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<< vous avais appelés pour m'aider, leur dit-il, et « vous êtes venus dire et faire ce qu'il fallait « pour seconder l'étranger: au lieu de nous réu« nir, vous nous divisez. Ignorez-vous que, dans <«< une monarchie, le trône et la personne du << monarque ne se séparent point? Qu'est-ce que « le trône? Un morceau de bois couvert d'un << morceau de velours; mais, dans la langue mo«< narchique, le trône, c'est moi. Vous parlez du peuple; ignorez-vous que c'est moi qui le représente par-dessus tout? On ne peut m'atta«< quer sans attaquer la nation elle-même. S'il y a

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Berry, qu'on attendait impatiemment à Jersey. M. Tassard de Saint-Germain était à Bordeaux à la tête d'une association composée d'un grand nombre de personnes de toutes les classes... M. le chevalier de Gombaut était aussi à la tête d'une association pieuse qui avait le même but politique. Le marquis de Laroche-Jaquelain était plus particulièrement attaché à l'association du chevalier de Gombaut. L'ordre fut donné de l'arrêter : averti par le comte de Lynck, maire de Bordeaux, il échappa aux recherches en se réfugiant dans sa famille... Le comte de Lynck avait fait en 1813 (novembre) un voyage à Paris. Après s'être concerté avec M. Labarthe, autrefois à la tête d'une association royaliste, et avec MM. de Polignac, il était reparti pour Bordeaux plein de la ferme volonté d'y servir puissamment le roi... Depuis long-temps cette secrète intention germait dans le cœur du comte de Lynck (Voyez le même ouvrage, p. 50). Le député Lainé, lié avec le comte de Lynck, avait reçu ses confidences. et partageait ses projets. (Ibid., tome 11, pages 86 et 87.)

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quelques abus, est-ce le moment de me venir << faire des remontrances, quand deux cent mille << Cosaques franchissent nos frontières? Est-ce << le moment de venir disputer sur les libertés et <«<les sûretés individuelles, quand il s'agit de sau<< ver la liberté politique et l'indépendance na<< tionale! Vos idéologues demandent des garan<< ties contre le pouvoir : dans ce moment, toute << la France ne m'en demande que contre l'enne<< mi... Vous avez été entraînés par des gens dé« voués à l'Angleterre; et M. Lainé, votre rap« porteur, est un méchant homme. »>"

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Quelque vif que soit cet éclat, le député Lainé retourne dans ses foyers, aussi libre que ses collègues.

1 Tandis que Napoléon se livrait à cette conversation animée, un auditeur était là, qui avait la prétention de la dérober pour l'histoire. Ainsi des phrases échappées d'abondance, des expressions hasardées dans la vivacité du dialogue, sont devenues des documens authentiques, au gré de la mémoire d'un individu anonyme, ou plutôt au gré de la partialité des écrivains. Quoi qu'il en soit, les pensées grandes et fortes qui rendent cette conversation si remarquable n'ont pu être entièrement dénaturées : elles percent dans le libelle à travers les expressions triviales sous lesquelles l'affection du mot à mot les a travesties.

CHAPITRE V.

INVASION DU TERRITOIRE FRANÇAIS.

(Janvier 1814.)

L'ANNÉE 1814 commence au milieu de ces graves dissensions.

Les nouvelles les plus alarmantes arrivent des divers points de notre frontière : le prince Schwartzenberg, maître des passages de la Suisse, a d'abord jeté le gros de son armée sur Huningue et Béfort. Sa droite, qui a voulu s'étendre trop vite dans la vallée d'Alsace, a éprouvé, le 24 décembre, un échec à Colmar; il a dirigé son aile gauche à travers la Suisse, jusque sur Genève. Cette place était une des portes de l'empire, et de puissans renforts lui arrivaient de Grenoble; mais au premier moment du danger, le général Jordy, commandant la garnison, frappé d'un coup de sang, tombe mort subitement sur la place d'armes : le préfet Capelle prend la fuite; et les Génevois, devenus maîtres de leur conduite, abaissent aussitôt leurs ponts-levis devant

l'avant-garde autrichienne. Le général Bubna a pris possession de Genève le 28 décembre. Les dernières dépêches annoncent que le prince Schwartzenberg, après avoir laissé en arrière quelques détachemens pour masquer Huningue et Béfort, pousse ses colonnes du centre sur Épinal, Vesoul et Besançon.

Le duc de Bellune est accouru de Strasbourg avec une armée qui n'est pas de dix mille hommes! Il désespère d'arrêter les Autrichiens dans les défilés des Vosges. Le 4 janvier, l'ennemi entre à Vesoul; le 9 janvier, Besançon est investi.

De son côté, le maréchal Blücher a effectué le passage du Rhin dans la nuit du 1er janvier, et sur trois points différens. Au centre, les corps de Langeron et d'York ont passé le Rhin à Caub; arrivé sur la rive française, le corps de Langeron s'est détaché pour aller bloquer Mayence, et le corps d'York a pris la direction de Creutznach. Le corps de Saint-Priest, formant la droite de l'armée de Silésie, a passé le Rhin à Neuwied et vient d'occuper Coblentz. Enfin à l'aile gauche, les corps de Sacken et de Kleist, qui ont passé le Rhin devant Manheim, s'avancent sur le duc de Raguse. Celui-ci, qui n'a que les cadres d'une armée, recule sur les places de la Sarre et de la Moselle.

Nos troupes sont en pleine retraite. Napoléon ne s'était pas flatté de l'espoir d'arrêter longtemps les alliés sur la frontière : forcé de les laisser s'avancer dans l'intérieur, il ne pense plus qu'à mettre de l'ensemble dans nos mouvemens rétrogrades, qu'il veut concentrer de manière à couvrir Paris.

Il ordonne au duc de Bellune de disputer pied à pied les passages des Vosges. Il lui envoie le duc de Trévise avec une division de la garde, pour le soutenir sur la route de Langres. Il recommande au duc de Raguse de s'appuyer le plus long-temps qu'il pourra sur les glacis des nombreuses forteresses de la Lorraine. Enfin, le duc de Tarente, qui est du côté de Liège, occupé à pourvoir à la sûreté des places du BasRhin et de la Meuse, a ordre de rentrer dans la vieille France par la porte des Ardennes. Une instruction commune à tous les maréchaux leur prescrit, à mesure qu'ils se retirent, de jeter dans les places les soldats fatigués et ceux des nouvelles levées qui ne sont pas encore habillés. On laisse donc partout de nombreuses garnisons que Napoléon se réserve de réunir en corps d'armée, sur les derrières de l'ennemi.

Toutes les troupes ont ordre d'acculer leurs retraites sur la Champagne. C'est aussi sur la Champagne qu'on va diriger les renforts qui ar

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