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şon canapé, et remplissant les intervalles de souffrance à causer d'objets divers.

Un moment il s'est arrêté sur des vilenies commises autour de lui lors de sa puissance : Un ménage des Tuileries, que dans le temps il avait comblé, disait-il, et qui, par parenthèse, lors de la catastrophe, s'était montré fort mauvais, avait été pris en faute, un jour, par lui en personne. Il se contenta de leur reprocher leurs . torts au lieu de les en punir. Qu'était-il arrivé, ajoutait-il, c'est qu'il n'avait fait que les irriter sans donner un exemple de justice. « Et voilà » ce que c'est, remarquait-il, que de faire les » choses à demi, on y perd toujours. Il ne faut » pas voir; ou si l'on a voulu voir, il faut savoir » prononcer, etc., etc. »

Citant ensuite une femme fort avantageusement placée, ainsi que son mari, et qui lui parlait sans cesse de son dénuement. « Elle m'écri» vait souvent, disait-il, pour me demander de » l'argent, comme si elle eût eu des droits sur >> moi; comme aurait pu faire Mme Bertrand, >> revenue de Sainte-Hélène, ou l'un de vous » autres, etc., etc. >>

Mentionnant encore quelqu'un qui avait été des plus coupables envers lui, en 1814, il disait: « Et vous croyez peut-être qu'il aura fui à >> mon retour? Non, j'en ai été obsédé. Il con

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27 >>> venait sans embarras d'un engouement passa»ger pour les Bourbons, dont on avait été bien » puni, m'assurait-il, ce qui n'avait fait que >> retremper du reste, l'affection naturelle que >> chacun me portait à tant et de si justes ti>>tres!!! Je le repoussai. Et il est à croire qu'en » cet instant il est à leurs pieds, et leur dit, » comme de raison, des horreurs de moi........ » Pauvre humanité! Toujours et partout la

>> même!... >>>

Enfin il citait, et toujours de la part de ceux qu'il avait comblés, une intrigue fort vilaine auprès de l'Impératrice Joséphine, qu'on voulait porter, pour s'en faire un mérite ailleurs sans doute, et sous prétexte de lui assurer, disait-on, son séjour et son repos en France, à signer une lettre qui ne pouvait que l'avilir. On lui faisait écrire au Roi qu'elle ne savait ce qu'elle était, ce qu'elle avait été; qu'elle le priait de fixer son existence, etc., etc. L'Impératrice pleura beaucoup, résista, demanda du temps, et consulta l'Empereur Alexandre, qui lui dit qu'une pareille lettre serait son opprobre, qu'elle envoyât promener les intrigans et les entremetteurs; qu'il était sûr qu'on ne lui demandait rien de pareil; que personne ne songeait à la faire sortir de France ni à troubler

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son repos, et qu'au besoin il se porterait pour son répondant, etc., etc.

Sur le soir la douleur s'est apaisée, et l'Empereur a pu s'endormir; il avait dû beaucoup souffrir, toute sa physionomie montrait une extrême altération.

Dimanche 27.

Les souffrances continuent.-Immoralité, vice le plus funeste dans le Souverain.

L'Empereur a passé tout le jour, sur son canapé ou son fauteuil, près du feu. Il avait peu dormi, souffrait comme hier, et n'avait pas mangé. Ses douleurs de tête et de dents étaient extrêmement vives; la fluxion n'avait nullement diminué. Il a repris l'usage de la flanelle et des serviettes chaudes de la veille, qu'il m'a dit, en me voyant, lui avoir fait hier tant de bien. Je me suis mis à les chauffer et à les lui appliquer de nouveau; il s'en montrait touché, laissait parfois son bras sur mon épaule, me répétant souvent : « Mon cher, vous me faites du bien! » La douleur s'étant calmée, il a sommeillé quelques instans; puis rouvrant les yeux : « Ai-je >> dormi long-temps, m'a-t-il dit, vous êtes-vous >> bien ennuyé? » Et il m'appelait alors son frère hospitalier, le chevalier de Malte de Ste-Hélène. La douleur ayant repris plus vivement que ja

mais, il a fait venir le docteur, qui lui a trouvé de la fièvre; le froid de la veille lui était revenu ; il s'est vu forcé de se rapprocher du feu.

Toute la soirée a été de même. Sur les sept heures il a parlé de se coucher; et ne voulant pas manger, il s'est fait lui-même de l'eau panée, dans laquelle il mettait du sucre, de la fleur d'orange et du pain que lui faisait griller son valet de chambre.

A travers bien des sujets perdus, voici quelques mots recueillis sur l'immoralité. « L'im» moralité, disait l'Empereur, est, sans contredit, la disposition la plus funeste qui puisse » se trouver dans le souverain, en ce qu'il la » met aussitôt à la mode, qu'on s'en fait hon»> neur pour lui plaire, qu'elle fortifie tous les » vices, entame toutes les vertus, infecte toute » la société comme une véritable peste; c'est le » fléau d'une nation. La morale publique, au >> contraire, ajoutait-il, est le complément na» turel de toutes les lois; elle est à elle seule >> tout un code. » Et il prononçait que la révolution, en dépit de toutes ses horreurs, n'en avait pas moins été la vraie cause de la régénération de nos mœurs. « Comme les plus sales » fumiers provoquent la plus noble végétation. >> Et il n'hésitait pas à dire que son administration

serait une ère mémorable du retour à la morale.

(Oct.-1816) «Nous y courions, disait-il, les voiles pleines, » et nul doute que les catastrophes qui ont >> suivi feront tout rebrousser; car au milieu de » tant de vicissitudes et de désordres, le moyen » qu'on résiste aux tentations de tout genre, » aux appâts de l'intrigue, à la cupidité, aux » suggestions de la vénalité. Toutefois on pourra » bien arrêter, comprimer le mouvement as>>cendant d'amélioration; mais non le détruire; » car la moralité publique est du domaine spé»cial de la raison et des lumières : elle est leur » résultat naturel, et l'on ne saurait plus faire » rétrograder celles-ci. Pour reproduire les » scandales et les turpitudes des temps passés, » la consécration des doubles adultères, le li»bertinage de la régence, les débauches du rè»gne qui a suivi, il faudrait reproduire aussi » toutes les circonstances d'alors, ce qui est im» possible; il faudrait ramener l'oisiveté absolue » de la première classe, qui ne pouvait avoir » d'autre occupation que les rapports licencieux » des sexes; il faudrait détruire, dans la classe » moyenne, će ferment industriel qui agité au»jourd'hui toutes les imaginations, agrandit » toutes les idées, élève toutes les ames, il fau>>drait enfin replonger les dernières classes dans » cet avilissement et cette dégradation qui les » réduisaient à n'être que de véritables bêtes de

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