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>> ames et les sentimens qu'après de grandes

-» épreuves. »

L'Empereur, à dîner, était fort bien, trèscontent et même gai; il se félicitait d'avoir passé sa dernière crise sans s'être soumis à la médecine, sans avoir payé tribut au docteur; et c'est ce qui fachait celui-ci, disions-nous; il se serait contenté de si peu, le plus léger acte eût suffi! Il n'eût demandé que le billet de confession du clergé, disait l'Empereur, tout en riant beaucoup de la chose, et ajoutant que, par pure complaisance, il avait été jusqu'à essayer un gargarisme, qu'il avait trouvé d'une acidité violente qui lui avait fait mal; faisant observer en cela qu'il ne lui fallait que des remèdes extrêmement doux; tous les autres le crispant infailliblement. «< Au physique comme au moral, disait-il, il faut me prendre par la douceur, » autrement je me cabre. »

Le cours de la conversation a conduit l'Empereur encore une fois sur le compte des Impératrices Joséphine et Marie-Louise. Il a multiplié sur elles les détails les plus aimables et les plus circonstanciés, et a terminé par son adage ordinaire, que l'une était les grâces et tous leurs charmes; l'autre, l'innocence et tous ses attraits.

L'Empereur détaillait ce qu'avait coûté la

Malmaison environ 3 ou 4 cent mille francs; c'est-à-dire tout ce qu'il possédait alors, disait-il, et il énumérait ensuite tout ce que pouvait avoir reçu de lui l'Impératrice Joséphine; concluant qu'avec un peu d'ordre et de régularité seulement, elle eût bien dû laisser peut-être 50 ou 60 millions. << Son gaspillage, disait l'Empereur, >> faisait mon supplice. Calculateur comme je le > suis, il devait être dans ma nature d'aimer >> mieux donner un million que de voir gaspiller » 100 mille francs. » Il nous racontait comment étant tombé un jour sans être attendu dans le petit cercle du matin de Joséphine, il avait trouvé une dame professant à la lettre modes et chiffons. «<< Mon apparition subite causa, disait>> il, un grand désordre dans la séance acadé>>mique. C'était une célèbre marchande de » modes, une de ces fameuses du jour, à la» quelle j'avais fait défendre positivement d'ap » procher de l'Impératrice, qu'elle ruinait. Je » donnai quelques ordres inaperçus, et à sa » sortie on s'en empara; elle fut conduite à » Bicêtre. Ce fut un grand bruit dans tout Pa»ris, le plus grand des scandales, disait-on. Le >> bon ton fut de lui rendre visite, et il y eut à »sa porte une file de voitures. La police vint » m'en faire part. Tant mieux, dis-je, vous ne >> lui avez point fait de mal, elle n'est point au 6.

VII.

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>> cachot? Non, Sire, elle a plusieurs pièces, >> elle tient salon. -Eh bien! laissez crier; tant » mieux si l'on prend ceci pour un acte de ty » rannie, ce sera un coup de diapason pour un » grand nombre; très-peu leur montrera que je » pourrais faire beaucoup, etc., etc. » Il nous a cité aussi un autre célèbre modiste, qu'il disait être le plus insolent personnage qu'il eût jamais rencontré dans toute sa carrière. « Lui ayant » adressé la parole, disait Napoléon, un jour » que j'examinais un trousseau de famille fourni >> par lui, il avait osé m'entreprendre, moi, à >> qui certes on ne mangeait pas dans la main; » il fit ce que personne en France n'eût osé » tenter, il se mit à me démontrer fort abon» damment que je ne donnais pas assez à l'Im» pératrice Joséphine, qu'il devenait impossible » de l'habiller à ce prix. Je l'arrêtai, au milieu » de son impertinente éloquence, d'un seul regard; il en demeura comme terrassé. »

Après dîner, l'Empereur était à peine rentré dans sa chambre qu'il m'a fait demander, bien qu'il fût déjà dans son lit ; et il m'a retenu fort tard, continuant très-gaîment la conversation du dîner, et passant de là à beaucoup d'autres objets. Il se trouvait infiniment mieux, et avait babillé, disait-il, avec plaisir. Pour nous, il nous avait, au fait, donné une soirée char

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mante. Néanmoins il toussait beaucoup, c'était même ce qui avait interrompu notre veillée, en le forçant de se lever de table. « J'aurai pris >> trop de tabac sans y songer, m'a-t-il dit je >> suis une bête d'habitude la conversation » m'aura distrait; vous devriez, mon cher, dans ,» pareil cas, m'ôter ma tabatière : c'est ainsi » qu'on sert ceux qu'on aime, etc., etc. »

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Dimanche 10.

Guerre sur les grandes routes.

Dumouriez plus au

dacieux que Napoléon. -Détails sur la princesse Charlotte de Galles, le prince Léopold de Saxe-Cobourg, etc.

Depuis quelques jours, l'Empereur, dans ses lectures, s'occupe de guerre, de fortifications, d'artillerie, etc. Il a parcouru Vauban, le Dictionnaire de Gassendi, quelques campagnes de la révolution, et la Tactique de Guibert, qui l'attache fort. Et revenant, à ce sujet, sur des généraux déjà cités plusieurs fois ailleurs : « Ils >> ne savaient, disait-il, faire la guerre que sur >> les grandes routes et à la portée du canon, lorsque leur champ de bataille eût dû em>> brasser la totalité du pays. >>

A dîner il a parlé de la campagne de Dumouriez en Champagne, qu'il venait de lire. Il faisait peu de cas du duc de Brunswick, qui, avec

un projet offensif, n'avait fait, disait-il, que dix-huit lieues en quarante jours. Mais d'un autre côté, il blâmait fort Dumouriez, dont il avait trouvé la position trop audacieuse. «< Et » de ma part on doit prendre cela pour beau» coup, a-t-il ajouté, car je me regarde comme » l'homme le plus audacieux, en guerre, qui, » peut-être, ait jamais existé; et, bien certaine» ment, je ne serais pas resté dans la position >> de Dumouriez, tant elle m'eût présenté de dan»gers. Je n'explique sa manoeuvre qu'en me di»sant qu'il n'aura pas osé se retirer. Il aura »jugé encore plus de périls dans la retraite qu'à » demeurer. Wellington s'était mis dans ce cas >> avec moi le jour de Waterloo.

» Les Français sont les plus braves qu'on » connaisse; dans quelque position qu'on les » essaie ils se battront; mais ils ne savent pas se >> retirer devant un ennemi victorieux. S'ils ont » le moindre échec, ils n'ont plus ni tenue ni >> discipline; ils vous glissent dans la main. » Voilà, je suppose, quel aura été le calcul de » Dumouriez, etc., etc.; ou bien encore, peut» être, quelque négociation secrète que nous >> ignorons.

Dans le jour, des papiers publics, qu'on nous a procurés, parlaient du mariage du prince

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