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député Gilbert-Desmolières, arrêté deux mois après le 18 fructidor, chez un ami qui lui avait donné asile, survécut peu à ses collègues. Job Aimé, qui avait été transporté à la Guiane sur un nouveau bâtiment, après une assez longue épreuve des horreurs de ce séjour, s'échappa avec Perlet, propriétaire d'un journal, et avec un prêtre nommé Parisot; le vaisseau qui les avait reçus, fit naufrage sur les côtes de l'Écosse. Parisot périt dans les flots avec une partie de l'équipage. MM. Barbé-Marbois et Lafond-Ladebat purent seuls résister à cette horrible captivité, et ce fut Bonaparte qui les tira de l'exil où ils avaient déployé les plus mâles vertus.

De mois en mois, des vaisseaux mettaient à la voile pour transporter de nouvelles victimes à Sinnamari. Ces vaisseaux étaient presque uniquement chargés de prêtres qui avaient refusé le serment de haine à la royauté, et qui avaient osé encore exercer leur saint ministère en présence des autels fort décriés de la farouche théophilanthropie. Quoique La Réveillère-Lépeaux eût pu faire, il ne comp tait, pour sectateurs du nouveau culte, que des Jacobins désoeuvrés; les hymnes qu'il composait, étaient chantés par des femmes

1797.

1797. qui avaient pris part aux saturnales les plus sanglantes et les plus hideuses de la révolution; leur emploi principal était de découvrir et de dénoncer des prêtres fidèles au culte catholique. La plupart des prêtres qu'on déporta étaient d'un âge avancé, et quelques uns d'un âge caduc; ils étaient destitués de tout secours; les dons de la charité leur parvenaient difficilement, et n'étaient pas toujours remis en des mains sûres. On choisit pour eux, dans la Guiane, un canton encore plus malfaisant que les bords du Sinnamari ; ils n'avaient guère à se servir de la bêche qu'on remettait à leurs faibles mains, que pour creuser leur tombe. Ces nouveaux pères du désert faisaient retentir leur Thébaïde de chants religieux; leur martyre fut plus long, plus horrible peut-être, mais aussi bien sanc tifié que celui de leurs frères qui avaient été massacrés dans les églises des Carmes et de Saint-Firmin. Sur trois ou quatre cents qui avaient été déportés, la journée du 18 brumaire put à peine en sauver huit ou dix.

FIN DU LIVRE CINQUIÈME.

1798.

LIVRE SIXIÈME.

La paix de Campo-Formio n'avait rien d'ho

État de

la République

de Campo

1798.

norable pour la République française; car elle après la paix était souillée par la vente de Venise; et ce- Formio. pendant ce nom de paix jetait quelque lustre passager sur le règne à la fois violent et anarchique du Directoire. « Sans la journée du «18 fructidor, disaient les amis du gouverne<< ment, l'Autriche, qui se confiait aux efforts << des royalistes de l'intérieur, n'eût jamais <«< consenti à la paix ; elle l'a signée en les voyant << proscrits. » L'empereur n'avait stipulé qu'en son nom il restait à traiter avec le Corps germanique, qui, par la cession de la rive gauche du Rhin, se voyait dépouillé de plusieurs États : les négociations allaient s'ouvrir à Rastadt; elles seraient longues, car il s'agissait de nouveaux partages, de nouveaux démembremens. La France s'était obligeamment offerte à procurer à l'Autriche de nouvelles indemnités en Allemagne ; ce qui semblait menaçant pour la Bavière. D'abord,

1798. Bonaparte avait été nommé pour conduire ces négociations; mais l'ennui vint le saisir dès qu'il fut arrivé à Rastadt. Le dépit, à défaut du repentir, devait se faire sentir à ce général, qui, par ses ordres du jour, avait, en quelque sorte, donné le signal du 18 fructidor. Le Directoire se montrait à lui avec un nouveau degré de puissance. Au lieu d'un pouvoir déterminé et borné, ce gouvernement, par ses attentats sur la constitution, s'était emparé d'une véritable dictature: il est vrai qu'il inspirait une haine générale, mais cette haine n'était point encore du mépris; on tremblait de l'offenser.

Mort du gé

Des rumeurs sinistres avaient circulé sur néral Hoche. la mort du général Hoche: cet ambitieux

Sept. 1797.

général, qui le premier avait tenté une agression contre les deux Conseils, se plaignait d'avoir été abandonné et joué par le Directoire. Depuis quelque temps, il était livré à un état de langueur qui donnait de sérieuses inquiétudes pour sa vie. La nouvelle des événemens de la journée du 18 fructidor lui causa d'abord la joie la plus vive, et il s'écria qu'elle suffisait pour sa guérison; mais, peu de jours après, il parut vivement ressentir le dépit de n'avoir pas été mis à la

tête de l'armée qui avait opéré cette révolu- 1798. tion: on prétend qu'il s'exprima sur le Directoire dans les termes les plus courroucés et les plus injurieux. Ce jeune général, qui, après de grands faits militaires, ne paraissait encore que préluder à sa gloire, mourut, le 16 septembre 1797, dans la trente-troisième année de son âge. Pendant sa maladie, il avait dit plusieurs fois qu'il mourait empoisonné, et les médecins, à l'ouverture de son corps, avaient cru reconnaître les traces du poison. Ce furent les plus fougueux révolutionnaires qui répandirent les premiers le bruit que le poison avait été versé par l'ordre du Directoire, et les royalistes ne furent pas fâchés d'avoir à imputer un crime de plus aux triumvirs qui avaient déporté Pichegru; mais cette imputation est dénuée de toute vraisemblance : la maladie de Hoche avait commencé plusieurs jours avant le 18 fructidor, et le Directoire ne voyait alors en lui que son plus ardent défenseur.

Arrivée de Bonaparte

Cependant les soldats républicains songeaient peu à ressaisir, pour leur compte, la Paris. victoire qu'ils avaient donnée à d'insolens triumvirs: la paix les tenait isolés, et ils ser

a

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