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>> anglaise, un aiguillon de fureur qui ne peut » sortir du cœur des prisonniers français.

» L'article des prisonniers a été un des points » sur lesquels s'est exercée la mauvaise foi habi»tuelle des ministres anglais, avec ce machia>> vélisme ordinaire qui caractérise si bien l'é» cole actuelle. Absolument résolus à repousser >> tout échange, et ne voulant pas être accusés » de s'y refuser, ils multipliaient et dénaturaient » les prétextes. C'était d'abord mon atroce vio»lation des droits civilisés envers les détenus, » que je prétendais considérer comme des pri» sonniers, principe qu'il ne leur était pas per>> mis de reconnaître, disaient-ils, par quelque >> considération que ce fût. Ensuite vinrent les » évasions réciproques. Quelques-uns des déte>> nus, qui demeuraient libres sur parole, s'é» tant évadés, ils furent accueillis avec accla>>mation. Des Français en firent autant, et je » blåmai leur retour; je fus jusqu'à proposer » qu'on se renvoyât réciproquement ceux qui >> avaient violé leurs engagemens; mais il me fut >> répondu que des détenus n'étaient pas des pri» sonniers, qu'ils n'avaient fait qu'user d'un » droit légitime, qu'ils avaient échappé à l'op>> pression, qu'ils avaient bien fait; et on les >> employa. Dès ce moment j'engageai les miens » à s'évader, et je les employai, et les ministres

>> remplirent leurs journaux des plus effrontées >> diatribes, me signalèrent à l'Europe comme >>'un homme sans morale, sans foi ni loi, etc.

» Quand enfin, par un motif quelconque, il >> leur convint de traiter de l'échange, ou peut» être aussi quand il leur vint une idée qu'ils >> crurent propre à me jouer sur ce point, ils » envoyèrent un commissaire; les grandes diffi>> cultés disparurent, et les bases se posèrent >>>pour l'amour de l'humanité, et autres grands » mots. Ils consentirent à compter les détenus >> au nombre des prisonniers, et à y admettre >> l'armée hanovrienne, que j'avais faite prison» nière et licenciée sur parole: ce point avait » été long-temps un obstacle; car les Hanovriens >> n'étaient pas Anglais, insinuait-on. Tout allait >> bien jusque-là, et semblait marcher à une >> conclusion facile; mais je connaissais mes ad>>versaires, et je lisais leurs véritables inten>>tions: ils avaient infiniment plus de Français » que je n'avais d'Anglais; une fois qu'ils eus» sent tenu les leurs, ils n'eussent pas manqué » d'incidens pour en demeurer là; et le restant » de mes pauvres Français fût demeuré dans » les pontons à éternité. Je déclarai donc que » je ne voulais pas d'un échange partiel, mais » bien d'un échange total; et voici, disais-je, >> ce qui allait le faciliter: Je convenais avoir

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beaucoup moins d'Anglais qu'ils n'avaient de >> Français; mais j'avais aussi des Espagnols, des >> Portugais et autres alliés des Anglais, pris >> sous leurs bannières, dans la même cause; et, >> par cette nouvelle combinaison, je présentais » à mon tour une masse de prisonniers bien plus considérable que la leur; eh bien! j'of>> frais de rendre le tout pour le tout. Cette pro>> position déconcerta d'abord; elle fut discutée >> et repoussée. Toutefois quand on crut avoir » découvert l'artifice propre à se procurer le » même résultat, on accéda à ma proposition. >> Mais j'avais l'œil à tout; il m'était évident que >> si on commençait d'abord par échanger tout simplement Français contre Anglais, une fois » qu'ils se sentiraient nantis, ils ne manque>> raient pas de prétexte pour en demeurer là, >> et que nous rentrerions dans leur hypothèse >> première les prisonniers anglais n'étaient guère que le tiers des nôtres en Angleterre. » J'offris alors, pour éviter tout mal entendu » réciproque, d'échanger par transports de 3 >> mille seulement à la fois; on me rendrait 3 >> mille Français contre lesquels je donnerais » mille Anglais et 2 mille Hanovriens, Espa» gnols, Portugais et autres; de la sorte, s'il >> survenait quelque querelle, disais-je, et qu'on » s'arrêtât, nous demeurions toujours dans les

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>> mêmes proportions qu'auparavant et sans nous >> être trompés les uns les autres. Que si le tout >> au contraire allait sans malencontre jusqu'à la >> fin, je promettais de rendre le reste par des>> sus le marché. J'avais si bien deviné, que ces » détails, si raisonnables au fond, puisque le >> principe en avait été adopté, firent jeter les >> hauts cris; on rompit tout et on se sépara. » Néanmoins, soit que les ministres anglais tins» sent réellement à ravoir leurs compatriotes, >> soit qu'ils fussent frappés de mon obstination >> à ne pas me laisser duper, il paraît qu'ils al>> laient entendre enfin à une conclusion finale » que je faisais proposer de nouveau par une >> voie détournée, quand nos désastres de Rus>>sie vinrent leur rendre toutes leurs espéran» ces et détruire toutes mes prétentions. >>

L'Empereur s'est étendu ensuite sur le bon traitement dont nous avions usé nous-mêmes vis-à-vis de nos prisonniers. Il était aussi généreux, disait-il, aussi libéral que possible; il n'imaginait pas qu'aucune nation eût eu la pensée d'en élever aucun reproche. « Nous aurions eu, » disait-il, en notre faveur le témoignage et les » sentimens des prisonniers mêmes; car, à l'ex>>ception de ceux qui tenaient ardemment à » leurs lois locales, ou, en d'autres mots, au >> sentiment de la liberté, ce qui se réduisait

>> aux Anglais et aux Espagnols, tout le reste, » les Autrichiens, les Prussiens, les Russes, »> nous demeuraient volontiers; ils nous quit>> taient avec peine et nous revenaient avec plai» sir. Cette disposition a influé plus d'une fois >> sur l'opiniâtreté de leurs efforts ou de leur >> résistance, etc., etc. »

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L'Empereur disait encore : « J'ai eu le projet >> d'amener en Europe un changement dans le >> droit et la coutume publique à l'égard des » prisonniers. J'aurais voulu les enrégimenter >> et les faire travailler militairement à des mo» numens ou à de grandes entreprises; ils eus>> sent reçu leur solde qu'ils eussent gagnée; on >> eût sauvé la fainéantise et tous les désordres » qu'amène d'ordinaire parmi eux leur complète oisiveté; ils eussent été bien nourris, » bien vêtus, et n'eussent manqué de rien, sans >> coûter néanmoins à l'État, qui eût reçu leur >> travail en équivalent; tout le monde y eût ga>> gné. Mais mon idée ne prospéra point au Con» seil d'État; on m'y laissa apercevoir cette >> fausse philantropie qui égare tant de monde. >> On eut l'air de regarder comme dur et bar>> bare de vouloir les contraindre au travail. On >> laissa voir qu'on craignait les représailles. Un » prisonnier est déjà assez malheureux d'avoir perdu sa liberté, disait-on; on ne croyait pas

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