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qui nous eût permis désormais de communiquer en toute sûreté et par une simple navigation intérieure, de Bordeaux et de la Méditerranée, avec les puissances du Nord. Nous en eussions reçu à notre aise toutes les productions navales pour chacun de nos ports, et eussions pu faire déboucher contre elles, au besoin, nos flotilles de la Manche et de la Hollande, etc., etc.

Tant et de si grands travaux furent conçus, et la plupart exécutés en un clin-d'oeil. La volonté créatrice de Napoléon les ordonna; le ministre Decrès les poursuivit avec obstination. Les Prosny, les Sganzin, les Cachin et autres en fournirent les plans et les exécutèrent. Heureux les noms qui se rattachent à de tels monumens, ils ne périssent jamais!

Si, à ce que nous venons d'énumérer, on joint d'autres prodiges simultanés dans toutes les autres branches et sur toutes les autres parties du territoire, et si l'on considère qu'ils s'exécutaient au milieu d'une guerre perpétuelle, et sans plus, peut-être même avec moins de charges qu'il n'en pèse aujourd'hui, après une longue paix, sur chacun des pays qui composaient ce vaste Empire, on aura le droit sans doute de s'extasier de surprise et d'admiration, tant est grande pourtant l'influence d'une vo

lonté fermé, des lumières armées du pouvoir, et des finances sagement et rigoureusement conduites! Certes, si à ce que nous venons de mentionner, on veut unir, par la pensée, la masse des fortifications, la multitude des routes, la foule des ponts, celle des canaux, la grande quantité d'édifices, on n'hésitera pas à prononcer que jamais homme sur la terre ne fit autant de choses en aussi peu de temps et en surchargeant moins les peuples.

L'Italie, dont il était le Roi, eut aussi sa part de ses magnifiques créations. Il brisa les Alpes en plusieurs points, sillonna les Apennins des plus belles routes, construisit un arsenal maritime à Gênes, fortifia Corfou de manière à en faire la clef de la Grèce; répara et agrandit le port de Venise, dont il voulait faire creuser les passes, et qu'en attendant on rendit propres à nos gros vaisseaux français, à l'aide du système t des chameaux de la Hollande, et, comme dès en sortant ils couraient risque d'être attaqués dans cette attitude dangereuse sur leurs chameaux, il fut ordonné de voir si ceux-ci ne pouvaient pas être armés eux-mêmes de leurs propres batteries, ce qui, je crois, a été exécuté ou allait l'êpetre. Napoléon, en outre, méditait encore un arsenal maritime à Raguse, un autre à Pola en Istrie; un autre à Ancône; il arrêtait l'heureuse

et hardie mesure d'unir le golfe de Venise à ce lui de Gênes, à l'aide du Pô et d'un canal qui, partant d'Alexandrie, eût gagné Savone au tra vers de l'Apennin; résultat immense, qui indé pendamment de tous les grands profits du com merce, eût eu, sous le rapport militaire, l'inap préciable avantage de mettre en communication directe et à l'abri de l'ennemi, Venise et toutes les productions navales de l'Adriatique avec Toulon et tous ses besoins maritimes. Enfin Napoléon désencombrait Rome, restaurait grand nombre d'anciens vestiges des Romains, projetait le dessèchement des marais Pontins, etc., etc.

Du reste, voici le préambule de l'exposé de la situation de l'Empire, présenté au Corps Législatif, dans la séance du 25 février 1813, par le comte de Montalivet, ministre de l'intérieur. C'est dans ce manigfique exposé, fondé dans tous ses points sur des documens authentiques à l'appui, qu'on pourrait prendre une idée juste de l'ensemble des merveilles de l'administration de l'Empereur Napoléon. Nous avons cru nous rendre agréable en terminant par le détail officiel des dépenses en travaux publics sous cette époque à jamais mémorable.

<< Messieurs, Sa Majesté m'a ordonné de vous >> faire connaître la situation de l'intérieur de l'Empire dans les années 1811 et 1812.

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» Vous verrez avec satisfaction que, malgré » les grandes armées que l'état de la guerre ma>> ritime et continentale oblige de tenir sur pied, >> la population a continué dé s'accroître, que >> notre industrie a fait de nouvaeux progrès, » que jamais les terres n'ont été mieux culti»vées, les manufactures plus florissantes; qu'à >> aucune époque de notre histoire la richesse » n'a été plus répandue dans les diverses clas» ses de la société.

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» Le simple cultivateur aujourd'hui connaît » les jouissances qui lui furent jusqu'à présent étrangères; il achète au plus haut prix les >>> terres qui sont à sa convenance; ses vêtemens » sont meilleurs, sa nourriture est plus abon>>> dante et plus substantielle; il reconstruit ses >> maisons plus commodes et plus solides.

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>> Les nouveaux procédés dans l'agriculture, » dans l'industrie, dans les arts utiles, ne sont plus repoussés, par cela même qu'ils sont » nouveaux. Partout on tente des essais, et ce » que l'expérience démontre préférable, est » utilement substitué aux anciennes routines. >>> Les prairies artificielles se sont multipliées; » le système des jachères s'abandonne; des >> assolemens mieux entendus, de nouvelles >> cultures augmentent le produit de nos terres. >> Les bestiaux se multiplient, les races s'amé

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» liorent; de simples laboureurs ont acquis les » moyens de se procurer, à de hauts prix, les » béliers de race espagnole, les étalons de nos >>> meilleures espèces de chevaux; éclairés sur >> leurs vrais intérêts, ils n'hésitent pas à faire >>ces utiles achats. Ainsi les besoins de nos ma»nufactures, de notre agriculture et de nos >> armées sont chaque jour mieux assurés.

» Ce degré de prospérité est dû aux lois libé» rales qui régissent ce grand empire, à la sup»pression de la féodalité, des dîmes, des main» mortes, des ordres monastiques; suppression >> qui a constitué ou affranchi ce grand nombre » de propriétés particulières, aujourd'hui le pa>> trimoine libre d'nne multitude de familles >> jadis prolétaires; il est dû à l'égalité des par» tages, à la clarté et à la simplification des lois » sur la propriété et sur les hypothèques, à la

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promptitude avec laquelle sont jugés les procès >> dont le nombre décroît chaque jour. C'est à ces >> mêmes causes, et à l'influence de la vaccine, » que l'on doit attribuer l'accroissement de la >> population. Et pourquoi ne dirions-nous pas » que la conscription elle-même, qui, chaque >> année fait passer sous nos drapeaux l'élite de >> notre jeunesse, a contribué à cet accroisse>> ment en multipliant le nombre des mariages, >> en les favorisant, parce qu'ils fixent pour tou

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