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1798. tion. Plusieurs de leurs officiers surent jusque dans ces horribles momens s'honorer par des actes d'humanité; d'autres s'arrachaient les cheveux quand ils n'avaient pu empêcher le carnage.

Les massacres de l'Underwalden firent long-temps l'entretien de l'Europe. Dans un moment où la multiplicité des catastrophes venait de toutes parts fatiguer la pitié, il s'ouvrit à Londres une souscription abondante pour réparer les malheurs de ce glorieux canton. Mais ces secours ne purent parvenir dans la Suisse que lorsque les Autrichiens y entrèrent et y apportèrent eux-mêmes une nouvelle cause de calamité. Ce fut pendant les désastres de ce pays que le célèbre Pestalozzi eut la généreuse inspiration de recueillir plus de cent enfans dont les parens avaient été tués, et qui erraient au hasard. Après leur avoir fourni ou procuré des secours, il voulut continuer envers eux l'emploi d'un père dont sa bienfaisance l'avait investi. Il fonda pour eux une école qu'il dirigea par une méthode nouvelle, et ce fut là le commencement de cette institution célèbre qui a fixé les regards de tous les savans de l'Europe.

Les malheurs des Treize-Cantons devenus la

république Helvétique vont continuer et s'accroître, mais en changeant de nature. Ce pays belliqueux ne sera plus, comme la triste. Italie, qu'un champ de bataille où les Autrichiens et les Russes d'un côté, et les Français de l'autre, se combattront avec acharnement. Tandis que des torrens de sang sont versés dans les abîmes et sur les rocs dont on se dispute la triste possession, les Suisses ne forment d'alliance ni avec leurs premiers oppresseurs ni avec des vengeurs qui ne les ménagent point. Leur caractère ne va plus se produire par des actes héroïques, mais par un sombre mécontentement qui inspire des alarmes et un respect involontaire aux vainqueurs et aux vaincus. Tous ces faits d'un admirable désespoir que je viens de rapporter, malgré les désastres qui les suivent, ne seront point perdus pour la cause d'un peuple toujours digne de la liberté. L'horreur des cruautés commises s'est fait sentir au cœur des républicains français eux-mêmes, et va préci-. piter la chute des Directeurs qui les ont ordonnées. Les puissances belligérantes ont déjà compris qu'on ne peut disposer des Treize-Cantons, comme on l'a fait de Venise; ce peuple recouvrera bientôt son indépendance, et ne

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Combats

des Français

la devra qu'à l'admiration qu'il a causée à ses vainqueurs eux-mêmes; seul il sera exempt des fléaux que Bonaparte va répandre sur l'Europe, seul il ne recevra point un roi de la famille du conquérant. Combien les Suisses ne doivent-ils point honorer la mémoire de ces femmes intrépides tuées à Fraübrunen, des compagnons héroïques d'Aloys Reding, et de ces pâtres sublimes de l'Underwalden, qui surent montrer au dix-huitième siècle les vertus sur lesquelles s'appuya leur liberté naissante. Les champs de la Suisse furent pour la cause de la liberté ce que les champs de la Vendée, plus ensanglantés et plus héroïques, furent pour la cause de la monarchie. Jusque dans les siècles les plus amollis ou les plus dépravés, les grandes actions ont un retentissement qui sauve ou qui relève les peuples.

L'Italie va nous offrir à son tour quelques faits où nous verrons le sentiment de l'indépendance nationale se produire avec une même fureur, mais non avec des vertus aussi constantes, aussi fortes.

Nous avons laissé Rome occupée par le roi et des Napoli- de Naples, et l'armée française retirée à Pétains. Reprise rugia; nul désordre n'avait accompagné sa Novembre et retraite. Rome, en changeant de maîtres,

de Rome.

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n'avait fait que changer d'oppresseurs. Le gé-. 1798. néral Mack qui commandait l'armée napolitaine avait si long-temps différé d'attaquer les Français, qu'il avait exalté en eux une confiance que leur retraite même n'avait pu leur faire perdre. Son armée était de quarante mille hommes, et les Français ne lui en opposaient que huit mille. Au lieu d'user des avantages que lui présente une telle supériorité, il divise ou plutôt dissémine son armée en cinq colonnes auxquelles il fait suivre des directions différentes; ce n'était rien pour lui que de vaincre, il fallait vaincre avec méthode et surtout avec les raffinemens les plus subtils de l'art militaire. Toute combinaison simple lui paraissait mesquine. De sa personne il s'avançait sur Civita-Ducale, tandis que ses autres corps traversaient le Tibre sur d'autres points; l'avant-garde française suffit pour le repousser et le jeter dans le plus grand désordre.

Le général Macdonald eut la plus grande part à cet exploit remarquable par l'extrême disproportion des forces. Sous lui s'illustrèrent le général Mathieu et Kellermann, fils du général qui avait repoussé le duc de Brunswick à Valmi. Les colonnes éparses de l'armée napo

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litaines furent si vivement poursuivies, qu'en trois jours huit mille Français firent onze mille Napolitains prisonniers. Une seule de ces colonnes se défendit avec autant d'habileté que de courage; elle dut son salut, et l'on pourrait ajouter sa gloire, à un émigré français, au comte Roger de Damas qui la commandait ; celui-ci se voyant coupé de l'armée napolitaine, résolut de s'ouvrir de force le passage à travers les rangs des Français vainqueurs; il engagea une action assez vive; une blessure grave qu'il y reçut ne lui fit pas quitter le champ de bataille; il parvint enfin à Orbitello, et par une capitulation digne de son beau fait d'armes, il obtint de pouvoir s'embarquer avec toutes ses troupes, en laissant seulement son artillerie.

Le général Mack, après avoir mis à une si fâcheuse épreuve le courage de ses troupes, n'osa plus tenir dans Rome. Déjà le roi des Deux-Siciles s'en était éloigné, et s'était retiré dans son château de Caserte. Rome, fatiguée des Napolitains, reçut les Français avec indifférence. Ils s'y arrêtèrent peu; ils avaient à continuer la poursuite de l'armée napoli taine. Mack, après avoir changé son camp de jour en jour, s'était retranché à Capoue

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