DEUXIÈME NOTE *.

Quelques membres du côté gauche de la cham»bre des députés ayant reçu de tous les points de » la France des confidences importantes et de pres» santes sollicitations, et ayant mis en commun » les renseignements et les vœux qui leur étaient » adressés, se sont crus autorisés à prendre une » direction provisoire des moyens mis en leurs >> mains pour garantir leur patrie de la contre-révo» lution intérieure et de l'invasion étrangère, pour >> coordonner les résistances et en prévenir les imprudences et les excès.

»Ne pouvant, dans les circonstances actuelles, >> recevoir une mission spéciale de leurs collègues, » ni même l'élection des amis qui les invitent de > toutes parts à cette mesure, ils assument avec » dévouement, au nombre de sept députés, sauf à » l'augmenter par la suite, cette responsabilité per» sonnelle.

Ce comité, n'ayant de force que dans la confiance » des patriotes, s'adresse à toutes les ressources

* Les notes que nous possédons sur les sociétés secrètes de 1821-1822 n'ont aucune date précise; elles ont été cachées sous la restauration, et le général Lafayette, en les conservant écrites de sa main, a voulu sans doute laisser un témoignage des principes qui le dirigeaient dans ces entreprises. Les résolutions des membres de la chambre des députés dont il est question dans cette seconde note, et la réunion à Paris des représentants élus de la société, n'eurent lieu qu'à la fin de 1822.

patriotiques sans distinction, et aux diverses >> associations de France. Mais, comme la plus puis>> sante de toutes, divisée en fédérations provin»ciales, est par le fait, du moins en partie, sous » des pouvoirs distincts qui se croient liés, jusqu'à >> nouvel ordre de leurs commettants, par certaines instructions précises, le comité respectera tous » les scrupules, ne doutant pas, surtout d'après » les antécédents qui leur sont personnels, d'une >> concurrence cordiale aux mesures dont l'urgence » est universellement sentie.

» La dernière réunion tenue à Paris a pris à l'una>>nimité et sur l'honneur, et a fait jurer aux associa»tions secondaires la détermination de n'employer >> leurs efforts qu'à mettre la nation à portée de se » donner un gouvernement de son choix, de ne >> prendre d'engagement avec aucun parti, aucune » dynastie, de rétablir immédiatement les municpa» lités, les administrations électives, la garde natio»> nale nommant ses officiers, les assemblées pri» maires, et une convocation de députés d'après la » loi de 91, et de regarder tout pouvoir comme >> provisoire, jusqu'à ce que les vrais représentants » du peuple français aient fait connaître sa vo» lonté.

>> Ce serment ayant été prêté par quelques-uns, » et ne répugnant à aucun de nous, le comité s'as>> socie aux mêmes engagements, et comme il n'y a » que la nécessité des circonstances qui ait pu lui permettre d'assumer ainsi une mission volontaire,

>> il espère trouver de l'appui dans la bienveillance » et le patriotisme des citoyens.

TROISIÈME NOTE.

«Parmi les communications patriotiques et ho>>norables pour moi, que la commission a bien voulu me faire, j'ai remarqué avec une vive satisfac» tion:

» 1° Que les deux principes de fédération et » d'élection générale avaient été adoptés comme >> bases essentielles de notre association;

» 2° Que le recouvrement de nos droits naturels » et nationaux, tels qu'ils furent proclamés en 89, » a été déclaré être l'objet fixe et unique de la » société, et que, respectant le droit de souverai>> neté nationale, nos efforts ne tendraient qu'à >> mettre la nation à portée de se donner librement » le gouvernement de son choix ;

Que, pour avoir à cet effet une représentation » émanée de la masse du peuple, on adopterait la >> loi électorale de 91;

» 4° Qu'en conséquence les associés se promet>> taient de ne favoriser de préférence aucune dy>> nastie, aucun parti, aucune forme secondaire de » gouvernement, aucuns prétendants au pouvoir, » de manière à préjuger les questions et gêner le

10 MÉM. DE LAFAYETTE.

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plein exercice des droits de la nation, ainsi qu'il >> vient d'être défini.

» La commission a eu la bonté de me promettre qu'elle serait auprès du congrès * l'interprète de » ma reconnaissance; mais j'ai besoin, indépen>> damment de toute autre idée, qu'il reçoive ici >> l'hommage de mon adhésion pleine et entière aux principes ci-dessus exprimés, au moyen d'exé» cution également énoncé par la commission, celui » de l'élection municipale, départementale, et de » l'assemblée nationale conforme à la loi électorale » de 1791. Il est superflu d'ajouter que j'adhère » aussi avec ferveur et avec joie à la résolution de >> provoquer l'armement général de la nation, d'après la loi de 91 sur l'organisation de la garde >> nationale.

» Ma déclaration à cet égard ne sera pas prise, j'espère, comme une inconvenante importance » que je voudrais donner à l'engagement d'un indi» vidu, mais comme une preuve de mon empres>> sement à reconnaître l'excellence de ces détermi» nations du congrès. »

• La note précédente désigne une réunion à Paris : c'est la même dont il est parlé ici sous le nom de congrès. Une commission de ce congrès élu par la société, dans les départements. avait été envoyée au général Lafayette.

A M....*.

« J'ai vu hier notre ami, mon cher collègue; je >> le reverrai ce matin; il approuvait le comité de

députés tel que nous l'avions d'abord conçu', >> comme centre des informations mises en commun » par chacun, point de départ des directions con» certées entre nous, union qui peut être aussi » bien connue par ce moyen que par l'autre, >> influence aussi grande et moins sujette à objec» tions.

» Assumer un pouvoir qu'on ne nous donne pas, » donner des ordres officiels, lui paraît une irrégularité superflue qui ne peut être justifiée qu'au >> moment de l'action, comme au mois de juillet 89 à » l'hôtel de ville. Le premier moyen remplissait

également et plus convenablement notre but; le >> second était en réserve pour le moment où la né»cessité le justifiait.

» Il se faisait un plaisir de concourir au premier; >> il ne lui convient pas de s'associer au second. Quoique je fusse, au fond, de son avis, j'ai » cherché à le persuader parce que je mettrais un grand prix, non-seulement d'amitié, mais sous

* Nous plaçons ici cette lettre pour réunir tout ce que nous possédons de renseignements écrits par le général Lafayette sur sa participation aux sociétés secrètes de 1821-1822.