Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Léopold de Saxe-Cobourg avec la princesse Charlotte de Galles.

L'Empereur a dit : « Ce prince Léopold a pu >> être mon aide-de-camp: il l'a sollicité de moi, » et je ne sais ce qui aura arrêté sa nomination. » Il est fort heureux pour lui de n'avoir pas ->> réussi : ce titre lui aurait coûté sans doute le

.

mariage qu'il fait en cet instant; et puis, ob>> servait l'Empereur, qu'on vienne nous dire ce >> qui est heur ou malheur ici bas dans la vie des -> hommes!... »

La conversation s'est engagée alors sur la princesse Charlotte d'Angleterre. Quelqu'un disait qu'elle était extrêmement populaire à Londres, et donnait des signes non équivoques de beaucoup de caractère. C'était un adage, parmi beaucoup d'Anglais, qu'elle recommencerait Elisabeth. Elle même, prétendait-on, n'était pas sans quelques pensées à cet égard. Le narrateur disait s'être trouvé à Londres, en 1814, précisément quand cette jeune princesse, à la suite des outrages faits à sa mère, en présence des souverains alliés, s'était évadée de chez le prince régent, son père, avait sauté dans le premier fiacre offert à sa vue, et volé à la demeure de sa mère, qu'elle adorait. La gravité anglaise se montra indulgente en cette occasion; on se plut généralement à trouver l'excuse d'une in

conséquence aussi grave dans la moralité même du sentiment qui l'avait causée. La jeune princesse ne voulait plus sortir de chez sa mère; il fallut que le duc d'Yorck, ou un autre de ses oncles, et peut-être encore le grand-chancelier d'Angleterre, vinssent la décider à retourner auprès de son père, lui démontrant que son obstination pouvait exposer sa mère au point de mettre sa vie en péril.

La princesse Charlotte avait déjà fait preuve d'un caractère très-décidé, en refusant d'épouser le prince d'Orange, qu'elle repoussait surtout parce qu'elle se serait trouvée dans l'obligation, disait-elle, de vivre parfois hors d'Angleterre sentiment national qui la rendit encore d'autant plus chère aux Anglais.

Elle ne s'est fixée sur le prince Léopold de Saxe-Cobourg, nous disent les Anglais quí se trouvent ici, que par le seul effet de son propre choix; et elle a annoncé hautement, ajoutentils, qu'elle comptait sur d'heureux jours, parce qu'elle n'avait eu d'autre guide que le sentiment. Ce prince lui a beaucoup plu. « Je le crois sans >> peine, a observé l'Empereur; si je m'en sou» viens bien, c'est le plus beau jeune homme » que j'aie vu aux Tuileries. » On a raconté que les Anglais d'ici avaient donné, il y avait peu de jours, ce qu'ils appelaient une preuve du ca

ractère et de la dignité de leur jeune future souveraine. Un des ministres s'étant rendu chez elle, lors des arrangemens du mariage pour des détails domestiques à régler, lui fit entendre des propositions qu'elle regarda comme peu faites pour elle. << Milord, lui dit-elle avec fierté, je >> suis l'héritière de la Grande-Bretagne, je dois » un jour en porter la couronne, je le sais, et >> mon ame s'est mise en rapport avec cette haute » destinée; ainsi ne croyez pas pouvoir me trai>> ter autrement. N'allez pas penser que, pour >> épouser le prince Léopold, je puisse, je veuille » jamais être mistriss Cobourg: ôtez-vous cela » de la tête, etc. »

Cette jeune princesse est l'idole des Anglais, qui se complaisent à voir en elle l'espoir d'un meilleur avenir.

L'Empereur revenant sur le prince Léopold, qui avait dû être son aide-de-camp, a dit : « Une » foule d'autres princes allemands briguaient » la même faveur. Lorsque j'eus créé la confé» dération du Rhin, les souverains qui en fai>> saient partie ne doutèrent pas que je ne fusse » prêt à renouveler, dans ma personne, l'éti»quette et les formes du saint empire romain; >> et tous par mieux, jusqu'aux rois mêmes, se >> montraient empressés de former mon cortége, » et de devenir, l'un mon grand-échanson, l'au

(Nov. 1816) » tre mon grand-pannetier, etc. Vers ce temps, » les princes allemands avaient, à la lettre, en» vahi les Tuileries; ils en remplissaient les » salons, modestement confondus, perdus au >> milieu de vous autres. Il est vrai qu'il en était » de même des Italiens, des Espagnols, des » Portugais, et que la plus grande partie de » l'Europe se trouvait rassemblée aux Tuile»ries!.......... Le fait est, a conclu l'Empereur, » que, sous mon règne, Paris a été la reine des > nations, et les Français le premier peuple de >> l'univers!..... >>

[ocr errors]

Lundi II.

Divers objets bien importans. Négociation d'Amiens; début du Premier Consul en diplomatie. De l'agglomération des peuples de l'Europe. De la conquête de l'Espagne. -Danger de la Russie. - Bernadotte.

L'Empereur n'est pas sorti de sa chambre. J'ai passé presque toute la journée avec lui, je ne l'ai quitté que pour aller diner.

Les conversations du jour ont été longues, pleines, et des plus intéressantes; l'Empereur se trouvait fort causant, et ses paroles étaient riches, rapides. Il a parcouru une foule d'objets souvent fort étrangers, bien qu'ils se fussent amenés naturellement les uns par les autres.

Ils étincelaient d'idées et de faits nouveaux pour moi; malheureusement leur nombre et leur importance même m'en ont fait perdre une partie, et je voudrais pouvoir affirmer que je suis littéral dans ce qui reste; car ma grande occupation à retenir ce qui était passé, m'a souvent rendu distrait pour ce qui arrivait.

Parlant des élémens de la société, il disait : « La démocratie peut être furieuse ; mais elle a » des entrailles, on l'émeut; pour l'aristocratie, » elle demeure toujours froide, elle ne par>> donne jamais, etc., etc. >>

Dans un autre moment, et à la suite d'antécédens, il a dit : « Toutes les institutions ici bas » ont deux faces: celle de leurs avantages et » celle de leurs inconvéniens; on peut donc, » par exemple, soutenir et combattre la république et la monarchie. Nul doute qu'on ne >> prouve facilement, en théorie, que toutes » deux également sont bonnes et fort bonnes;

>>

mais, en application, ce n'est plus aussi aisé.>> Et il arrivait à dire que l'extrême frontière du gouvernement de plusieurs était l'anarchie; l'extrême frontière du gouvernement d'un seul, le despotisme; que le mieux serait indubitablement un juste milieu, s'il était donné à la sagesse humaine de savoir s'y tenir. Et il remarquait que ces vérités étaient devenues banales,

« ZurückWeiter »