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« être inspirés à toutes les voix qui se font 1798. <<< entendre aux hommes, au nom du ciel et << au nom de la nature, et dans ces lieux où « vous régnez, au milieu des plus étonnans phénomènes du ciel et de la terre; sur ce « sol, magnifique amas de débris entassés par «<les révolutions du globe, à côté de ces vol<< cans dont les bouches, toujours ouvertes et toujours fumantes, font penser aux laves « qu'ils ont vomies et qu'ils vomiront encore. << Il me semble, sire, que, sous quelque nom qu'on vive, sous celui de républicain, ou << sous celui de roi, on doit être impatient << de signaler, par quelque bien durable fait << aux hommes, une existence si fugitive et << si incertaine. »

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Le roi Ferdinand, peu versé dans les pompes du style oratoire, ne sut que ré ́pondre au nouveau Pythagore. L'ambassadeur se présenta ensuite à la reine, et l'entretint long-temps des institutions bienfaisantes de ses deux frères, l'empereur Joseph et le grand-duc Léopold, qu'il semblait agréger de sa propre autorité à l'école philosophique; du reste, on ne tarda pas à s'apercevoir à la cour de Naples, que le choix d'un ambassadeur obstiné à voir toujours les choses

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1798.

telles qu'il les désirait, était assez commode pour avancer des préparatifs de guerre. On se gêna peu avec lui, et l'armée napolitaine fut portée jusqu'à plus de soixante mille hommes. Garat cependant avertissait le cabinet du Luxembourg de ces préparatifs, et se moquait de l'apparence peu martiale des nouvelles troupes. L'événement prouva bientôt que ses mépris étaient assez légitimes. L'Autriche s'était dès lors déterminée à la guerre, et la Russie levait une des plus formidables armées qui fussent encore sorties des glaces du Nord. L'expédition d'Egypte, dont il n'est point encore temps de suivre le vaste et imposant tableau, avait donné dans la Turquie un ennemi de plus à la France. La rapide conquête de l'île de Malte avait causé un moment de stupeur parmi les puissances chrétiennes; mais l'effroi diminua quand on connut le marché infâme qui avait amené la chute de ce glorieux débris des croisades. Bientôt les puissances liguées s'abandonnèrent à des transports de confiance et d'allégresse quand elles connurent la victoire remportée par l'amiral Nelson dans la rade d'Aboukir, et la destruction de la flotte qui avait transporté Bonaparte en Égypte. On

se plut à supposer que l'un des plus grands 1798. événemens des fastes maritimes pourrait, comme la bataille d'Actium, changer les destins du monde.

L'enthousiasme était déjà très vif à la cour de Naples, lorsque Nelson parut dans le port pour y venir réparer les dommages de sa flotte victorieuse. La présence de l'ambassadeur français ne put empêcher les transports qui éclatèrent à la vue de l'heureux amiral; il reçut à Naples les pompeuses prémices du triomphe qui l'attendait à Londres; le lord Hamilton était alors ambassadeur d'Angleterre à la cour de Naples. Je ne sais quel entraînement de passion ou quel délire de volupté lui avait fait épouser une femme dont la jeunesse s'était à peu près passée comme celle de madame du Barri, et qui joignait aux dons de la beauté la plus rare le talent d'en rehausser et d'en varier les effets par des attitudes qu'elle empruntait aux chefs-d'œuvre de l'art statuaire. Cette Cléopâtre de la Tamise conçut bientôt le projet de subjuguer le vainqueur d'Aboukir, et n'y réussit que trop. Bientôt on vit unis dans une même exaltation guerrière le lord Hamilton, sa femme, le ministre Acton qui, né Anglais, était porté à

1798. s'exagérer les effets de la victoire de son compatriote. La reine Caroline n'eut aucune peine à entraîner son époux.

On parla hautement de marcher sur Rome, et ce n'était pas là le terme des conquêtes dont on se flattait. Le roi Ferdinand, dont les intelligences avec la cour d'Autriche n'étaient point nouvelles, lui avait demandé pour commander ses troupes un des généraux autrichiens les plus renommés. L'empereur avait cru faire au roi de Naples le présent le plus précieux en lui envoyant le général Mack. C'était à lui qu'on rapportait l'honneur des plans de campagne du prince de Cobourg dans cette année de 1793 qui fut la plus glorieuse pour les armes de l'Autriche. Presque seul il paraissait affranchi de cet esprit de routine qui empêchait tant d'autres généraux de se former à l'école de leur vainqueur; il s'exprimait avec facilité, et surtout avec une présomption qu'on croyait justifiée par le génie. Le plan qu'il avait conçu était hardi et surtout ambitieux; il avait donné au front de son armée une étendue considérable, afin d'envelopper toute l'armée française qui occupait l'État romain; il ne rêvait plus que des

Fourches Caudines.

Prise de Rome par les

Ce fut le 25 novembre que l'armée napoli- 1798. taine se mit en marche. Les principales divisions étaient conduites par le prince hérédi-Napolitains. taire, par le général Colli et par le comte Roger de Damas, émigré français doué d'une brillante valeur. Je me garderai bien de les suivre dans leurs divers points d'attaque;" ces détails militaires seraient ici fort oiseux. Le général Championnet, qui commandait l'armée, n'avait autour de lui que dix mille hommes. Il vit le danger d'être coupé de la république cisalpine, et pour le prévenir il ne craignit pas d'abandonner momentanément l'illustre et malheureuse ville que les Français étaient si fiers d'occuper. Ce fut à Perugia qu'il réunit ses divisions éparses, et la retraite ne lui coûta presque aucun prisonnier. Les consuls, les sénateurs, les tribuns et les édiles de la Rome nouvelle se hâtèrent d'éviter le courroux des Napolitains, et gagnèrent avec précipitation le refuge qu'ils pouvaient trouver encore auprès du général français; mais la fuite n'avait pas encore été permise à tous ceux des Romains qui avaient pris, soit par l'esprit républicain, soit par l'esprit de brigandage, une part active à l'oppression de leur patrie. Le 29 novembre le roi Ferdinand

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