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des confédérés, un courrier, expédié de Paris au quartier général français, tomba entre les mains des ennemis; les dépêches furent déchiffrées; on comprit dans quel état d'abandon et de désarroi se trouvait la capitale, et l'empereur Alexandre fit décider que Schwartzenberg et Blücher, réunissant immédiatement leurs forces, marcheraient directement sur Paris. Un assez faible corps d'armée fut chargé de simuler la poursuite de l'armée de Napoléon, afin de le tromper sur les véritables desseins des alliés, et d'empêcher qu'il ne revînt défendre la capitale. Le résultat de cette manœuvre fut la bataille du 30 mars et la prise de Paris.

Napoléon, pendant ce temps, reconnaissait son erreur, et, voyant que les alliés renonçaient à le poursuivre, revenait à marches forcées sur les derrières de leur armée pour tâcher de sauver Paris. Il arriva trop tard : alors, par un suprême effort, il tenta d'amuser les alliés par des propositions de paix, tandis que son armée se concentrait à Fontainebleau, De là, il voulait s'élancer sur Paris et accabler dans la ville même les coalisés surpris à l'improviste. Ce plan échoua encore par l'adhésion du maréchal Marmont et du corps retiré de Paris à Corbeil et à Essonne au gouvernement provisoire institué à Paris. Privé de ces troupes qui devaient former la tête de

FONTAINEBLEAU

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sa colonne, Napoléon dut renoncer à son projet, et abdiquer.

La défection de Marmont était due à l'influence de Talleyrand. Le soir même du 30 mars, pendant qu'on négociait la capitulation de Paris, Talleyrand, connaissant le caractère présomptueux de Marmont, l'avait comblé de prévenances et d'éloges, et lui avait fait entrevoir la possibilité de jouer un grand rôle dans les événements qui allaient s'accomplir. Marmont, séduit, recónnut le gouvernement nouveau, et entraîna les chefs de corps après lui. Le découragement des officiers supérieurs ébranla la constance de l'empereur. La bourgeoisie, lasse de tant de guerres, inclinait vers le gouvernement au nom duquel on lui promettait la liberté dont jouissait l'Angleterre et la paix après laquelle on soupirait depuis si longtemps. Le vide qui se faisait autour de l'empereur lui fit sentir qu'il fallait subir la loi du vainqueur, et le conquérant qui avait parlé en maître à l'Europe était réduit à accepter l'asile que la coalition lui donnait à l'île d'Elbe.

Ainsi se termina cette lamentable invasion de 1814, qui, jusqu'au dernier de ses épisodes, eût pu aboutir à la ruine des alliés, s'ils avaient eu devant eux un pays moins épuisé. Ils sentirent du moins, par cette héroïque résistance, qu'il n'était point facile d'en

finir, non seulement avec un capitaine tel

que Napoléon, mais avec un pays aussi héroïque que la France. S'ils avaient eu devant eux la France de 1792, que leur eût servi leur million de soldats, puisque la France, épuisée par vingt-cinq ans de guerres, abattue par le despotisme, fut encore si difficile à vaincre?

CHAPITRE VI

L'INVASION DE 1815

Les traités de 1814 avaient été précédés de promesses que les alliés, une fois maîtres de la situation, ne se souciaient que fort peu de tenir. En garantissant à la France ses limites de 1792, les souverains confédérés avaient ajouté qu'ils pouvaient même faire plus, parce que, pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte. Cette grandeur et cette force se réduisirent à cinq cent mille âmes à peine qu'on ajouta comme par grâce à la population de notre ancien territoire. On laissa à la France une partie de la Savoie, quelques villes sur la frontière de Belgique, une petite partie du Palatinat, de manière à relier Landau à la frontière

française. On se fonda sur ce qu'on ne reprenait point Avignon, le Comtat Venaissin, la principauté de Montbéliard et quelques enclaves que l'empire avait jadis possédées en Alsace, pour prétendre qu'on était envers les vaincus d'une générosité sans bornes.

La France se sentit humiliée, et le ressentiment de cette humiliation fut la principale difficulté que rencontra le gouvernement des Bourbons. Les imprudences du parti ultra-royaliste vinrent compliquer une situation déjà tendue. Napoléon, de son rocher de l'ile d'Elbe, observait la France, la voyait mécontente. Lui-même était menacé; la coalition. redoutait sa présence en Europe. Il résolut à la fois et de prévenir ses ennemis et de ressaisir sa couronne. Au mois de mars 1815, il débarquait au golfe Juan; et l'on sait avec quelle rapidité il marcha sur Paris où les Bourbons n'osèrent l'attendre. De toutes parts l'armée se ralliait à son ancien chef. Quant à la nation, indécise, inquiète, elle subissait les événements avec cette anxiété qui précède souvent les grandes catastrophes. Le refus des puissances étrangères de reconnaître Napoléon et l'annonce d'une coalition nouvelle ne justifièrent que trop ces alarmes.

L'histoire de l'invasion de 1815 n'a pas, hélas ! les

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