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représentations, le Conseil des Anciens voulait procéder à un examen détaillé; mais le Directoire, par de nouvelles menaces, décida la majorité.

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des deux tiers

Pour que rien ne manquât à la violence et Banqueroute à l'opprobre de cette révolution nouvelle, le sur les rentes. Directoire et les deux Conseils mutilés, devenus ses esclaves, eurent la stupide infamie de la sceller par la banqueroute envers les créanciers de l'État. Elle fut des deux tiers du capital, et on eut l'impudence de nommer ce qui restait le tiers consolidé : la même réduction eut lieu pour toutes les pensions payées par l'État. Le Directoire punissait ainsi Paris de sa tristesse au 18 fructidor, et par une lâche ironie il prétendait avoir affermi la position des rentiers, et s'être acquis des droits à leur reconnaissance. La révolution n'avait été appelée que pour prévenir la banqueroute, et voilà le résultat où elle arrivait après la dissipation de cinq ou six milliards de capital.

bannissement

Une mesure plus odieuse encore que cette Projet de infâme banqueroute fut annoncée comme un des uobles. digne complément de la journée du 19 fructidor. Il s'agissait d'une loi d'exil pour tous les nobles et anoblis, en exceptant le fort petit

1797.

nombre de ceux qui remplissaient des emplois civils ou militaires dans la République, ou qui pouvaient fournir des gages éclatans

de leur civisme. Leurs biens eussent été mis à la disposition du gouvernement, qui, après les avoir vendus et en avoir converti le produit en marchandises, eût bien voulu en faire parvenir une pacotille aux émigrés bannis. Ceux qui eussent refusé de partir pour la terre étrangère eussent été condamnés à la dépor~ tation au-delà des mers. Les femmes n'eussent été exceptées que sous la condition d'épouser un plébéien à la faveur du divorce: une telle loi condamnait à toutes les horreurs de l'exil et de la misère trois ou quatre cent mille individus, dont les deux tiers étaient des vieillards, des femmes et des enfans. Elle surpassait en violence les décrets les plus barbares de quelques cités de la Grèce ancienne et de l'Italie moderne, rendus dans la plus grande fureur des guerres civiles. Elle était l'ouvrage d'un homme dont on prétendait que le génie législatif surpassait celui des Lycurgre, des Solon, des Numa, autant que la civilisation moderne surpasse celle des premiers peuples: de l'abbé Syeyès. Déjà il avait pris une part très active aux proscriptions du 18 fruc

tidor ; mais celle-ci lui appartenait tout entière. Il avait voulu montrer combien le Directoire était au-dessous de ses idées transcendantes. M. Boulai de la Meurthe consentit à être le rapporteur de cette proposition, et peu s'en fallut qu'elle ne fût d'abord adoptée avec enthousiasme par le Conseil des Cinq-Cents; mais Barras était noble: il sentit qu'une telle loi, même en l'exceptant, ne le laisserait pas long-temps dans le pouvoir; des dames nobles affluaient à sa cour; M. de Talleyrand avait tout à craindre; Bonaparte lui-même n'eût pas été exempt d'alarmes. Madame de Staël, qui déjà avait gémi des proscriptions de la journée du 19 fructidor, fut révoltée de l'odieux projet contre les nobles. Madame Tallien usa encore une fois du pouvoir d'intercession qui lui avait fait réparer tant de maux après le 9 thermidor. Un cri général s'éleva le lendemain contre un projet qui semblait avoir été trouvé dans les cartons de l'affreux Comité de Salut public. Le rapporteur lui-même s'effraya de la proposition à laquelle il avait servi d'organe, et la commission ne proposa plus que d'ôter les droits civiques aux nobles ou anoblis avec diverses exceptions. Cette dernière mesure fut adoptée par les deux Conseils.

1797

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de

sur

Pichegru n'était point encore embarqué pour Cayenne, lorsqu'il reçut un coup plus cruel pour son cœur, que l'arrêt de sa déportation; c'était son élève, son ami; c'était Moreau qui le lui portait. Nous avons vu que ce général s'était abstenu d'imiter l'exemple de ses deux émules, Hoche et Bonaparte, et que par un louable silence il avait respecté l'indépendance et l'autorité des deux Conseils. Quelle fut la stupeur du parti frappé par la révolution nouvelle, lorsque le Directoire publia les lettres suivantes! La première était une lettre que Moreau avait écrite, le 19 fructidor, au directeur Barthélemy, dont il ignorait ou paraissait ignorer la déportation; la voici :

« J'étais décidé à ne donner aucune publication à cette correspondance, puisque, la paix étant présumable, il n'y avait plus de danger pour la République, d'autant que tout cela ne faisait preuve que contre peu de monde, puisque personne n'était nommé.

<< Mais voyant à la tête des partis qui font actuellement tant de mal à notre pays, et jouissant, dans une place éminente, de la plus grande confiance, un homme très com

promis dans cette correspondance, et destiné à jouer un grand rôle dans le rappel du prétendant qu'elle avait pour but, j'ai cru devoir vous en instruire, pour que vous ne soyez pas dupe de son feint républicanisme, que vous puissiez faire éclairer ses démarches, et vous opposer aux coups funestes qu'il peut porter à notre pays, puisque la guerre civile ne peut être que le but de ses projets.

« Je vous avoue, citoyen Directeur, qu'il m'en coûte infiniment de vous instruire d'une telle trahison, d'autant que celui que je vous fais connaître a été mon ami, et le serait sûrement encore s'il ne m'était connu.

« Je veux parler du représentant Pichegru; il a été assez prudent pour ne rien écrire; il ne communiquait que verbalement avec ceux qui étaient chargés de la correspondance, qui faisaient part de ses projets et recevaient les réponses....

<< Le grand mouvement devait s'opérer au commencement de la campagne de l'an Iv. On comptait sur des revers à mon arrivée à l'armée, qui, mécontente d'être battue, devait redemander son ancien chef, qui alors aurait agi d'après les instructions qu'il aurait reçues. « Il a dû recevoir neuf cents louis pour le

1797.

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