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1798.

fit son entrée triomphante à Rome; alors les Transtévérins et la plupart de ceux qui s'étaient honorés par leur fidélité firent une guerre implacable aux partisans des Français; ils étaient poursuivis et emprisonnés sous le nom d'athées et de Jacobins. Les maisons de plusieurs absens furent démolies. Le roi Ferdinand parvint pourtant à faire cesser ces premières fureurs de la vengeance; mais il ne put réprimer chez les soldats un esprit de rapine qui leur fit renouveler dans Rome les mêmes excès dont ils se prétendaient les vengeurs. Ce qui restait de l'or de l'Église ne fut pas même épargné. Les Français avaient vu avec quelque dépit ces magnifiques peintures à fresque qu'ils ne pouvaient transporter dans leur patrie; ils avaient du moins respecté ces chefs-d'œuvre de Raphaël : les galeries du Vatican subirent les outrages du sabre napolitain.

D'autres événemens nous rameneront bientôt sous les murs de Rome, et nous conduiront rapidement jusqu'à Naples; mais pour ne point perdre le fil que je tâche de suivre à travers une si vaste désolation et une anarchie si compliquée je vais examiner un moment l'état politique de la république cisalpine;

déjà il était tel, que la république romaine, 1798. dont je viens de peindre les misères, n'avait presque rien à lui envier.

Républi

que cisalpine.

tion.

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1798.

Dès que Bonaparte se fut éloigné des murs de Milan, les républicains nouveaux qu'il Brusques changemens avait créés dans la Lombardie s'efforcèrent de constitude fortifier leur liberté par quelques sentimens d'indépendance nationale; ils tendaient surtout à se délivrer des tributs que l'indigence avare du Directoire ne cessait de lever sur eux; leurs remontrances furent vaines; dans leur humeur, ils refusèrent d'accepter je ne sais quelle constitution que Bonaparte leur avait laissée en partant: ils élevèrent aux premières magistratures des démocrates fort exaltés et même dangereux. Le Directoire choisit pour les réprimer un jeune homme qui avait signalé un courageux esprit d'opposition contre les Jacobins de France, et qui, depuis, a montré le zèle le plus constant et le plus pur pour la restauration. Le nouvel ambassadeur, Trouvé, agit en maître dans la république cisalpine. Il cassa une constitution extrêmement démocratique que les Cisalpins avaient osé se donner, et il en substitua une autre qui venait d'être improvisée. Les démocrates cisalpius avaient

1798. fait craindre une violente opposition. Quelques uns furent arrêtés; un d'eux s'avisa d'aller enterrer solennellement la constitution, objet de ses regrets; d'autres plus habiles eurent recours au général français Brune, qui se, déclara le protecteur du parti démocratique, fit rappeler Trouvé, et se concerta avec le nouvel ambassadeur, le conventionnel Fouché, pour rendre la vie à la constitu tion qu'on venait d'inhumer. Le Directoire s'emporta contre ces nouveaux mandataires, et bientôt un nouvel ambassadeur, Rivaut, cassa encore une fois la constitution démocratique. Les magistrats ne faisaient que passer tour à tour des emplois dans la prison et de la prison dans les emplois.

Révolution

du Piémont.

Cependant cette république cisalpine ainsi 1798 et 1799. dégradée et mutilée dans son berceau, et la république ligurienne livrée aux mêmes révolutions, au même avilissement, étaient des objets d'épouvante pour leur faible voisin le roi de Sardaigne; mais c'était surtout le Directoire de France qui entretenait dans les États de ce malheureux prince une insurrection permanente tant un roi était odieux à des magistrats régicides.

Charles-Emmanuel IV était monté depuis

un an sur un trône déjà miné par le fatal traité 1798. de Turin. Bonaparte, dans sa politique, avait témoigné quelque affection à ce nouveau souverain; il estimait, sans les craindre, les troupes piémontaises; et il aurait attaché quelque prix à s'aider d'un tel renfort dans la grande expédition, qu'au commencement de 1797 il dirigeait contre les provinces de l'Autriche. J'ai dit qu'avant de tenter ce puissant effort, il avait conclu avec le roi de Sardaigne un traité d'alliance offensive par l'entremise du comte de Saint-Marsan. Le Directoire, pour la première fois, osa ne point ratifier un traité dicté par l'ambitieux général; les motifs du refus n'étaient que trop évidens: le Directoire avait résolu de détruire une monarchie voisine que ses alliances avec la maison de Bourbon lui rendaient odieuse. Que fallait-il maintenant pour s'emparer du fertile Piémont? Une perfidie voilée par l'arrogance. La paix de Campo-Formio, vrai fléau de l'Italie, était aussi menaçante pour le Piémont qu'elle venait d'être funeste pour Rome. Charles - Emmanuel, aidé d'un vigilant et courageux ministre, Priocca, se défendait contre la rébellion avec autant de force et de bonne foi que s'il n'en avait pas vu les

1798. feux allumés par le cabinet du Luxembourg; il ne craignit pas de donner des exemples de sévérité. Quelques Piémontais, parmi lesquels on comptait un littérateur estimé, furent conduits au supplice; deux Français qui étaient au service de la république cisalpine, expièrent aussi par la mort, des tentatives

d'insurrection.

L'ambassadeur de France auprès de cette cour était M. Ginguené, homme de lettres d'un caractère honorable, fait pour les travaux paisibles qui lui ont obtenu une juste considération, mais qui paraissait charmé d'étaler devant un roi la fierté républicaine. Sa mission était appuyée par les généraux Brune et Joubert, et par plusieurs milliers de Français que la paix de Turin avait rendus maîtres de quelques unes des forteresses du Piémont. Il s'indigna du supplice de deux Français, et couvrit d'une protection assez déclarée tous les autres rebelles ceux-ci s'étaient réfugiés dans les républiques cisalpine ou ligurienne. Leur nombre se grossissait chaque jour; car on voyait derrière eux le Directoire de France. Les nouveaux magistrats de Gênes, afin de les seconder plus ouvertement, déclarèrent la répu

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