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1798.

Misère de la république

romaine.

à Pie VII les restes vénérés de son prédécesseur, et Pie VII devait être captif à son tour, et captif de Bonaparte.

Revenons maintenant à ce peuple orphelin, qui voit combler son avilissement et sa misère sous le nom de république romaine. Pour apprentissage de liberté, on le fait presque tous les jours assister à des saturnales qui finissent par le pillage des églises, des palais, et souvent même des maisons particulières. Le Romains ont vu une hideuse et à jamais déplorable cérémonie, à laquelle quatorze cardinaux ont assisté, et ont semblé remercier le ciel des malheurs de leur souverain et du chef spirituel qui fut leur bienfaiteur : leur lâcheté a indigné tous les autres princes de l'Église. On poursuit les cardinaux fidèles jusque dans les maisons de campagne où s'est réfugiée leur douleur : on y porte le fer et la flamme. La villa Albani, l'un des plus délicieux séjours de cette contrée, fut dévastée à tel point, qu'il n'y resta pas un arbre. Le cardinal Albani a le bonheur d'échapper à ceux qui le poursuivent, et de gagner le territoire de Naples. Le cardinal d'Yorck, dernier reste de la maison des Stuarts, est assailli dans sa vieillesse des malheurs qui sont l'éter

nel partage de sa famille ; la fuite du moins le 1798. sauva de la prison ou du supplice. Les cardinaux Mathei, Doria, Borgia, Antonelli, et le cardinal Maury, et un grand nombre d'autres, expient, par leur ruine et par l'exil, le refus qu'ils ont fait de déposer leur dignité. Rome n'est plus qu'un marché hideux, où roulent, dans un perpétuel encan, les dépouilles de l'Église; et ces biens, qui servaient autrefois aux abondantes largesses de la charité, on les a confisqués comme biens nationaux, ou biens d'émigrés. Les artistes eux-mêmes sont soumis à d'avares rançons, chaque fois qu'on les a soupçonnés d'un attachement honorable pour le souverain exilé. La république romaine n'offre qu'une ignoble parodie de la République altière et misérable dont elle est l'esclave. On l'a divisée en huit départemens; il est vrai que les consuls ont été rendus à Rome, mais pour lui faire sentir combien tout doit différer des jours de sa gloire antique, ces consuls lui sont imposés au nombre de cinq: c'est un directoire satellite qu'épouvante un caporal français. Le sénat et le tribunat même ne renaissent que pour river les fers de leur patrie ; si leur complaisance se lasse, on les chassera.

II.

I I

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Révolte de

L'armée française s'indigne elle-même de

l'armée fran servir d'instrument à de lâches concussions çaise contre qu'elle a nommées brigandages; elle s'irrite

son

Masséna.

1798.

surtout contre son nouveau général Masséna, et cesse de voir en lui l'homme des victoires. Elle refuse de lui obéir, et cette résolution lui est signifiée par un conseil d'officiers. Masséna fait de vains efforts pour rappeler les soldats à la discipline; il est obligé de quitter Rome.

Insurrection Les Romains ont souri à ces signes de disdes Romains corde qui se montrent parmi leurs oppres

réprimée.

seurs; ils osent penser à leur affranchissement, et se confient à leur indignation, à leur courage; le premier signal a été donné dans la campagne de Rome. Tandis que les Français s'ébranlent pour réprimer cette révolte, les habitans du faubourg de Transtévère, ceux dans lesquels on croit que coule encore le sang des Romains, et qui du moins en reproduisent les nobles traits, fondent sur les Français; ils avaient espéré les trouver désunis; mais le danger les rallie. Les soldats opposent la force de leur discipline à une troupe qui n'a pour guide qu'une aveugle fureur. Le général Vial a mis en fuite les Transtévérins; c'est l'impétueux Murat qui pour

suit, avec la cavalerie, les insurgés de la 1798. campagne. Après un vain effort de courage, tout va rentrer dans un ordre servile; c'est maintenant de Naples que Rome attend sa délivrance.

prépare à la

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Le Directoire, pour opprimer avec plus Naples se de sûreté ce qu'il appelait la république ro-guerre. maine, s'était attaché à contenir, par des égards et des promesses, cette cour de Naples, qui déjà avait cédé à la terreur de nos

armes.

L'ex-ministre Garat fut nommé ambassadeur auprès de cette cour; comme on lui connaissait un esprit capable de recevoir et d'embellir toutes les illusions, on avait jugé que des protestations de paix auraient plus de force dans sa bouche, parce qu'il pourrait y mettre de la sincérité. Un tel choix pourtant ne devait point être agréable à la reine, qui connaissait tous les détails des catastrophes de notre histoire, et se souvenait sans doute que l'ex-ministre Garat avait été forcé, par l'emploi qu'il remplissait alors, de venir lire à Louis son arrêt de mort. Garat crut pouvoir réunir, dans cette mission difficile, un certain faste républicain et philosophique avec des égards qu'on ne montrait plus guère

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aux souverains; il voulut donner un grand effet à sa présentation dans cette cour. La diplomatie ne se colora jamais d'un langage plus pompeux et plus fleuri. On peut en juger par ce fragment assez curieux;

« Ce n'est point parce qu'il m'a vu errer « sous les portiques de la faveur ou de l'am<«< bition, que le Directoire a pu faire tom<< ber sur moi son choix pour cette mission «<extraordinaire. Je n'ai guère vécu que dans « le silence des campagnes, dans les lycées <«<et sous les portiques de la philosophie, et « lorsque les révolutions et une République << m'envoient auprès de votre majesté, chargé « d'une mission qui peut être utile à plu<«<sieurs peuples, l'imagination rappelle ces << temps de l'antiquité où, du milieu des ré«<< publiques de la Grèce, des philosophes, <«< qui n'avaient un nom que parce qu'ils sa<< vaient penser, venaient, sur ces mêmes «< bords, sur ce même continent, dans ces « mêmes îles, apporter leurs vœux pour le << bonheur de l'espèce humaine. Plusieurs y << firent du bien; tous voulurent en faire. Je << ne puis pas former d'autres voeux, et je n'ai << pas reçu d'autre mission du Directoire de «la République française. Ces voeux doivent

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