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» de Coblentz... (Vives exclamations à droite.) Oui, » messieurs, les manifestes de Coblentz. Ce que >> nous avons dit pendant vingt-cinq ans, pourquoi » ne le répéterions-nous pas aujourd'hui ? Le pou» voir est moins imposant que le malheur.

>> M. FORBIN DES ISSARTS: Je demande le rappel » à l'ordre de l'orateur. (Nombre de voix à droite: » Appuyé, appuyé.)

>> M. LE PRÉSIDENT: La discussion était établie » sur le procès-verbal, elle ne pouvait consister qu'à demander une suppression ou une addition » à ce qui est inséré. Mais il est impossible de pren>>dre la parole pour émettre une opinion qui ne >> trouvait sa place que dans la discussion elle-mème.

» LEGÉNÉRAL LAFAYETTE: Je renouvelle la ques» tion qui a été faite à MM. les ministres du roi...

» M. LE PRÉSIDENT: Vous n'en avez pas le droit >> en ce moment; vous n'avez pas la parole sur ce » sujet; j'en appelle à la bonne foi de l'orateur lui» même. Il est impossible, à l'occasion de la rédac» tion d'un procès-verbal, d'élever des questions » sur une discussion dont le procès-verbal contient » l'analyse...

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» LE GÉNÉRAL LAFAYETTE: Mon objet est, je » crois, suffisamment rempli. Je quitte la tribune en invitant mes honorables amis à n'y jamais >> monter sans renouveler à MM. les ministres la » question que je répète ici formellement, de n'en » jamais descendre sans avoir dit : Ne détruisons » pas l'indépendance napolitaine ! »>

DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE.

PROCÈS

DE MM. SAUQUAIRE-SOULIGNÉ ET GOYET *.

(Audience du 14 mars 1821.)

« Le général Lafayette est introduit.

» Me Berville transmet au témoin, par l'organe » de M. le président, les questions suivantes :

» N'aviez-vous pas des explications à donner sur les fragments de la correspondance insérée dans » l'acte d'accusation à la charge des prévenus

**?

Le général Lafayette parut comme témoin dans l'affaire de MM. Sauquaire-Souligné et Goyet. M. Sauquaire-Souligné, homme de lettres, et M. Goyet, qui avait contribué avec beaucoup de zèle à l'élection du général Lafayette, dans le département de la Sarthe, étaient traduits devant la cour d'assises, comme prévenus, le premier de propositions non agréées d'un complot contre la sûreté de l'État, et M. Goyet de non-révélation de ce complot. Après cinq audiences, le jury déclara que les deux accusés n'étaient point coupables.

** Voici quels étaient les fragments de correspondance ici désignés par M. Berville, avocat des accuses, et adressés à M. Goyet par le général Lafayette. Le ministère public les avait

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» LE GÉNÉRAL LAFAYETTE Je m'empresse de >> reconnaître ici tous les fragments des lettres qui » ont été citées, et tous les sentiments qui y sont exprimés. Je craindrais pourtant, en m'expliquant plus en détail sur ces lettres, de donner une >> sorte de sanction à un acte arbitraire et à une >> basse intrigue de police que j'abandonne au mé≫ pris public. Au reste, ces opinions, telles qu'elles » sont exprimées dans ma correspondance, je les >> ai manifestées dans la chambre; et, à ce titre, je pourrais peut-être m'étonner que le ministère public ait jugé convenable d'en faire un reproche » à M. Goyet. Si jamais, dans l'intérêt général, ces opinions ont besoin de quelques éclaircissements,

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cités dans son réquisitoire comme devant servir de base à l'accusation :

<< Atteindrons-nous la majorité? disait le général Lafayette à M. Goyet (dans une lettre du 5 février 1820); j'en doute fort, quand je pense que tout cela tient à quelques voix, et que le ministère a d'immenses moyens d'influence. Je prévois pourtant une défaite, à moins que l'opinion extérieure fût assez énergique pour faire reculer les auteurs du projet. »

Le général Lafayette écrivait au même le 14 juin 1820 : « J'ai reçu, mon cher commettant, avec la plus tendre reconnaissance, votre lettre du 10 juin; plût à Dieu qu'il n'y eût de danger que pour les députés et de dissentiment qu'entre le côté gauche, réduit même à soixante, et les partis de la chambre! Je suis persuadé que dans l'embarras où était le ministère, d'après le mouvement de Paris et l'opinion probable des départements, la ferme persévérance de soixante députés eût forcé le gouvernement à rentrer dans les lois de la raison; non que j'accuse le patriotisme des bons citoyens qui ont craint les troubles de leur pays plus que les sacrifices à la violence de leurs adversaires;

» c'est à la tribune nationale qu'il m'appartient » d'en donner le commentaire.

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» M© BERVILLE : Le témoin a-t-il été appelé dans » le cours de l'instruction?

» LE GÉNÉRAL LAFAYETTE : Je n'ai pas été >> appelé.

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>> M. GOYET: On a dit que, par suite des rela» tions que j'avais eues avec l'honorable témoin, j'avais usé de mon influence dans le département » de la Sarthe pour diriger les élections. Je lui de»manderai s'il avait eu avec moi la moindre rela» tion, lorsque je l'ai indiqué comme candidat dans »le Propagateur de la Sarthe?

» LE GÉNÉRAL LAFAYETTE : Non, je n'avais pas >> encore l'avantage de connaître M. Goyet; je mais chacun, avec les mêmes intentions, a sa manière de voir. Vous aurez vu la déclaration en guise de protestation et sous la forme de discours, qui a été prononcée, d'après une convention préalable entre nous, par notre excellent et patriote collègue Dupont (de l'Eure). Plusieurs de nous se sont levés en étendant la main; un plus grand nombre a crié oui en même temps que nous, de manière que le côté gauche s'est inscrit en faux contre la loi violatrice de la charte et de nos libertés. Voilà tout ce que nous avons pu avoir de collectif, le reste est individuel... Ne désespérons pas de la liberté, sa cause triomphera; les vainqueurs ne sont pas moins embarrassés dès à présent que les vaincus. La capitale a montré un esprit public plus prononcé qu'on ne l'aurait cru. Ce sentiment s'est manifesté en face et malgré les violences d'une force redoutable employée dans les premiers jours sans ménagement. » — On voit que le général Lafayette parlait, dans cette seconde lettre, des troubles qui furent provoqués, au mois de juin 1820, par le changement de la loi électorale. (Voy. la p. 161 de ce vol.)

» n'avais eu aucune relation avec lui à l'époque où » le Propagateur a bien voulu parler de moi » comme candidat.

» M. LE PRÉSIDENT: Je me serais abstenu de >> vous faire aucune interpellation sur vos lettres, » par le désir de ne pas prolonger plus longtemps » cet affligeant débat ; mais la déclaration publique » que vous venez de faire dans cette audience m'impose un rigoureux devoir.

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>> Comme député, les opinions que vous pouvez » émettre à la tribune ne sont que de la juridiction » de la chambre; mais vous ne paraissez ici que >> comme témoin; et devant la justice, qui ne fait aucune acception des personnes, vous ne pouvez >> être considéré que sous ce rapport. Ma conscience >> et mon devoir, comme président, me forcent donc >> à vous dire que je vois et même que la cour voit >> avec une douleur réelle que vous annoncez haute>>ment devant elle que vous persistez dans les

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principes énoncés dans vos lettres; la cour ne >> doit pas plus souffrir d'hérésies en droit qu'en politique.

>> Je crois devoir ajouter, dans l'intérêt des ac>> cusés eux-mèmes, que peut-être devez-vous vous >> reprocher de les avoir entraînés, par les principes » erronés de votre correspondance, sur les bancs » où ils sont aujourd'hui placés...

» LE GÉNÉRAL LAFAYETTE : Mon respect pour la » cour m'empêche de dire dans cette enceinte ce

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