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tait toujours l'armée anglaise, commandée par le duc de Norfolk.

Jamais Paris n'avait encore été si sérieusement menacé par une armée allemande ; mais aucun échec grave n'avait anéanti nos armées. Des forces imposantes, s'appuyant sur les forteresses de Meaux et de la Ferté-sous-Jouarre, barraient le chemin aux impériaux. Il semblait même que la France fût à la veille d'une revanche éclatante, quand la paix fut conclue inopinément à Crespy en Laonnais (18 septembre 1544).

Charles-Quint, en faisant à l'un des fils de François Ier des avantages illusoires, sortit ainsi avec honneur d'une campagne qui, en se prolongeant, aurait pu avoir pour ses armes les plus funestes résultats. Le salut de la France dépendait de la prolongation de la résistance. François Ier l'acheta immédiatement, au prix d'un traité impolitique, qui ne devait marquer qu'un temps d'arrêt dans cette lutte séculaire de la France contre l'Autriche.

CHAPITRE III

LES INVASIONS ALLEMANDES AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE

Si funestes qu'eussent été à la France les tergiversations politiques de François Ier, la fin des longues guerres de la France et de l'Autriche, au seizième. siècle, fut pourtant marquée par une acquisition utile: les trois évêchés lorrains de Metz, Toul et Verdun furent cédés à la France au traité de Câteau-Cambrésis en 1559. Ces trois places fortes étaient comme autant de sentinelles avancées qui couvraient de ce côté la frontière champenoise et pouvaient servir à maintenir le duc de Lorraine dans notre alliance.

La fin du seizième siècle ne fut marquée par au

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cune invasion. L'étranger franchit souvent notre frontière et fut mêlé à nos discordes; mais il trouvait un parti qui l'appelait et l'introduisait sur notre territoire. C'est ainsi que les princes luthériens de l'Allemagne et les Anglais donnèrent des secours aux armées protestantes, que les Espagnols appuyèrent la Ligue, et que leurs troupes occupèrent la capitale. Pendant les guerres de religion, Paris fut assiégé deux fois d'abord en 1589, par Henri III, lorsqu'à la fin de son règne il réunit contre la Ligue ses troupes à celles du roi de Navarre; on sait qu'après l'assasinat d'Henri III par Jacques Clément, Henri IV, reconnu roi seulement par un assez petit nombre d'adhérents, dut lever le siége et se retirer en Normandie. Les victoires d'Arques et d'Ivry lui permirent d'investir de nouveau la capitale; ce fut le siége le plus sérieux. Paris cerné étroitement faillit être pris par la famine; mais l'approche de l'armée espagnole, commandée par le duc de Parme Alexandre Farnèse, força encore Henri IV à la retraite (1590). On ne peut compter comme un troisième siége les mouvements de l'armée d'Henri IV autour de Paris en 1594, lorsque son parti triomphait dans presque toute la France, et qu'en dépit de la garnison espagnole les portes de Paris lui furent ouvertes presque sans coup férir.

LES GUERRES DE RELIGION

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La paix de Vervins, en 1598, termina les longues luttes de la France et de l'Espagne. En montant sur le trône, Henri IV avait donné à la France les deux petites provinces du comté de Foix et du Béarn. En 1601, il avait contraint le duc de Savoie à céder en échange de nos possessions dans le Piémont les pròvinces de la Bresse et du Bugey, le Valromey et le bailliage de Gex. Notre frontière se rectifiait ainsi peu à peu et s'approchait de ses lignes naturelles de défense. S'il eût pu mener à bonne fin les grands projets qu'il avait conçus à la fin de son règne, l'acquisition de la Savoie nous eût donné les Alpes pour limite; la Lorraine, le Luxembourg, les duchés de Clèves et de Juliers réunis à la France lui eussent servi de barrière contre l'Allemagne. L'assassinat d'Henri IV réduisit à néant toutes ses espérances; mais l'Empire, absorbé dans la lutte gigantesque de la guerre de Trente Ans, fut trop déchiré par ses querelles intestines pour songer à une attaque contre la France.

Paris fut cependant encore une fois en danger, lorsque la politique habile de Richelieu fit intervenir la France dans les affaires de l'Empire, dans le but d'abaisser la formidable puissance de la maison d'Autriche. Alliés naturels de la cour de Vienne, les Espagnols se trouvèrent en lutte avec nous, et leurs

possessions de l'Artois et des Pays-Bas étaient une menace continuelle pour la capitale. Un traité conclu inopément avec les Liégeois, alliés de la France, donna à l'ennemi des forces importantes disponibles pour une invasion. Richelieu surpris n'eut pas le temps de pourvoir à la sûreté de la frontière, et, au mois de juillet 1636, une armée impériale se jetait sur la Picardie. La petite forteresse de la Capelle en Thiérarche ne put tenir que quelques jours; le Câtelet en Vermandois, se rendit; le 2 août, l'armée hispano-allemande forçait le passage de la Somme entre Brai et Corbie: quelques succès encore, et elle était sous les murs de Paris.

Une véritable panique se mit dans la capitale. Le général des impériaux, le fameux Jean de Werth, passait à juste titre pour être cruel. Une multitude de cavaliers hongrois et croates étaient venus rejoindre ses troupes, et, disséminés dans la campagne, pillaient et dévastaient tout sur leur passage. Les riches s'enfuyaient au plus vite par les routes d'Orléans et de Chartres, et le peuple, toujours assez mal disposé pour Richelieu, l'accusait de tous les maux de la France et faisait éclater contre lui son mécontentement. Richelieu fit tête à l'orage; tandis que ses amis tremblaient à la pensée d'une sédition, il se rendit avec calme à l'Hôtel-de-Ville, où il avait

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