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grantes dont ses nationaux eussent à souffrir, l'Envoyé pourrait en provoquer le redressement, en demandant que le gouvernement rappelât les juges à l'exécution impartiale de la loi. A plus forte raison si c'était la loi elle-même qui violât les stipulations d'un traité, ou qui en interprétât abusivement les clauses, le ministre devrait réclamer d'office contre son application, jusqu'à ce qu'elle fût rapportée.

Le ministre exerce sur tous ses nationaux un droit naturel de surveillance, qui peut se traduire en admonestations officielles faites à ceux d'entre eux qui, par des menées politiques, compromettraient l'honneur ou les intérêts de leur pays, et qui risqueraient, en troublant la tranquillité publique, d'appeler sur eux des mesures sévères contre lesquelles toute protection leur ferait défaut.

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Des communications de l'agent diplomatique avec son gouvernement.

Il ne suffit pas que l'agent diplomatique veille aux affaires de son gouvernement dans le poste qui lui a été confié, il faut encore qu'il y déploie le zèle et l'activité nécessaires pour que rien de ce que son cabinet peut avoir intérêt à connaître n'échappe à ses investigations, afin de lui en rendre incessamment un compte exact et fidèle dans ses dépêches.

A cette fin, il est tenu d'envoyer des rapports détaillés et suivis non-seulement sur les points importants de toute négociation particulière dont il peut

avoir été chargé, mais en général sur toutes les choses. d'intérêt public dont la surveillance et l'appréciation sont confiées à ses soins. Il existe entre les nations trop de relations politiques, industrielles ou commerciales, trop de points de contact et d'intérêts communs, pour qu'en observant attentivement ce qui se passe autour de lui, et sans donner lieu au soupçon d'intrigues ou aux indices d'une investigation inquiète et jalouse, l'agent diplomatique ne trouve pas toujours dans une foule de renseignements utiles les éléments nombreux et variés de ses rapports.

Il doit étendre ses observations à tous les objets qui méritent d'attirer l'attention de son gouvernement, comme propres à lui faire prendre à l'intérieur des mesures profitables à ses administrés ou à l'exciter à nouer au dehors des négociations dont le résultat avantageux élargisse le cercle des rapports internationaux. C'est ainsi qu'il doit chercher à se procurer des informations et à transmettre des données certaines sur l'armée, sur son administration, sa force matérielle et morale; sur les rapports commerciaux et l'état de la navigation; sur les développements de l'industrie et les procédés nouveaux de fabrication; sur les finances et les sources du revenu public; sur les ports, les forteresses, les postes, les canaux, les chemins de fer, les approvisionnements des arsenaux, etc. Il ne doit pas même se borner aux affaires du pays, où il est accrédité, tout se tient dans la politique actuelle et en relatant l'impression d'un évènement lointain sur le gouvernement ou l'opinion publique du pays où il réside, il mettra peut-être son gouvernement en état de juger mieux par reflet la portée de cet évènement.

Quand il faut entrer dans beaucoup de détails d'une affaire spéciale il est préférable de choisir la forme d'un mémoire et de ne consigner que le résultat général dans la dépêche, qui l'accompagne. Le chef du gouvernement, auquel on adresse les rapports, pourrait bien ne pas avoir le temps d'étudier le mémoire tout en voulant en connaître la conclusion. Mais en général aussi, il est désirable, qu'on se résume à la fin de toute dépêche qui traite à fond une grave affaire ou rend compte d'un long entretien.

De nos jours les journaux ont acquis une grande importance, et il y a maint diplomate qui cherche ses armes principalement dans l'arsenal de la presse. Mais un ministre à la hauteur de sa position dédaignera ce moyen de remplir ses dépêches, il lira attentivement les journaux et il apprendra à son gouvernement à les lire en lui donnant le commentaire nécessaire qui met au jour l'enchaînement des évènements.

Même le ministre le plus habile ne saurait toujours écrire des dépêches intéressantes, mais quand rien ne se passe, il vaut mieux se taire que de relater la petite chronique de la Cour ou de la Société.

Il faut qu'en rendant compte à son gouvernement des avis qu'il reçoit ou des renseignements qu'il recueille, l'agent diplomatique distingue avec soin les nouvelles certaines de celles qui le sont moins; et, lorsqu'elles lui paraissent assez importantes, il doit en référer avec détail, en y ajoutant ses propres réflexions, afin que son gouvernement soit à même d'en apprécier la portée. Par la même raison, il doit s'empresser, lorsqu'il est mieux informé, de rectifier les avis inexacts qu'il aurait pu donner.

Il doit également informer sa cour de tout ce qui se publie au préjudice de son gouvernement; et il ne saurait même se dispenser, à l'occasion, de rapporter jusqu'aux propos tenus par des personnes notables du pays où il réside, et dont l'opinion peut être de quelque poids dans les affaires publiques.

C'est une circonstance fâcheuse sans doute pour l'agent diplomatique que celle d'avoir à mander à son cabinet des nouvelles désagréables, et de nature à altérer l'union et la bonne intelligence entre son gouvernement et celui auprès duquel il est accrédité; mais c'est un devoir si essentiel de sa charge qu'il ne saurait s'y soustraire sans agir contre le but de sa mission, qui n'est point de flatter son souverain, mais de l'éclairer et de le tenir au courant de tout ce qui le concerne ou l'intéresse. Il doit ne rien altérer dans les paroles ou dans les faits qu'il rapporte, fût-ce même dans une intention de ménagement pour son constituant et pour atténuer l'effet que sa relation pourrait produire sur l'esprit du prince ou de ses ministres. Exact et vrai dans tout ce qu'il écrit; nulle considération ne saurait l'excuser d'omettre aucun renseignement dont l'ignorance pourrait préjudicier aux intérêts qui lui sont confiés et dont la sauvegarde repose sur sa fidélité non moins que sur sa vigilance et ses lumières.

La position du ministre, en pareille circonstance, est une des plus délicates dans lesquelles il puisse se trouver: si, d'un côté, il doit la vérité, d'un autre côté il a à craindre d'en exagérer l'expression s'il en est trop vivement préoccupé, et de communiquer, à son insu, des impressions dont il n'aurait su tout d'abord se dé

fendre, mais que le temps et la réflexion eussent modifiées.

Il faudra donc se méfier des premières impressions et n'écrire qu'après avoir calculé exactement la portée des faits que l'on transmet, et des observations dont on les accompagne; la nuit porte conseil et quelquefois on regrettera le lendemain d'avoir lancé une dépêche trop chaude. C'est pourquoi un ministre ne doit pas être trop absolu dans ses assertions et surtout dans ses prédictions, au moins il laissera toujours une porte ouverte à l'imprévu, qui joue un si grand rôle dans les destinées des peuples, de cette manière il s'épargnera les démentis que la réalité inflige si souvent aux calculs même des plus hautes intelligences.

$ 53.

Des négociations diplomatiques.

L'art de négocier est l'œuvre combinée du talent, de la connaissance du monde et de l'expérience des affaires, il est donc peu susceptible d'être ramené à une science systématique et nous devons nous borner à quelques observations générales.

L'agent diplomatique accrédité, notamment lorsqu'il est revêtu du titre d'ambassadeur, peut avoir avec le prince des conversations politiques, mais il ne traite pas directement avec lui; le ministre des affaires étrangères ou son délégué est toujours l'intermédiaire obligé des négociations entamées: la marche des affaires, peut s'en trouver ralentie, mais les allures du négociateur en sont plus libres et ses propositions plus réfléchies. Le chef

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