu'avaient subi les nobles de France. En épousant avec ardeur la liberté, ils se flattaient de n'en avoir rien à craindre. Le peuple était alors si loin de leurs pensées, qu'ils se regardaient comme sûrs de n'être jamais ni entraînés par ses excès ni exposés à ses fureurs. Cette disposition à changer de lois s'était fait sentir jusque dans l'armée. La trahison avait eu autant de part que la lâcheté aux défaites ignominieuses que je viens de rapporter; la trahison seule pouvait expliquer la reddition subite d'une place telle que Gaëte.

Mais, d'un autre côté, les lazzaroni craignaient tout changement qui viendrait les arracher aux délices de leur paresse et de leur fière mendicité. Le roi recueillait dans leur affection et dans leur dévoûment le prix de cette politique qui l'avait attaché particulièrement à cette singulière classe de ses sujets. La reine prit le parti d'irriter le zèle, les alarmes et la fureur de ces demi-sauvages; bientôt elle n'en

1798.

1798. fut plus maîtresse. Toute saine politique, et même toute mesure d'une judicieuse défensive, furent bouleversées par l'intervention furieuse de ces prolétaires. Les effets de la trahison étaient manifestes à leurs yeux; mais ils voulaient voir des traîtres dans tous ceux qui possédaient de grands biens et un grand nom. Ils procédaient comme un peuple agité par une révolution, même en détestant les principes révolutionnaires. Cinquante ou soixante mille hommes de cette espèce, en défendant Naples, pouvaient en devenir les dominateurs. Les nobles, déjà désignés à leurs coups, avaient pour perspective le meurtre, la ruine et l'incendie ; la crainte la plus pressante exaltait ainsi leurs

Reddition de sentimens républicains.

Capoue

aux

Français. Le général Mack était informé, à Capoue, Mack se réfu- de cette situation des esprits dans la capitale ;

gie vers eux.

il n'en avait que trop éprouvé les effets dans son armée, et tout lui faisait craindre des trahisons nouvelles. La position qu'il occupait était inexpugnable avec des troupes plus sûres; mais un seul cri de sauve qui peut! pouvait le livrer à l'ignominie la plus complète. La conduite qu'il tint va paraître bien faible; on peut l'excuser par des circonstances si déplorables. Le roi avait pris le parti de quitter sa capitale,

même avant que le sort de Capoue fût décidé, 1798. et de se retirer dans la Sicile. La reine, son ministre Acton, l'ambassadeur anglais, lady Hamilton, et le victorieux Nelson lui-même, l'accompagnaient dans cette retraite. Des bâtimens anglais mouillés dans le port avaient aidé à transporter les bijoux de la couronne, le trésor de Saint-Janvier, et les antiquités les plus rares d'Herculanum. Ce fut au dernier jour de l'année qu'eut lieu ce déplorable départ. L'aspect en fut effoyable, soit par les cris de désolation des lazzaroni, soit par l'incendie des plus beaux vaisseaux de la flotte napolitaine. C'était le lord Nelson, c'était la politique anglaise qui les avait dévoués aux flammes. On craignait que tous ceux de ces vaisseaux qui ne pouvaient tenir la mer ne vinssent accroître la marine française. L'embrasement du Guiscard, de soixante-quatorze, faisait l'effet d'un volcan allumé sur la mer. L'autorité avait été confiée au prince Pignatelli, nommé vice-roi pendant l'absence du monarque. Ce choix n'était point heureux : ce prince n'avait la confiance ni de l'un ni de l'autre parti qui divisaient ce malheureux État ; il s'entendit avec le général Mack, et le résultat de leurs conférences fut une capitu

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