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est bon, en général, que l'opinion nous soutienne, ne fût-ce que pour préserver tous ces insensés de leurs propres folies, plus funestes encore pour eux que pour la France.

Vous remarquerez dans le Constitutionnel un article jacobin sur les confiscations. Il est bien maladroit de se donner tort quand on a cent fois raison. La confiscation est un mauvais principe, elle a été abominablement appliquée à plus des trois quarts des émigrés et des proscrits. Les biens n'en sont pas moins devenus la propriété légale et inaliénable des acquéreurs. Quand on est sur ce terrain, pourquoi vouloir justifier ce qui a été injuste? pourquoi reparler de tout cela?

A M. LE DIRECTEUR DU MONITEUR.

Paris, 3 janvier 1820.

Monsieur, je lis dans le Moniteur d'aujourd'hui que je fus mis hors la loi en 1792, pour avoir voulu émigrer à la tête de mon armée.

C'est pour la première fois que je réponds à une calomnie de ces factions diverses qui s'entendirent mieux qu'on ne l'a pensé pour le déchirement de la France et pour ma mise hors la loi.

Ma conduite en 1792 est connue; la patrie l'a

jugée. Il m'appartient donc de réclamer ici contre une injurieuse confusion du patriotisme proscrit avec l'émigration armée, à moi qui ai toujours signalé celle-ci comme la principale cause des malheurs de la révolution et de tant de douleurs, tardives pour trop de gens, éternelles pour moi.

Je crois donc devoir donner un démenti formel, moins aux dociles écrivains de l'article, qu'aux protecteurs qui l'ont dicté.

PROPOSITION

Tendant à obtenir dans le cours de la session un projet de loi

POUR

LA RÉORGANISATION DE LA GARDE NATIONALE *.

(Séance du 10 février 1820.)

Depuis l'ouverture, déjà trop tardive, de cette » session, et après nous avoir fait perdre près de

* Cette proposition du général Lafayette fut appuyée en comité secret par le général Foy et le général Sébastiani. Le ministère la repoussa; et, après une épreuve douteuse, l'ajournement fut prononcé. Trois jours après le développement de cette opinion, le 13 février, l'assassinat du duc de Berri fut suivi de la présentation de plusieurs lois d'exceptions contre la liberté individuelle et la presse, et d'une nouvelle loi électorale qui changeait les bases de celle du 5 février 1817.

>> trois mois dans l'inquiétude et l'oisiveté, le gou» vernement s'obstine à ne plus nous parler des >> institutions que la France réclame, et sur les» quelles, dès la session dernière, le président ac» tuel du conseil se vantait, à cette tribune, d'avoir » des projets tout prêts; on ne s'étonnera donc pas » de ma persévérance à demander celle de ces in»stitutions qui me paraît éminemment nécessaire

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au maintien de notre indépendance et de l'ordre >> constitutionnel, surtout lorsque son organisa» tion doit mettre un terme à la foule de vexations >> réglementaires auxquelles les citoyens sont aujourd'hui soumis; j'ai même lieu de croire qu'entre ces deux genres d'obstination, ce n'est » pas celle du gouvernement qui obtiendra l'assen» timent national.

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» Peut-être aurais-je dù me prévaloir du droit » que nous avons de présenter, sous la forme de » proposition, des projets de loi complets; mais » l'ordonnance du 30 septembre 1818 a reconnu » que les lois de 1790 et 1791 subsistent dans toutes » celles de leurs dispositions qui ne sont pas con» traires à la charte, excepté néanmoins certaines >> modifications du sénatus-consulte du 24 sep>>tembre 1805, sur lesquelles le pouvoir législatif » de 1820 aurait à se prononcer entre les doctrines » de l'assemblée constituante et celles du sénat impérial. Quant à moi, dont le choix est. fait depuis » longtemps, j'ose dire à chacun de mes collègues qu'il ne pourra pas relire ces dispositions pré

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parées dans des comités très-éclairés, et qui appelaient toutes les lumières autour d'eux, débat>>tues ensuite dans l'assemblée avec calme, réflexion » et conscience, sans être frappé et mème touché >> des sentiments de patriotisme et de sagesse qui » ont présidé à leur rédaction. D'un autre côté, il » y a huit mois que le travail de la commission » spéciale, appelée au ministère de l'intérieur, et » dont quelques-uns de nos collègues faisaient » partie, a été terminé et remis au ministre. J'ai » donc pensé que là où il ne manquait plus que de » la bonne volonté, une adresse au roi serait le » moyen le plus prompt de remplir les vœux de la >> France et les devoirs de la chambre.

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>> Je ne retracerai pas ici cette première époque » de la révolution où la garde nationale naquit tout » armée à la voix de la liberté, pour conquérir nos imprescriptibles droits, et les défendre avec un égal dévouement contre les résistances domestiques, les attaques étrangères et les excès de la » licence, fruit déplorable de l'égarement ou de la perfidie. Liberté et ordre public furent le premier >> instinct de sa formation, le but constant de ses >> travaux et le lien de sa fraternité, aussi bien dans >> les détails les plus minutieux d'un service où lout >> alors était zèle et confiance, que lorsque quatorze >> mille députés de quatre millions de gardes natio>> nales venaient se fédérer sur l'autel de la patrie. » Après qu'une fatale combinaison de l'invasion `étrangère et de l'anarchie intérieure eut développé

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» les terribles éléments qu'elle s'était efforcée de » contenir, on vit une partie de ses membres les

plus distingués expier sur l'échafaud leur fidélité » à l'ordre constitutionnel, tandis que nos héroïques » armées, s'élançant de son sein vers la frontière, »scellaient de leur sang l'indépendance française.

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» Mais, depuis que les premières institutions de » la garde nationale eurent été d'abord altérées et >> ensuite anéanties par l'anarchie et par le despo» tisme, ses deux ennemis naturels, elle ne reparut plus, ramenée par la nécessité, qu'au milieu d'un >> chaos de décrets, d'ordonnances et de règlements >> souvent empreints des caractères d'une méfiance réciproque, livrés aux passions momentanées de » trois révolutions de gouvernement, et plus. » propres à la décourager qu'à la ramener aux principes de son organisation primitive. Néan» moins, toutes les fois qu'elle en fut rapprochée » par le besoin de défendre le sol de la patrie et de >> maintenir l'ordre public, à Paris, à Lyon, à Gre> noble, à Metz, à Strasbourg et dans tant d'autres » lieux, elle se montra digne de son origine et de son nom; et, si ce nom fut trop souvent usurpé » par l'esprit de faction, comme l'ont été en divers » temps les dénominations les plus respectables, » soit pour désarmer le peuple français au lieu de >> l'armer, soit pour servir de criminelles machina>>tions, soit pour tourmenter, rançonner ou éli» miner les meilleurs citoyens, la chambre ne >> verra, dans cet abus des choses et des mots, qu'un

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MÉM. DE LAFAYETTE.

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