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12 novembre 1821.

Nous serons aujourd'hui assez nombreux pour commencer la session *; le peu de collègues que j'ai vus, m'a parlé comme s'il n'y avait rien à faire; mais on commence, dit-on, à faire des statistiques de minorité... tant mieux pour ceux que cela peut amuser! Le Moniteur se donne beaucoup de peine pour dissimuler l'impolitesse du roi d'Angleterre qui, sachant que M. le duc d'Angoulême allait lui rendre ses devoirs à Lille, a fait le crochet sur Dunkerque ** en était parti à l'arrivée du prince, et serait parti de Calais sans l'attendre si le duc d'Angoulême n'était pas arrivé en grande hâte peu avant son départ. Le Courrier dit que c'est une demi-heure avant l'embarquement, le Moniteur prolonge d'une heure. Tant il y a que le roi George IV

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* La session de 1821-1822 était ouverte depuis le 5 novembre; elle finit le 1er mai 1822, mais durant ces six mois, le général Lafayette n'a prononcé aucun discours, ce qui s'explique par un voyage qu'il fit en Alsace, au commencement de janvier 1822, et par des préoccupations sur lesquelles on verra quelques notes dans le chapitre intitulé: Sociétés secrètes.

** Le roi d'Angleterre, qui avait déjà passé Lille à la fin de septembre 1821, était alors à Calais; il partit pour Dunkerque le 7 novembre, en même temps que le duc d'Angoulême arrivait à Lille de son côté.

a été piqué de n'avoir pas reçu foi et hommage à son premier passage, et que la réparation ne lui a pas suffi.

L'Écho du Nord á imprimé un article qui fait beaucoup de bruit, et que d'autres journaux de province ont répété. Mais on les enlève à présent : il s'agissait d'un comité d'ultras. On voulait que le roi annonçât dans son discours des mesures violentes pour éloigner les libéraux. Monsieur, désigné aussi par lettres initiales, avait résisté, et puis cédé; mais ce plan avait été rejeté, et on y avait substitué la phrase du discours royal *.

La guerre entre la Russie et la Turquie n'est pas encore commencée; mais elle est imminente **. Les Turcs redoublent d'atrocités. Le gouvernement anglais a défendu dans les îles ioniennes, sous peine de la vie, de porter des secours aux autres Grecs, de les recevoir ou de communiquer avec eux. M. Pozzo di Borgo dit publiquement partout « que, dans les temps de la terreur en France, la con

« Persévérons » dit le roi en ouvrant, le 5 novembre, la session de 1821, « persévérons dans cette unité de vue qui a si >> efficacement comprimé les derniers efforts de l'esprit de >> trouble et de désordre. »

**

L'insurrection de Grèce avait commencé au mois de mars. Le soulèvement de la Moldavie et de la Valachie, comprimé par les Turcs, donna lieu, de la part du gouvernement russe, à des réclamations pour l'évacuation de ces deux principautés, la protection du culte grec, etc.; ces réclamations éprouvèrent des refus, et, vers la fin de décembre, de très-graves difficultés s'étaient élevées entre le cabinet de Saint-Pétersbourg et la Porte.

vention n'a porté aucun décret officiel qui fût aussi atroce. » Or, lorsque M. Pozzo parle ainsi, il est l'organe de l'opinion russe.

Lally a présenté pour l'adresse une phrase sur les Grecs, à laquelle le côté droit s'est opposé par égard pour la légitimité turque. Ségur a répondu qu'il serait fâché pour les légitimités chrétiennes qu'on voulût les confondre avec la légitimité du despotisme, du massacre et de la peste.

Si mon bulletin politique n'a pas plus d'intérêt, il n'y a pas de ma faute, et je crains que les travaux de la session n'en ajoutent pas beaucoup.

Paris, 23 novembre 1821.

Le ministère n'est pas à son aise. On intriguera sans doute beaucoup aujourd'hui. Si les choses restaient in statu quo, la commission d'adresse où il n'y a qu'un seul ministériel, serait sans doute fort sévère. Nous resterons, je pense, témoins du combat. L'extrême droite parle du ministère avec le plus violent mépris. On finira peut-être par s'arranger aux dépens du public.

Nous n'avons pas encore de chambre aujourd'hui, ce qui prouve que l'adresse et les intrigues ne sont pas encore terminées. Je reste étranger, non-seule

ment aux combinaisons de la droite et des centres, mais même à celles de notre côté gauche, que je prends toutes faites lorsqu'elles me conviennent.

Je viens de recevoir les adieux d'un jeune Grec à qui j'ai facilité les moyens de joindre ses frères. Ils viennent d'avoir un très-beau succès aux Thermopyles.

Paris, 10 décembre 1821.

Vous aurez lu avec plaisir plusieurs passages du discours de Chauvelin; il était utile d'expliquer cette rencontre fortuite de suffrages antiministériels *. On parle de changements : le ministère patriote serait composé de MM. de Talleyrand, Decazes, Gouvion-Saint-Cyr, Mollien et Daru. Le ministère royal de MM. de Blacas, de Serre, de Villèle, Corbière, etc.; M. Corbière rentrerait alors à l'instruction publique. Le ministère du pavillon Marsan réunirait MM. de Castelbajac à la marine, Bouville à la justice, Donnadieu à la guerre, Bourrienne, préfet de police, etc.; au reste, ce ne sont encore que dès bruits. On parle aussi de dissolution.

* L'adresse en réponse au discours du trône avait été votée avec une phrase qui accusait la politique extérieure du gouvernement, par une majorité considérable formée des deux oppositions de la chambre.

Vous aurez vu que l'empereur d'Autriche défend l'introduction de tout journal imprimé hors de ses États. Il paraît que l'attaque contre la presse est la partie la plus urgente du système général.

Avant-hier, après la séance, nous sommes allés entendre la fin du procès de Béranger. Les journaux ne l'ont pas rendu avec détail. Les derniers mots de la réplique de Dupin ont été : « Au reste, tout cela n'est qu'une affaire de chantres, de missionnaires et de capucins. » Le résumé du président, fait avec beaucoup de solennité, avait pourtant quelque chose de ridicule par l'obligation de citer des titres et des expressions de chansons, comme « le Diable m'emporte! L'Enrhumé, etc.» Le jury était composé, en général, d'hommes disposés à la sévérité, et néanmoins on n'a pu obtenir qu'une simple majorité sur un des articles; l'acquittement a été prononcé sur les trois autres.

Paris, 19 décembre 1821.

Il y a beaucoup de mouvements en Espagne : les journaux français sont loin de le dissimuler; on réunit sur la frontière plus de troupes qu'il n'en faut pour le cordon sanitaire. Le bruit courait que M. le duc d'Angoulême allait recommencer une campagne du Midi.

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