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» la facilité avec laquelle ceux même qui m'é>> taient le plus attachés, se seraient rendus ses >> complices. A mon arrivée chacun me racon>> tait avec tant de bonne foi, tous les détails >> qui les concernaient et qui les accusaient tous! >> ils avouaient naïvement qu'ils y avaient été >> attrapés ; qu'ils avaient cru un moment m'a» voir perdu. Ils ne dissimulaient pas dans la

stupeur qui les avaient frappés, avoir agi >> dans le sens des conspirateurs, et se réjouis»saient avec moi du bonheur avec lequel ils y >> avaient échappé. Pas un seul n'avait à men>>tionner la moindre résistance, le plus petit >> effort pour défendre et perpétuer la chose éta» blie. On ne semblait pas y avoir songé, tant » on était habitué aux changemens, aux révolutions, c'est-à-dire que chacun s'était montré prêt et résigné à en voir surgir une nouvelle. >> Aussi tous les visages changèrent, et l'em» barras de plusieurs devint extrême quand, >> d'un accent sévère, je leur dis: Eh bien! >> Messieurs, vous prétendez et vous dites avoir >> fini votre révolution! Vous me croyiez mort, » dites-vous, je n'ai rien à dire à cela... Mais le » roi de Rome! vos sermens, vos principes, vos » doctrines!..... Vous me faites frémir l'a>> venir....... Et alors je voulus un exemple pour >> éclairer du moins et tenir en garde les esprits.

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» Il tomba sur le pauvre Frochot, le préfet de » Paris, qui assurément m'était fort attaché. » Mais à la simple requête de l'un de ces saltimbanques, au lieu d'efforts qui étaient l'obligation de sa place, d'une résistance désespé>> rée qui eût dû le faire mourir à son poste, il >> convenait avoir ordonné tout bonnement de » préparer le lieu des séances du nouveau gou>> vernement!.... C'est, remarquait l'Empereur, » que nous sommes le peuple de l'Europe le plus propre à prolonger nos mutations: un >> tel état ne pourrait même être supporté que » par nous seuls. Aussi voyez comme chacun, » de quelque parti qu'il soit, semble intime» ment convaincu que rien n'est encore fini; et >> l'Europe partage cette opinion, parce qu'elle » la fonde au moins autant sur notre incons>>tance, notre mobilité naturelles, que sur la » masse des événemens arrivés depuis trente >> ans, etc., etc. >>

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Lundi 4.

Continuation de souffrances et de réclusion. Eût dû mourir à Moscow ou à Waterloo. - Éloge de sa famille.

Aujourd'hui l'Empereur n'a encore voulu recevoir personne de tout le matin; il m'a fait appeler à l'heure de son bain, durant lequel et

après encore nous avons causé fort long-temps sur la chaîne de nos connaissances anciennes, les historiens qui nous les ont transmises, les fils qu'ils avaient attachés, etc. La conclusion forcée revenait toujours à l'extrême jeunesse de notre univers, ou bien plus sûrement encore à celle de la race humaine. De-là nous sommes passés à la charpente du globe, aux irrégularités de sa surface, à l'inégalité du partage des terres et des mers, au total de sa population, à l'échelle suivant laquelle elle est répandue, aux diverses associations politiques qu'elle forme, etc. Je trouvais à l'Europe 170 millions d'habitans il remarquait qu'il en avait gouverné 80 mille; j'ajoutais qu'après l'alliance de la Prusse et de l'Autriche, il marchait à la tête de plus de 100. Il a changé assez brusquement de conversation. Mon Atlas a été demandé; il s'est mis à parcourir l'Asie, faisant concorder les marges et le tableau, et il s'interrompait parfois pour dire que c'était vraiment un ouvrage sans prix pour la jeunesse et les salons.

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Plus tard l'Empereur, parlant des merveilles de sa vie et des vicissitudes de sa fortune, disait qu'il eût dû mourir à Moscow; que sa gloire militaire eût été sans revers, et sa carrière politique sans exemple dans l'histoire du monde; et il fit alors un de ces tableaux rapides et ani

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més qui lui sont si familiers, et qu'il porte la plupart du temps au sublime. Et comme il n'apercevait pas une figure précisément approbative. « Ce n'est pas votre opinion, a-t-il dit, » vous ne pensez pas que j'aurais dû finir à Mos>> cow? - Non, Sire, lui a-t-il été répondu; et » pour cette même histoire, elle serait privée » du retour de l'île d'Elbe, de l'acte le plus gé»> néreux, le plus héroïque qu'aucun homme » ait jamais accompli; du mouvement le plus grand, le plus magnifique, le plus sublime » qu'on ait pu contempler. - Eh bien! je con>> çois, dit l'Empereur, il y a là quelque chose; » mais disons Waterloo, c'est là que j'aurais >> dû mourir ? - Sire, a reparti l'interlocu>>teur, si j'ai obtenu grâce pour Moscow, je ne » vois pas pourquoi je ne la demanderais pas » pour Waterloo. L'avenir est hors de la volonté, du pouvoir des hommes, il est dans le >> sein de Dieu seul.... >>

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Dans un autre moment l'Empereur est revenu encore sur tous les siens; le peu de secours qu'il en avait reçus, les embarras, le mal qu'ils lui avaient causés. Il s'arrêtait surtout sur cette fausse idée de leur part, qu'une fois à la tête d'un peuple, ils avaient dû s'identifier avec lui de manière à préférer ses intérêts à celui de la patrie commune, sentiment dont la source pou

VII.

4.

vait avoir quelque chose d'honorable, convenaitil, mais dont ils avaient fait une application fausse, nuisible, en ce que, dans leur travers d'indépendance absolue, ils se considéraient isolément, méconnaissant qu'ils ne faisaient par

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que d'un tout au mouvement duquel ils devaient aider, au lieu de le contrarier. Mais après tout, concluait-il, ils étaient bien neufs, bien jeunes, entourés de piéges et de flatteurs, d'intrigans de toute espèce, de vues secrètes et mal intentionnées. Et passant subitement des torts aux qualités, il a ajouté. « Du reste, il faut tou» jours juger en dernier ressort par les analo»gues : quelle famille, dans les mêmes circons>>tances, eût mieux fait? Il n'est pas donné à >> chacun d'être homme d'état : cette charge re>> quiert une contexture toute particulière, et ne » se rencontre pas à profusion. Tous mes frères » se sont trouvés, à cet égard, dans une situa» tion singulière; il leur est arrivé à tous d'avoir » trop ou trop peu : ils se sont trouvés trop forts » pour s'abandonner aveuglément à un conseil>>ler moteur et pas assez pour pouvoir s'en >> passer tout à fait. Après tout, une famille si » nombreuse présente un ensemble dont je peux >> assurément m'honorer.

» Joseph par tout pays serait l'ornement de » la société; Lucien celui de toute assemblée

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