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à leurs dans la Chartreuse de Florence. 1798. Ne le voyait-on pas jusque dans les fers défendre encore aux prêtres de prêter le serment de haine à la royauté, publier des brefs où respirait une éloquence digne de ses malheurs et de sa sainteté ?

Arrivée

en France de

sonnier.

Le Directoire ne vit plus pour Pie VI de prisons assez sûres que dans la France; il Pie VI, prifaut partir, il faut qu'un vieillard octogénaire, conduit de brigade en brigade, dans les gîtes souvent les plus incommodes, traverse les Apennins et les Alpes *. Dans toutes

*

Voici le tableau des cruelles migrations de Pie VI, depuis Rome jusqu'à Valence :

Enlevé de Rome le 20 février (mardi gras ) 1798, et conduit à Monterosi;

Le 21 à Viterbe;

Le 22 à San-Lorenzo-Nuovo, village bâti par les soins de Pie VI;

Le 23 à Ridecofani;

Le 24 à San-Quirico;

Le 25 à Sienne, où il resta jusqu'au 25 mai 1798, c'est-à-dire trois mois ;

Le 25 mai, transporté au château des seigneurs Gallerani, puis à celui des seigneurs Sergardi, où il séjourna jusqu'au 2 juin ;

Le 2 juin conduit à San-Cassiano, près de Florence, au monastère des Chartreux, où il fit une station de neuf mois vingt-cinq jours, jusqu'au 27 mars 1799 i

1798. les villes où l'on craint le plus la piété des fidèles, on le fait arriver de nuit. Cet horrible voyage fut extrêmement prolongé, parce que souvent on rebroussait chemin à cause des partis russes ou autrichiens qui déjà s'avançaient au-delà du Pô. C'est sur un brancard grossier et soutenu par des sangles qu'on lui fait descendre des monts escarpés: rien n'altère sa sérénité. Sans doute il avait craint de trouver en France le genre de supplice le plus cruel pour son cœur, le spectacle des débordemens de l'impiété; mais

Le 27 mars 1799, on le traîne pendant la nuit aux
Maschères ;

Le 28 mars à Scaria-l'Asino; le 29, jour de repos;
Le 30 à Bologne ;

Le 31 à Modène;

Le 1er avril à Parme jusqu'au 13 du même mois ;
Le 13 à Borgo San-Donnino;

Le 14 à Plaisance jusqu'au 16;
Le 16 à Castello San-Giovanni;
Le 17 à Voghera ;

Le 18 à Tortone;

Le 19 à Alexandrie jusqu'au 21;
Le 21 à Casal de Mont-Ferrat;

Le 22 à Crescentina;

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Le 23 à la citadelle de Turin jusqu'au 25;

Le 25 à Suze jusqu'au 27;

Le 27 à Oulx, dernière bourgade du Piémont du

c'est ici que l'attend une consolation, une 1798. joie inespérée. A peine a-t-il passé la citadelle de Briançon, où on l'a tenu quelques jours enfermé, que les flots de fidèles viennent de toutes parts donner à la marche du captif l'aspect d'une marche triomphale. C'est tout un peuple à genoux qui lui demande sa bénédiction; il entend des paroles pleines de ferveur, et surtout de repentir. Il voit que son martyre vient achever en France ce qu'a commencé le martyre de Louis XVI,

côté de la frontière de France; Pie VI y reste jusqu'au 30;

Le 30 il est conduit en France, à Briançon, où il séjourne jusqu'au 27 juin ;

Le 27 juin conduit à Saint-Crépin;

Le 8 à Savine;

Le 29 à Gap jusqu'au 2 juillet;

Le 2 juillet à Corps ;

Le 3 à Lamure jusqu'au 5;

Le 5 à Vizille;

Le 6 à Grenoble jusqu'au 10 juillet;

Le 10 à Tullins;

Le 11 à Saint-Marcellin jusqu'au 13;

Le 13 à Romans;

Le 14 juillet 1799 à Valence, où, après un séjour de quarante-cinq jours, suivi d'une maladie de dix jours, il mourut dans la nuit du 28 au 29 août 1799.

1798.

et il répète avec attendrissement ces paroles du Seigneur : En vérité, je vous le dis, je n'ai pas trouvé autant de foi dans Israël. Les villes ne démentaient point l'exemple des campagnes: Gap, Vizille et Grenoble même, d'où était parti le premier signal de la révolution, se distinguèrent par une piété courageuse. Il y eut même des délégués du Directoire qui montrèrent les plus nobles égards pour le Saint-Père. Les soldats s'étonnaient de la puissance mystérieuse d'un prisonnier devant lequel s'inclinaient des milliers d'hommes, et ne sachant comment réprimer ces transports, finissaient souvent par les partager. Le Directoire s'était vengé en éloignant du Saint-Père tous ceux des amis et des courageux serviteurs qui s'étaient dévoués à le suivre dans l'exil*: on ne lui laissa que son confesseur. Bientôt le cabinet du Luxembourg ne put supporter que le pape séjournât plus

C'étaient Mer Spina, Mgr Caraccioli, M. Marotti, son secrétaire; le P. Pie de Plaisance, mineur réformé, son chapelain; le P. Fantini, son confesseur; MM. Calvesi et Morelli, camériers; son chirurgien, un dentiste, et vingt autres en tout trente-cinq personnes. Ces fidèles serviteurs avaient suivi le pape de puis Florence.

long-temps dans la ville de Grenoble : Valence fut son nouvel exil.

1798.

Mort de

La santé du vieillard succombait enfin sous des fatigues si prolongées; l'on allait le faire Pie VI. partir pour Dijon, lorsque les médecins annoncèrent qu'il touchait au moment suprême. Le 29 août 1799, Pie VI, après avoir reçu des mains de l'archevêque de Corinthe le saint viatique, et après avoir levé au ciel ses mains défaillantes pour bénir encore une fois ses geôliers, reçut, au sortir d'un paisible sommeil, la palme céleste. Pie VI était âgé de quatre-vingt-un ans huit mois deux jours. Son pontificat, le plus long qu'eût vu la chrétienté, avait duré vingt-quatre ans, et son martyre en avait duré deux. Ce fut un souverain plein de noblesse et judicieusement passionné pour le bien public: il avait vu le naufrage de la foi; par ses souffrances et ses vertus évangéliques, il en fut le restaurateur. Le Directoire avait permis que son corps fût embaumé ; mais on craignit que les fidèles n'y vissent les reliques d'un saint. Le corps embaumé resta plus de deux ans, comme sous le séquestre, dans la ci-devant chapelle du Gouvernement, suivant les expressions du Directoire. Bonaparte, premier consul, rendit

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