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IV.

LETTRE DE LORD CASTLEREAGH A LORD BATHURST

RELATIVE AU TRAITÉ DE FONTAINEBLEAU.

Paris, le 43 avril 1844.

Je me borne, en conséquence, pour le moment, à vous expliquer ce qui s'est passé par rapport à la destinée future et à l'établissement de Napoléon et de sa famille.

Votre Seigneurie connaît déjà l'acte d'abdication signé par Bonaparte, le 4 de ce mois, et l'assurance qui lui a été donnée par l'empereur de Russie et par le gouvernement provisoire d'une pension de 6 millions de francs, avec un asile dans l'île d'Elbe. Bonaparte avait déposé cet acte entre les mains de M. de Caulaincourt et des maréchaux Ney et Macdonald, pour l'échanger contre un engagement formel de la part des alliés, relatif à l'arrangement proposé. Les mêmes personnes étaient autorisées à consentir à un armistice et à déterminer une ligne de démarcation qui puisse en même temps être satisfaisante pour les alliés, et prévenir l'effusion inutile du sang humain.

A mon arrivée, je trouvai cet arrangement sur le point d'être adopté. On avait discuté une convention qui aurait dû être signée le même jour, si l'on avait annoncé l'approche des ministres alliés. Les motifs qui portaient à hâter la conclusion de cet acte étaient l'inconvénient, sinon le danger, qu'il y avait à ce que Napoléon demeurât à Fontainebleau, entouré de troupes qui lui restaient toujours fidèles; la crainte d'intrigues dans l'armée et la capitale, et l'avantage qu'avait, aux yeux de beaucoups d'officiers, un arrangement favorable à leur chef, qui leur permît de l'abandonner sans se déshonorer.

Dans la nuit après mon arrivée, les quatre ministres eurent une conférence sur la convention préparée avec le prince de Bénévent. J'y fis connaître mes objections, en exprimant en même temps le désir qu'on ne crût pas que j'y insistais, au risque de compromettre la tranquillité de la France, que pour empêcher l'exécution de la promesse donnée, à cause de l'urgence des circonstances, par la Russie.

Le prince de Bénévent reconnut la solidité de plusieurs de mes objections; mais il déclara en même temps qu'il croyait que le gouvernement provisoire ne pouvait avoir d'objet plus important que d'éviter tout ce qui pouvait, même pour un instant, prendre le caractère d'une guerre civile; et qu'il pensait aussi qu'une mesure de ce genre était essentielle pour faire passer l'armée du côté du gouvernement, dans une disposition qui permît de l'employer. D'après cette déclaration et celle du comte de Nesselrode, portant qu'en l'absence des alliés, l'empereur, son maître, avait senti la nécessité d'agir pour le mieux, en leur nom aussi bien qu'en son propre nom, je m'abstins de toute opposition ultérieure au principe de la mesure, me bornant à suggérer quelques modifications dans les détails. Je refusai cependant, au nom de mon gouvernement, d'être plus que partie accédante au traité, et déclarai que l'acte d'accession de la Grande-Bretagne ne s'étendrait pas au delà des arrangements territoriaux proposés dans le traité. On regarda comme parfaitement fondée mon observation qu'il n'était pas nécessaire que nous prissions part à la forme du traité, nommément pour ce qui regardait la reconnaissance du titre de Napoléon, dans les circonstances actuelles. Je joins maintenant le protocole et la note qui déterminent le point d'extension auquel j'ai pris sur moi de faire des promesses au nom de ma cour.

Conformément à mes propositions, la reconnaissance des titres impériaux, dans la famille, fut limitée à la durée de la vie des individus, d'après ce qui s'est observé lorsque le roi de Pologne devint électeur de Saxe.

Quant à ce qui fut fait en faveur de l'impératrice, non-seulement je n'y fis aucune objection, mais je le regardai comme dû à l'éclatant sacrifice des sentiments de famille que l'empereur d'Autriche fait à la cause de l'Europe. J'aurais désiré substituer une autre position à celle de l'île d'Elbe pour servir de retraite à Napoléon; mais il n'y en a pas de disponible qui présente la sécurité sur laquelle il insiste, et contre laquelle on ne pourrait faire les mêmes objections; et je ne crois pas pouvoir encourager l'alternative dont, d'après l'assurance de M. de Caulaincourt, Bonaparte, avait plusieurs fois parlé d'avoir un asile en Angleterre.

La même nuit, les ministres alliés eurent une conférence avec M. de Caulaincourt et les maréchaux; j'y assistai. Le traité fut examiné et

accepté avec des changements; depuis il a été signé et ratifié, et Bonaparte commence, demain ou après-demain, son voyage au midi. Signé : CASTLEREAGH.

L'acte d'accession donné, au nom du gouvernement anglais, par lord Castlereagh, était ainsi conçu :

« Attendu que LL. MM. l'empereur d'Autriche, roi de Bohème et de Hongrie, l'empereur de toutes les Russies et le roi de Prusse, sont intervenus au traité conclu à Paris et signé le 11 avril de la présente année, à l'effet d'accorder, pour les termes respectivement fixés, tels qu'ils sont mentionnés dans le traité, à la personne et à la famille de Napoléon Bonaparte, la possession en souveraineté de l'île d'Elbe et des duchés de Parme, de Plaisance et Guastalla, et pour régler tous autres objets. Lequel traité a été communiqué au prince régent de la Grande-Bretagne et d'Irlande par les ministres de LL. MM. II. et RR. susnommés, lesquels ministres, au nom de leurs souverains respectifs, ont engagé le prince régent à y accéder au nom et pour S. M.

« S. A. R. le prince régent, ayant une pleine connaissance du contenu dudit traité, y accède au nom et pour S. M., pour autant que la chose regarde les stipulations à la possession en souveraineté de l'île d'Elbe et des duchés de Parme, de Plaisance et Guastalla, mais S. A. R. ne doit pas être considérée comme étant partie intervenante aux autres conditions et stipulations y contenues.

« Donné de ma main et sous mon sceau, à Paris, le 17 avril 1814. «Par ordre de S. A. R. le prince régent, agissant au nom et pour S. M.

« Signé : CASTLEREAGH. »

FIN DES DOCUMENTS HISTORIQUES.

TABLE ANALYTIQUE

DU

TOME PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

1793.-1799.

L'émigration à la mort de Louis XVI. — Départ du comte d'Artois pour Saint-Pétersbourg, et de MONSIEUR pour l'Italie; séjour de ce dernier à Turin', puis à Vérone. Mort de Louis XVII. - Manifeste de Louis XVIII à son avénement. - Journée du 13 vendémiaire; expéditions de Quiberon et de l'Ile-Dieu; lettre et mort de Charette. - La Prusse traite avec la république. - Continuation de la guerre avec l'Autriche; invasion de l'Italie par le Directoire; le sénat de Venise et Louis XVIII; départ de ce prince pour l'armée de Condé. Pichegru; sa première négociation avec les Bourbons; ce général est rappelé par le Directoire. Louis XVIII se retire à Blackenbourg; lettre de ce prince à Pichegru. Agences royalistes; arrestations; conspiration de Pichegru et d'une partie des membres des Conseils; journée du 18 fructidor. L'Autriche traite avec la république. Louis XVIII quitte Blackenbourg et se retire à Mittau; sa cour.— Coalition entre la Russie, l'Angleterre et l'Autriche; passage de Souwaroff à Mittau.-Chouannerie. - Négociation de Louis XVIII avec Barras; lettres-patentes. Succès des alliés en Hollande et en Italie; situation de la république; victoires de Brune et de Masséna, à Berghem et à Zurich. parte arrive d'Égypte; journées des 18 et 19 brumaire...

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Bona

CHAPITRE II.

1800.-1807.

Fermeture de la

Propositions de Louis XVIII et du comte d'Artois au premier consul. liste des émigrés; leur rentrée en France. Machine infernale. Louis XVIII est obligé de quitter Mittau et de se réfugier en Prusse; il séjourne à Memel, à Kœnisberg, et s'arrête à Varsovie.-L'Angleterre traite avec la république. — Propositions des autorités prussiennes de Varsovie à Louis XVIII; réponse de ce prince; déclaration des membres de sa famille. - Conspiration de Georges Cadoudal; Moreau; suicide de Pichegru; condamnations; arrestation et mort du duc d'Enghien. — Bonaparte, empereur.- - Protestation de Louis XVIII. — Affaire Coulon. - Entrevue de Louis XVIII et du comte d'Artois à Calmar; le premier y reçoit l'ordre de ne plus rentrer en Prusse; il demande et obtient de revenir à Mittaų. Déclaration du 2 décembre 1804;

Pages.

lettre explicative. Traité d'alliance entre Alexandre et Napoléon. - Louis XVIII quitte une seconde fois Mittau; il s'embarque à Riga et arrive à Yarmouth; il ne peut débarquer. - Communication du gouvernement anglais à Louis XVIII; il prend pied en Angleterre et fixe sa résidence à Gosfield-Hall...

CHAPITRE III.

1808.-1813.

Pages.

45

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Mort de la reine; Louis XVIII quitte Gosfield-Hall et vient habiter Hartwell; sa liste civile. Extinction du parti royaliste; les almanachs nationaux et impériaux de 1802 à 1812; l'ancienne noblesse et la nouvelle. - Mariage de Napoléon avec Marie-Louise; le Moniteur et la petite cour d'Hartwell lors de cet événement. - Fautes de Napoléon. Lettre de Louis XVIII à Alexandre après la campagne de Russie. Le duc d'Orléans en Espagne. - Armistice de Plesswitz. Congrès de Prague; sa rupture. Reprise des hostilités; Bernadotte; Moreau; campagne de Saxe; bataille de Dresde; affaire de Kulm. - Marche sur Berlin; bataille de Leipsik. Retraite; bataille de Hanau; Napoléon repasse le Rhin; son arrivée à Saint-Cloud; sénatus-consultes. Propositions de Francfort; fixation d'un congrès à Manheim. - Progrès des alliés. Ouverture du Corps Législatif; esprit de cette assemblée; rapport de ses commissaires; sa dissolution.....

86

CHAPITRE IV.

1814.

Allocution aux députés du Corps Législatif, le 1er janvier 1814. — Les alliés franchissent la frontière sur deux points.- Napoléon pourvoit au gouvernement de l'empire et réorganise la garde nationale de Paris; son allocution aux officiers de cette garde; il part pour Châlons-sur-Marne. Mouvement sur Saint-Dizier; l'armée de Blücher est coupée; Napoléon se porte sur Brienne. Combat de Brienne; bataille de la Rhotière; retraite des Français sur Troyes; combat de Rosnay; Napoléon se replie sur Nogent.

Congrès de Châtillon. - Blücher s'avance sur Paris; Napoléon marche pour arrêter ce mouvement; combat de Champaubert; bataille de Montmirail; combat de ChâteauThierry; seconde bataille de Montmirail; Blücher se retire sur Châlons. - Schwartzenberg, à son tour, menace Paris; Napoléon quitte Blücher pour arrêter la marche des Autrichiens; combats de Guignes, de Mormans, de Nangis; bataille de Montereau. Napoléon poursuit Schwartzenberg; combat de Méry-sur-Seine; les Français entrent dans Troyes....

447

CHAPITRE V.

1814.

Manifestation royaliste à Troyes; exécution du chevalier de Gouault. État de l'opinion au mois de février 1814. Conférence militaire de Lusigny. - Première reddition de Soissons; réunion de tous les corps de l'armée de Blücher; ce général s'avance une seconde fois sur Paris. - Napoléon quitte Troyes et marche sur la Marne pour

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