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sage des Villes forestières qui commandent au sud du Brisgau le passage du Rhin.1 Enfin l'Alsace allait être complétée par l'acquisition de Strasbourg; un coup hardi, frappé par les Chambres de réunion, mit aussi aux mains de Louis XIV la forteresse de Luxembourg, mais il dut la rendre au traité de Ryswick; toutefois Sarrelouis, et l'enclave française de Landau continuèrent à servir de ce côté d'avantposte aux lignes fortifiées de la Lorraine et de l'Alsace.

Cet immense travail s'accomplit avec une célérité remarquable, sans ostentation, sans grand appareil. On appela tout simplement ces mesures le réglement des places de la frontière; il semblait qu'il ne se fût agi que des détails de l'administration les plus vulgaires. Or, il s'agissait tout simplement de sauver la France, et l'événement le prouva bientôt. Les désastres essuyės par les armées françaises pendant la guerre de la succession d'Espagne attirèrent sur nos limites l'invasion étrangère. Après Hochstett, les impériaux se portèrent sur l'Alsace, prirent Landau, et voulurent percer la ligne de la Sarre. Villars, appuyé sur la nouvelle forteresse de Sarrelouis et

1 Ce sont les villes de Rhinfeld, Seckingen, Lauffenbourg et Waldshut, situées sur le cours du Rhin entre Bâle et Schaffhouse.

GUERRE DE LA SUCCESSION D'ESPAGNE

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le camp retranché de Sierck, les contraignit à la retraite (1704). Après Oudenarde (1708), ce fut la frontière du Nord qui fut menacée. Lille succomba après un siége terrible; mais les armées coalisées, malgré ce succès, n'osèrent s'aventurer au milieu des forteresses qui couvraient de toutes parts le pays. Les ennemis firent alors le siége de Mons; une fois maîtres de cette place, ils espéraient emporter les forteresses secondaires qui barraient la haute vallée de l'Oise. Villars marcha au secours de la place; mais il fut complètement défait à la journée désastreuse de Malplaquet (11 septembre 1709). Marlborough et le prince Eugène, libres de leurs mouvements après cette victoire, pressèrent le siége de Mons qui dut capituler. Mais les places secondaires, qu'ils comptaient emporter presque sans coup férir, retardèrent leur marche sur l'intérieur de la France. L'année 1710 se passa aux siéges de Béthune, de Douai, d'Aire et de SaintVenant; et même après leur reddition, le prince Eugène n'osa pénétrer plus avant sur notre territoire, de peur de voir ses communications avec les Pays-Bas coupées par les garnisons de tant de forteresses laissées intactes. En 1711 et 1712, le prince Eugène essaya de pénétrer par une autre route, il emporta le Quesnoy et assiégea Landrecies. Il avait assis son camp à Denain et l'avait entouré de retran

chements. C'est ce camp retranché que Villars assaillit et emporta le 24 juillet 1712. Cette brillante victoire sauva la France et fit reculer définitivement l'invasion; mais la frontière de fer avait arrêté pendant cinq ans tous les efforts de nos ennemis. Les étrangers avaient éprouvé la solidité de cette barrière; ils la respectèrent pendant tout le dix-huitième siècle; même pendant la malheureuse guerre de Sept Ans et après le désastre de Rosbach, ils n'essayèrent pas d'envahir la France.

CHAPITRE IV

LES INVASIONS DE 1792 ET DE 1793

I

CAMPAGNE DE VALMY

Nous touchons enfin à l'un de ces grands combat dont le souvenir est encore vivant parmi nous. Les glorieuses conquêtes de la République devaient avoir pour prélude une invasion formidable suivie d'une revanche éclatante. Tout semblait favoriser les ar mées alliées que la coalition de Pilnitz précipitait sur la France en 1792. L'armée française avait été désorganisée par des révoltes au sein des régiments, par l'émigration d'un grand nombre d'officiers, par le défaut de confiance des soldats dans leurs chefs. Le

seul général qui pût exercer sur eux un ascendant véritable, Lafayette, venait d'émigrer aussi, impuissant à modérer cette révolution qu'il avait rêvée aussi pacifique que féconde; et qui se déshonorait par des insurrections semblables à celle du 20 juin. Nos. armées étaient peu nombreuses, et les turbulentes recrues qu'on leur expédiait des grandes villes étaient plus propres à causer des séditions dans les camps qu'à vaincre sur les champs de bataille.

La France eut alors pour sauveur un homme qui devait bientôt après la trahir, Dumouriez. Profondément habile, calme au milieu du danger, sans principes, par conséquent sans enthousiasme, singulier mélange de qualités éminentes et d'un caractère corrompu, Dumouriez préserva Paris et toutes nos régions du Nord de l'invasion.

Le plan de la campagne de 1792 était dû à l'étatmajor prussien. Les alliés devaient pénétrer sur notre territoire, en passant par le duché de Luxembourg. La place forte de Luxembourg que Louis XIV avait dû, bien malgré lui, rendre au traité de Ryswick, est une des clés de la France; par elle on tournait sans danger les forteresses de Sarrelouis, de Thionville et de Metz; on n'avait devant soi que Longwy et Verdun; une fois ces places prises ou masquées, il n'y avait plus en Champagne d'obstacle

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