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mêmes au marquis de Gallo. « Les soussignés, di» sent-ils, espèrent que M. le marquis de Gallo » voudra bien interposer ses bons offices auprès » de S. M. I. pour que les prisonniers d'Olmütz >> soient mis en liberté, et aient la faculté de se » rendre en Amérique ou dans tout autre en» droit, sans pourtant qu'ils puissent actuelle»ment se rendre en France *. » L'ordre du directoire, recommandé, par une lettre particulière de Barras à son ami, fut renouvelé immédiatement après le 18 fructidor (4 septembre 1797) par une dépêche de Talleyrand, lorsque nous venions d'ètre mis en liberté. Je n'ai appris que plus tard toutes les circonstances de cette négociation.

Quoi qu'il en soit, je n'oublierai jamais que, pendant cinq mois d'instances d'une part, et de chicanes de l'autre, les plénipotentiaires nous réclamèrent avec persévérance et vigueur. Louis Romeuf, Victor et le jeune Florimond Latour - Maubourg **, conduits au quartier général de l'armée d'Italie par leur affection pour nous, y avaient reçu un accueil

On a vu, p. 355 et 356 du sept. vol., et p. 67,78 et 80 du huitième qu'il résultait, soit des notes du directoire et des explications du général Clarke, soit du témoignage de M. L. Romeuf envoyé auprès de M. de Thugut pour négocier la délivrance des prisonniers d'Olmütz, que cette clause restrictive de la pièce remise au marquis de Gallo avait été stipulée par Bonaparte lui seul et écrite tout entière de sa main.

** Fils du prisonnier d'Olmütz, ancien ambassadeur à Constantinople et à Rome, où il est mort en 1837.

délivrance.

Vous savez que, pour rentrer en France, il eût fallu flatter les fructidoriseurs aux dépens de leurs victimes. En faisant à M. Reinhard, ministre à Hambourg, toutes les professions qui convenaient à mes sentiments français et républicains, je ne lui cachai pas ma désapprobation des mesures violentes qui avaient signalé le 18 fructidor, et mon horreur des actes de tyrannie qui l'avaient suivi. Nos lettres de reconnaissance ne furent donc adressées qu'au ministre des relations extérieures Talleyrand, au général Clarke et au général Bonaparte *.

Louis Romeuf, qui était venu auprès de nous, ayant voulu rejoindre l'armée, je lui remis cette autre lettre pour le général en chef :

Lemkuhlen, 6 mars 1798.

« Je sais depuis longtemps, citoyen général, que les remerciments des prisonniers d'Olmütz vous sont parvenus, et que vous leur avez adressé votre réponse, mais nous ne l'avons pas recue, et il paraît que, de ce côté-ci du Rhin, on s'est réservé l'unique avantage d'intercepter vos lettres. Celle-ci vous sera portée par l'ami qui, après avoir été em

* Voyez la lettre adressée, le 6 octobre 1797, par les prisonniers d'Olmütz au général Bonaparte, p. 81 du huitième vol. Elle fut publiée, le 11 novembre, dans le Moniteur.

une inexprimable et bien juste ardeur de pouvoir faire sous vos ordres la campagne qui va s'ouvrir *. Nous avons cru que la mission dont vous l'aviez chargé l'autorisait à vous aller lui-même demander un bonheur dont il est à tous égards si digne. C'est avec tous les droits d'une âme reconnaissante, avec une confiance proportionnée à mes obligations que je prends la liberté de mettre ses intérêts en vos mains. Il vous montrera une lettre au gouvernement, où je lui représente la situation et les vœux du petit nombre de compagnons qui, en 1792, furent associés à mon sort. Leur patriotisme éprouvé et constant, leur désir de verser leur sang pour la république, et dans votre armée, vous mettent à portée d'exercer en leur faveur votre bienveillance; je la réclame au nom de celle à laquelle je dois plus que ma liberté et ma vie, puisque ma femme, mes filles, mes camarades de captivité vous reconnaissent aussi pour leur libérateur. Je regrette vivement que votre absence de Paris ait privé mon fils du bonheur de vous voir; mais la manière dont la citoyenne Bonaparte a bien voulu l'accueillir, et les expressions dont elle s'est servie en votre nom et au sien, sont gravées dans mon cœur. Agréez tous les souhaits que l'amour de ma patrie et le sentiment de mes obligations m'inspirent pour vous. J'espère n'avoir pas besoin de vous assurer

* L'expédition d'Égypte. Elle partit le 19 mai.

J'éprouvais en effet quelque surprise de n'avoir pas reçu la réponse dont Bonaparte avait parlé nommément à madame de Staël. J'appris ensuite que, sur un mot d'un officier de mes amis, Bonaparte avait exprimé très-vivement sa répugnance à mon retour, quoiqu'il vînt d'observer obligeamment à cet officier, « que si je m'exposais au malheur d'être pris sur mer par les Anglais, la coalition, en me promenant de vaisseau en vaisseau, trouverait moyen de ne jamais me rendre. » J'aurais plus tôt jugé sa disposition à mon égard, si j'avais su que, dans une conversation confidentielle, il dit un autre jour : « Lafayette a le talent de se » faire des amis... Si la fortune m'abandonnait, » il ne me resterait que ma femme, parce qu'on a toujours la personne avec qui on couche... et peut-être mon frère Joseph *. Mais lorsqu'il partit pour l'expédition d'Egypte, mon ancien et un de mes plus chers projets **, je me livrai tellement à mes vœux patriotiques pour lui, que M..., chez qui j'étais alors, voyant en lui le plus probable obstacle à mon influence future, ne se lassait pas d'observer en moi l'empire de la passion sur l'intérêt personnel.

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**

Je me trouvais en Hollande près de vous, mon

Voyez, p. 7, la date de cet écrit.

Voyez la p. 154 du huitième vol.

cher ami, lorsqu'il revint d'Egypte*. Depuis longtemps je souhaitais un effort de quelques bons citoyens ; je tâchais de l'exciter par mes lettres: on lui en montra une adressée à Émery**.Tout le monde sentit à son arrivée, qu'il était l'homme de la circon stance. Je lui écrivis un mot qu'il ne reçut qu'après le 18 brumaire***; mais ce jour-là même, au moment le plus critique, il entendit, m'a-t-on assuré, demander mon retour, et le lendemain il fut dit devant son frère Joseph que je devais être généralissime des gardes nationales. Vous savez que, lorsque la nouvelle parvint à Utrecht, le commandant de la place donna pour mot d'ordre, Liberté, Paris et Lafayette. Vous vous rappelez aussi l'arrivée de mon aide de camp, Alexandre Romeuf; il venait me rendre compte du 18 brumaire, et, en m'apportant un passe-port sous un nom supposé, il me dit, de la part de ma femme, que, si j'adoptais l'idée de partir pour France, il faudrait me décider sous peu de jours. Je ne réfléchis pas une seconde, et deux heures après j'étais en route.

Arrivé à Paris, chez Adrien de Mun ****, je reçus plusieurs amis, et j'écrivis aux consuls provisoires, Bonaparte et Sieyes.

*Voyez la p. 319 du huitième vol.

** Celle du 2 octobre 1799. (Voy. la p. 258 du huitième vol.) *** Voyez ce billet, p. 325 du huitième vol.

**** M. le marquis de Mun, membre de la chambre des pairs.

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