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Que dirai-je des affaires américaines, par rapport à l'Europe? la conduite de la Grande-Bretagne a été et continue d'ètre insolente, malicieuse et peu franche; de ce côté, les États-Unis ont à combattre non-seulement un principe général d'ambition et de despotisme maritime, mais encore une rancune particulière qui a devancé la jalousie nationale*. En

* En 1806, le gouvernement britannique mit en vigueur le système du blocus nominal, et prétendit interdire aux Américains le commerce avec la France et les États qui en dépendaient. Alors, par un décret du 21 novembre de la même année, daté de Berlin, l'empereur déclara les iles britanniques en état de blocus pour tout le continent, défendit tout commerce et correspondance avec elles, et ordonna de saisir toute marchandise de provenance anglaise. Le 11 novembre 1807, l'Angleterre, par représailles et en vertu des ordres du conseil, retira aux neutres la faculté de commercer avec tout pays d'où son propre commerce était exclu, les soumit à un droit de visite, avec pouvoir de les amener dans ses ports, d'examiner et imposer leurs cargaisons. En opposition à ces ordres du conseil, un décret de Milan, du 17 décembre 1807, déclara que tout bâtiment qui s'y soumettrait serait dénationalisé et de bonne prise; un grand nombre de vaisseaux américains furent de la sorte saisis dans les ports de France, d'Espagne et de Naples. Aux mois de décembre 1807 de mars 1809, et de mai 1810, le congrès opposa à ces violences réciproques un embargo général prohibant toute relation commerciale des États-Unis avec l'Angleterre ou la France. C'est alors que, le 28 avril 1811, Napoléon rapporta une partie de ses décrets à l'égard de l'Amérique, rétablit avec elle de plus justes relations, tandis que le gouvernement britannique, par sa persistance dans l'application rigoureuse des ordres du conseil, provoqua la guerre de 1812.

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France, le peuple, et même les membres du gouvernement, voudraient maintenir le droit des neutres, et former des liens plus intimes avec l'Amérique, mais l'idée fixe et erronée qui dirige la politique de l'empereur, le fait agir d'une manière toute contraire à ce que la justice, l'intérêt national et sa propre haine contre l'Angleterre auraient du dicter. Je suis si convaincu de cette vérité, que tous les jours j'espère que ses grandes facultés de discernement et de calcul lui feront à la fin découvrir qu'il suit une fausse direction dans son plan contre la GrandeBretagne.

Quoique je ne vous apprenne rien de nouveau, je trouve toujours un grand plaisir à vous exprimer l'affection et l'estime qui m'ont dévoué à vous pour toujours.

A M. JEFFERSON.

Paris, 20 février 1810.

Le récit des actes de ce pouvoir impérial, singulier mélange de grandeur empruntée à la révolution et d'abaissement contre-révolutionnaire, vous apprendra nos triomphes sur les ennemis étrangers, le récent agrandissement de notre territoire hors des limites qui lui conviennent, ainsi

que de nouvelles mesures contre la liberté publique *. L'attention générale se porte principalement sur les progrès de nos armées au sud de l'Espagne **, et l'incorporation de la Hollande à la France. Ce dernier événement met en fuite les capitaux, en même temps qu'on fait espérer aux capitalistes que l'empereur est sur le point d'entamer avec l'Angleterre quelques négociations ***. On est aussi trèsoccupé de la rupture avec le pape, qui jette le gouvernement français dans les divers embarras attachés aux disputes de ce genre, partout où l'égalité religieuse n'est pas complète, du mariage de Bonaparte avec une archiduchesse d'Autriche, fille de l'empereur François et d'une princesse de Bourbon ****, ce qui lie par la plus intime parenté Bonaparte à la maison d'Autriche et à toutes les branches

* Les dernières dispositions du Code pénal furent promulguées le 2 mars. Un décret impérial du jour suivant établissait huit prisons d'État permanentes. Il suffisait, pour que la détention fût ordonnée, d'une simple décision du conseil privé, sur le rapport du ministre de la police ou de la justice.

** Le 2 février 1810, Séville, siége de la junte suprême des insurgés espagnols, avait été occupée. Alicante, Carthagène, Cadix, où se réfugia la junte, et l'ile de Léon, étaient les seuls points où n'avaient pas encore pénétré les troupes françaises.

*** Le 16 mars, par un traité entre l'empereur et son frère Louis, roi de Hollande, celui-ci céda le Brabant hollandais, la Zélande et la partie de la Gueldre située à la gauche du Wahal. — Le cours de la rente s'éleva à cette époque à l'un des taux les plus élevés qu'il ait atteint sous l'empire (84 fr. 50 c.). La Hollande ne fut entièrement incorporée que le 13 décembre, en même temps que les villes anséatiques.

**** La convention de mariage est du 7.

de celle de Bourbon. Cette alliance plaît généralement aux gens de l'ancien régime, et mécontente ceux qui ont pris part à la révolution. Cette lettre en accompagne une autre, et je finis en vous offrant, etc...

A M. JEFFERSON.

Lagrange, 4 juillet 1812.

Voici, mon cher ami, l'anniversaire de ce grand jour *, où l'acte et l'expression ont été dignes l'un de l'autre; ce double souvenir aura été heureusement renouvelé dans votre paisible retraite par la nouvelle de l'extension du bienfait de l'indépendance à toute l'Amérique **. Nous avons eu le plai

* Le trente-sixième anniversaire de la proclamation de l'indépendance américaine en 1776. Cet acte avait été rédigé par M. Jefferson.

** Une première tentative de soulèvement, dirigée par Miranda, avait eu lieu dès 1806 à Caracas, dans l'Amérique du sud ; elle fut comprimée. La nouvelle des événements de la métropole, arrivée au mois de juillet 1808, décida les six provinces de Caracas ou Venezuela à réclamer d'importantes réformes. Le 19 avril 1810, elles érigèrent une junte suprême pour le maintien des droits de Ferdinand VII, en même temps qu'on décida l'arrestation des magistrats espagnols. Les chefs de cette entreprise ayant été déclarés en état de rébellion par le gouvernement d'Espagne, le 5 juillet 1811 l'indépendance de la république de Venezuela fut proclamée. — Les vingt-deux provinces de la Nouvelle-Gre

rions pas été témoins sans l'ambition du despote européen. Autrefois, vous m'avez vu aussi plein d'espoir pour la France dans ce même mois de juillet, et vous approuvâtes ma courte déclaration, dont nous nous flattions que l'effet serait aussi durable qu'il fut communicatif et déterminant. Cependant, quelles qu'aient été la violation, la corruption, et, en dernier lieu, la proscription avouée des idées libérales, je suis convaincu qu'elles se sont conservées plus qu'on ne le croit généralement, et qu'elles ranimeront encore l'ancien comme le nouveau monde.

Dans ce moment, d'immenses forces continentales, sous Napoléon, vont attaquer l'empire russe, en prenant les bords du Niemen pour point de départ. Alexandre livrera-t-il des batailles rangées? Demandera-t-il des conférences? Il court risque, dans l'un ou dans l'autre cas, d'être défait ou attrapé; mais, s'il traîne la guerre en longueur, il pourra

nade formèrent une junte à Santa-Fé de Bogota, le 20 juillet 1810. Au Mexique, diverses insurrections éclatèrent au mois de septembre 1810 et en 1811. Les vingt provinces de Rio de la Plata ou Buenos-Ayres eurent aussi leurjunte, le 21 mai 1810, et le 13 janvier 1813, une assemblée constituante y fut convoquée. L'insurrection du Chili se manifesta en 1810'; un congrès y fut remplacé, en décembre 1811, par une junte. On sait qu'après le rétablissement de Ferdinand VII, l'envoi de nouvelles troupes espagnoles fut suivi, dans ces diverses provinces, d'une longue lutte et de leur complète indépendance.

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