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sitions : « Il n'est plus question, dit-il, de recou» vrer les conquêtes que nous avons perdues. Je » ferai sans regret les sacrifices qu'exigent les »> bases préliminaires proposées par l'ennemi, et » que j'ai acceptées; mais si l'ennemi ne signe pas » la paix sur les bases qu'il a lui-même offertes, >> il faut le combattre ! »

Le corps législatif se prête encore moins que le sénat à donner son assentiment au parti extrême vers lequel Napoléon semble pencher. Sur la proposition du député Lainé, qui est rapporteur des commissaires, l'assemblée exige que le gouvernement se lie pour l'avenir par des engagements qui sont la censure du passé. On ne peut refuser ouvertement de combattre pour l'intégrité du territoire; mais on profite de l'urgence des besoins pour demander des garanties de liberté et de sûreté individuelle, demande qui n'était autre chose qu'une accusation indirecte de tyrannie.

Ainsi donc, au lieu d'un concert de zèle et de dévouement contre l'ennemi commun, Napoléon n'entend que des murmures et des reproches!... On savait que l'Angleterre pratiquait des intelligences dans nos provinces, notamment à Bordeaux, et qu'elle s'efforçait de réveiller partout les espérances des vieux parti

sans de la maison de Bourbon. Ces renseignements rendaient l'opposition inopinée du corps législatif plus grave et plus embarrassante. Le temps, qui éclaircit tout, et l'ivresse du succès, qui est toujours indiscrète, nous révèleront un jour cette conjuration '; alors la police ne la connaissait qu'imparfaitement. Néanmoins Napoléon ne peut s'empêcher de reconnaître dans ce qui se passe autour de lui une intrigue liée des factieux. Cédant à ses soupçons, il prend par

1 Voici les détails qui ont été publiés à cet égard :

Depuis le mois de mars 1813, une confédération royaliste s'était organisée au centre de la France. Les ducs de Duras, de La Trémouille et de Fitz-James; MM. de Polignac, Ferrand, Adrien de Montmorency, Sosthène de La Rochefoucauld, de Sesmaisons, et Laroche-Jaquelain, en étaient l'âme. On se réunissait au château d'Ussé, en Touraine, chez M. de Duras. Le préfet de Nantes luimême était de ces conciliabules (Histoire de 1814, par M. Beauchamp, tom. II, pag. 45). La perte de la bataille de Leipsick et l'évacuation de l'Allemagne avaient donné un nouvel essor aux projets des royalistes de l'ouest et du midi. Le comte Suzannet avait pris secrètement le commandement du Bas-Poitou, Charles d'Autichamp s'était chargé du commandement d'Angers, le duc de Duras de celui d'Orléans et de Tours, le marquis de Rivière de celui du Berry (Voyez même histoire, tom. II, pag. 50). Sur ces entrefaites, le duc d'Angoulême débarquait à SaintJean-de-Luz, et se rendait au quartier général de Wel

le parti de dissoudre le corps législatif; et, dans l'audience de congé qu'il donne aux députés, il laisse échapper l'expression de son vif mécontentement: « Je vous avais appelés pour m'aider, >> leur dit-il, et vous êtes venus dire et faire ce » qu'il fallait pour seconder l'étranger: au lieu » de nous réunir, vous nous divisez. Ignorez» vous que, dans une monarchie, le trône et la » personne du monarque ne se séparent point?

lington. Toute la confédération de l'ouest devait se déclarer au premier signal du duc de Berry, qu'on attendait impatiemment à Jersey. M. Tassard de Saint-Germain était à Bordeaux à la tête d'une association composée d'un grand nombre de personnes de toutes les classes... M. le chevalier de Gombaut était aussi à la tête d'une association pieuse qui avait le même but politique. Le marquis de LarocheJaquelain était plus particulièrement attaché à l'association du chevalier de Gombaut. L'ordre fut donné de l'arrêter : averti par le comte de Lynck, maire de Bordeaux, il échappa aux recherches en se réfugiant dans sa famille... Le comte de Lynck avait fait en 1813 (novembre) un voyage à Paris. Après s'être concerté avec M. Labarthe, autrefois à la tête d'une association reyaliste, et avec MM. de Polignac, il était reparti pour Bordeaux plein de la ferme volonté d'y servir puissamment le roi... Depuis long-temps cette secrète intention germait dans le cœur du comte de Lynck (Voyez le même ouvrage, pag. 50 ). Le député Lainé, lié avec le comte de Lynck, avait reçu ses confidences et partageait ses projets ( Ibid., tom. II, pag. 86 et 87 ).

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Qu'est-ce que le trône? Un morceau de bois. » couvert d'un morceau de velours; mais, dans la langue monarchique, le trône, c'est moi! Vous parlez du peuple; ignorez-vous que c'est moi » qui le représente par-dessus tout? On ne peut >> m'attaquer sans attaquer la nation elle-même. >>> S'il y a quelques abus, est-ce le moment de me » venir faire des remontrances, quand deux cent >> mille Cosaques franchissent nos frontières ? >> Est-ce le moment de venir disputer sur les li» bertés et les sûretés individuelles, quand il s'agit de sauver la liberté politique et l'indépen> dance nationale? Vos idéologues demandent des » garanties contre le pouvoir: dans ce moment, >> toute la France ne m'en demande que contre » l'ennemi... Vous avez été entraînés par des » gens dévoués à l'Angleterre ; et M. Lainé, votre » rapporteur, est un méchant homme ". »

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Tandis que Napoléon se livrait à cette conversation animée, un auditeur était là, qui avait la prétention de la dérober pour l'histoire. Ainsi des phrases échappées d'abondance, des expressions hasardées dans la vivacité du dialogue, sont devenues des documents authentiques, au gré de la mémoire d'un individu anonyme, ou plutôt au gré de la partialité des écrivains. Quoi qu'il en soit, les pensées grandes et fortes qui rendent cette conversation si remarquable n'ont pu être entièrement dénaturées : elles

Quelque vif que soit cet éclat, le député Lainé retourne dans ses foyers, aussi libre que ses collègues.

percent dans le libelle à travers les expressions triviales sous lesquelles l'affectation du mot à mot les a travesties.

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