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tels artifices. Un signe était un ordre pour le sénat, qui toujours faisait plus qu'on ne desi« rait de lui. L'empereur a toujours été accessi«< ble aux remontrances de ses ministres, et il << attendait d'eux, dans cette circonstance, la justification la plus indéfinie des mesures qu'il << avait prises. Si l'enthousiasme s'est mêlé dans les adresses et les discours publics, alors l'empea reur a été trompé. Mais ceux qui ont tenu ce langage doivent s'attribuer à eux-mêmes les suia tes de leurs flatteries. Le sénat ne rougit pas de

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parler de libelles publiés contre les gouverne<< mens étrangers, il oublie qu'ils furent rédigés << dans son sein! Si long-temps que la fortune << s'est montrée fidèle à leur souverain, ces hom« mes sont restés fidèles, et nulle plainte n'a été <<< entendue sur les abus de pouvoir. Si l'empereur << avait méprisé les hommes, comme on le lui a « reproché, alors le monde reconnaîtrait aujour

1. « L'empereur... ne se plaignait rien tant que du penchant qui entraînait le sénat à la servitude. Toute sa vie est pleine de ses dégoûts là-dessus. Mais il était comme la plupart des hommes; il voulait des choses contradictoires. Sa politique générale n'était pas d'accord avec ses passions particulières; il aurait desiré un sénat libre, et capable de faire respecter son gouvernement; mais il voulait aussi un sénat qui le satisfît à tous momens... » (Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, chap. 14.)

« d'hui qu'il a eu des raisons qui motivaient son mépris. Il tenait sa dignité de Dieu et de la na<< tion; eux seuls pouvaient l'en priver; il l'a toujours considérée comme un fardeau, et lors« qu'il l'accepta, ce fut dans la conviction que << lui seul était à même de la porter dignement. << Le bonheur de la France paraissait être dans <«< la destinée de l'empereur; aujourd'hui que la << fortune s'est décidée contre lui, la volonté << de la nation seule pourrait le persuader de res<< ter plus long-temps sur le trône. S'il se doit « considérer comme le seul obstacle à la paix, il << fait volontiers le dernier sacrifice à la France. << Il a en conséquence envoyé le prince de la Mos«kowa et les ducs de Vicence et de Tarente à << Paris, pour entamer la négociation. L'armée << peut être certaine que l'honneur de l'empereur << ne sera jamais en contradiction avec le bonheur « de la France. >>

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CHAPITRE IV.

SUITES DE LA DÉFECTIOn du duc de raguse.

Les trois plénipotentiaires de Napoléon, arrivés à Paris dans la soirée du 4, se présentent aussitôt chez les souverains alliés. Ils ne tardent pas à s'apercevoir du terrein que leur cause a perdu pendant l'absence du duc de Vicence. Les hommes du gouvernement provisoire n'ont pas cessé d'obséder les souverains pour en obtenir l'exclusion définitive de la régente et de son fils.'

La peur qu'ils ont du père ne leur permet d'espérer désormais quelque sûreté que par la

Voyez l'histoire de Beauchamps, tome 11, pages 363 à 367. « Aux négociateurs de Fontainebleau, les membres du gouvernement provisoire succédèrent chez l'empereur Alexandre... Tous leurs efforts portèrent sur un seul objet, celui de détourner la régence... Il y allait, pour ainsi dire, de leur tête... Ils se surpassèrent dans cette conjoncture... M. de Talleyrand prononça un discours plein de vigueur... Il fut puissamment secondé par le général Dessoles... Le général Beurnonville courut chez le roi de Prusse; ce

chute de la famille entière. Ils ne quittent donc pas les salons des princes alliés. Les plénipotentiaires les ont trouvés à ce poste; ils ont vu avec inquiétude l'air de contentement qui règne sur leur visage... Un personnage survient, et l'inquiétude des plénipotentiaires est au comble... Le duc de Raguse, à qui ils venaient de parler en changeant de chevaux à Essonne, ils le voient entrer la tête haute dans le salon des alliés; bientôt tout s'explique; ils apprennent de la bouche de l'empereur Alexandre que les troupes du maréchal ont été conduites par le général S**** 1 à. Versailles, et que la désertion du camp d'Essonne laisse la personne de Napoléon à la discrétion des alliés.

Jusqu'ici les souverains avaient cru devoir user de ménagemens envers Napoléon, qui s'appuyait sur les vœux et les affections de l'armée. Tant qu'on l'avait vu à la tête de cinquante mille hommes d'éprince, aisément convaincu, décida l'empereur de Russie à éloigner toute idée de régence... » Voyez aussi les révélations de M. l'abbé de Pradt, page 75... « De grands efforts furent tentés auprès des souverains alliés pour les porter à la substitution du fils au père... Mais cette entreprise échoua. Le général Dessoles signala sa rentrée dans les affaires par la plus vigoureuse résistance à l'adoption des demandes de Napoléon. »

1 On avait vu la veille, à Fontainebleau, ce même général puisant deux mille écus dans la bourse de Napoléon.

lite postés à une marche de Paris, les considérations militaires l'avaient emporté sur bien des intrigues. Maintenant que Fontainebleau a cessé d'être une position militaire, et que l'armée semble abandonner la cause de Napoléon, la question a changé de face; le temps des ménagemens est passé : l'abdication en faveur de la régente et de son fils ne suffit plus à un ennemi rassuré; on déclare aux plénipotentiaires qu'il faut que Napoléon et sa dynastie renoncent entièrement au trône.

Il faut donc aller chercher de nouveaux pouvoirs à Fontainebleau, et c'est le duc de Vicence qui remplit encore cette pénible mission.

Le premier mouvement de Napoléon, en le voyant, est de rompre une négociation qui devient si humiliante. Poussé à bout, il veut secouer les entraves dont on l'embarrasse depuis quelques jours. La guerre n'offre plus rien de pire que la paix; c'est un fait qui doit être clair maintenant pour tout le monde, et il espère que les chefs de l'armée sont désabusés de leurs chimères. Il reporte toutes ses pensées vers les opérations militaires. Peut-être peut-on encore tout sauver; les cinquante mille soldats du maréchal Soult qui sont sous les murs de Toulouse, les quinze mille hommes que le maréchal Suchet ramène de Catalogne, les trente mille hommes du prince Eu

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