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De nos fourbes puissants bénir l'hypocrisie,
D'une indigne maîtresse encenser les erreurs,
Ramper sous un ministre, adorer ses hauteurs,
Et montrer les langueurs de son ame abattue
A des amis ingrats qui détournent la vue?

VOLTAIRE.

Je ne sais que résoudre.... Immobile et troublé...
C'est rester trop long-temps par mon doute accablé,
C'est trop souffrir la vie et le poids qui me tue.
Eh! qu'offre donc la mort à mon ame abattue?
Un asile assuré, le plus doux des chemins,
Qui conduit au repos les malheureux humains.
Mourons.... Que craindre encor, quand on a cessé d'être?
La mort.... c'est le sommeil.... C'est un réveil peut-être !
Peut-être.... Ah! c'est ce mot qui glace épouvanté
L'homme au bord du cercueil', par le doute arrêté ;
Devant ce vaste abyme il se jette en arrière,
Ressaisit l'existence, et s'attache à la terre.
Dans nos troubles pressants, qui peut nous avertir
Des secrets de ce monde où tout va s'engloutir?
Sans l'effroi qu'il inspire et la terreur sacrée
Qui défend son passage et siége à son entrée,
Combien de malheureux iraient dans le tombeau
De leurs longues douleurs déposer le fardeau!
Ah! que ce port souvent est vu d'un œil d'envie
Par le faible agité sur les flots de la vie!
Mais il craint dans ses maux, au-delà du trépas,

Des maux plus grands encor, et qu'il ne connaît pas.
Redoutable avenir, tu glaces mon courage!

DUCIS.

Dans les poésies fugitives de Schiller, on trouve une pièce charmante, qui semble due à l'inspiration du monologue d'Hamlet, quoiqu'elle soit empreinte d'un caractère tout différent. Comme elle est très courte, je hasarderai de la traduire ici.

LE DESIR.

Hélas! du fond de cette plaine couverte d'un froid brouillard, si je pouvais trouver une issue, ah! comme je me sentirais heureux! Là-bas j'aperçois une belle colline, éternellement parée d'une jeune verdure: si je pouvais prendre l'essor, si j'avais des ailes, je m'envolerais vers la colline.

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ESSAIS LITTÉRAIRES SUR SHAKSPEARE.

Là, j'entends des accords mélodieux ; là, règne une douce sérénité; les volages zéphyrs apportent jusqu'à moi les vapeurs balsamiques qui s'y répandent. Je vois des fruits dorés, qui, au travers des berceaux épais, semblent inviter la main à les cueillir, et les fleurs qui décorent ce séjour ne sont la proie d'aucun hiver.

Ah! quelle riante peinture doit frapper les yeux à la clarté d'un soleil éternel! Ah! combien, sur ces hauteurs célestes, l'air doit être rafraîchissant! Mais la furie du torrent me ferme le passage; il nous sépare avec un mugissement terrible, et ses vagues s'élèvent si violemment que tout mon cœur en frémit.

Je vois se balancer une nacelle; mais, hélas, il manque un nocher! Les voiles sont enflées par le vent, quoique sans agitation. Mortel, il faut que tu aies la foi, que tu hasardes; car les dieux n'accordent ́aucun gage. Il n'y a qu'un miracle qui puisse te transporter dans le beau pays des miracles.

(D) La lecture de ces chants de folie serait fastidieuse dans une traduction; mais la voix et la pantomime expressive de miss Smithson ont, chez nous, produit dans cette scène, un enthousiasme qui allait jusqu'au fanatisme.

(E) Sterne a, dans son Voyage sentimental, emprunté le nom d'Yorick, qu'il a rendu presque proverbial en Angleterre.

avons

(F) Dans l'admirable essai sur Shakspeare, dont nous déjà parlé, M. Villemain a peint, avec toute l'originalité de son · talent, l'effet que produit cette scène sur le public élégant de Londres : « Ne retranchez pas, dit-il, de la tragédie d'Hamlet, le travail et les plaisanteries des fossoyeurs, comme l'avait essayé Garrick; assistez à cette terrible bouffonnerie, vous y verrez la terreur et la gaieté passer rapidement sur un immense auditoire. A la lueur éblouissante, mais un peu sinistre, des gaz qui éclairent la salle, au milieu de ce luxe de parure qui brille au premier balcon, vous verrez les têtes les plus élégantes se pencher avidement vers ces débris funèbres étalés sur la scène; la jeunesse et la beauté contemplant avec une insatiable curiosité ces images de destruction et ces détails minutieux de la mort. Mais les plaisanteries bizarres qui se mêlent au jeu des personnages, semblent, de moment en moment, soulager les spectateurs du . poids qui les oppresse. De longs rires éclatent dans tous les rangs : attentives à ce spectacle, les physionomies les plus froides tour à tour s'attristent ou s'égaient; et l'on voit l'homme d'état sourire aux sarcasmes des fossoyeurs, qui cherchent à distinguer le crâne d'un courtisan et celui d'un bouffon ».

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Othello, guerrier more, qui a rendu les plus grands services à la république de Venise, a enlevé, dans la nuit où commence l'action, Desdemona, la fille du puissant sénateur Brabantio.

Un gentilhomme vénitien, Roderigo, qui est amoureux de Desdemona, et qui l'avait auparavant demandée en vain à son père, reproche à son ami Iago, enseigne du More, d'avoir été complice d'un enlèvement qui détruit toutes ses espérances.

Iago s'excuse, en protestant qu'il est en secret l'ennemi de son général, qui lui a préféré un jeune élégant nommé Cassio, pour en faire son lieutenant, tandis que lui-même avait bien mérité ce grade. Aussi ne sert-il le More que dans l'intention de lui nuire autant qu'il le pourra, sans se nuire à luimême.

« (1) Vous trouverez, dit-il à Roderigo, beaucoup de serviteurs soumis, rampants, qui, passionnés pour leur propre servitude, consument leur vie comme l'âne de leur maître, sans autre profit que la nourriture de la journée. Quand ils sont vieux, on les casse aux gages. Châtiez-moi ces honnêtes esclaves. Il en est d'autres qui, enveloppés dans les formes et sous les apparences du dévouement, tiennent au fond leur cœur attentif à ce qui les intéresse eux-mêmes. Ils ne donnent à leur seigneur que des démonstrations de zèle, et prospèrent à leurs dépens; et, dès qu'ils ont doré les franges de leurs vêtements, ce n'est plus qu'à eux-mêmes qu'ils rendent hommage. Ceux-là ont un peu d'ame, et voilà comme je me pique d'être ».

Pour confirmer ses discours par des actions, Iago se met, avec Roderigo, en devoir d'éveiller par ses cris le père de Desdemona, et de lui apprendre l'enlèvement de sa fille et le nom du ravisseur. Braban

tio, qui reconnaît Roderigo, croit d'abord

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Many a duteous and knee-crooking knave,
That, doting on his own obsequious bondage,
Wears out his time, much like his master's ass,

que c'est

For nought but provender; and, when he's old, cashier'd;
Whip me such honest knaves: others there are,
Who, trimm'd in forms and visages of duty,

Keep yet their hearts attending on themselves;
And, throwing but shows of service on their lords,

Do well thrive by them, and, when they have lin'd their coats,
Do themselves homage: these fellows have some soul;
And such a one do I profess myself.

une malicieuse vengeance qu'il tire des refus qu'il a essuyés; mais, sur les instances de Roderigo, il se décide à demander de la lumière, et à visiter l'appartement de sa fille.

Iago se retire, ne voulant pas paraître comme témoin contre le More; mais il donne, en partant, à Roderigo toutes les instructions nécessaires pour faire connaître l'asile de Desdemona.

Brabantio sort de sa maison, tout troublé. Il s'écrie:

«< (2) Mon malheur n'est que trop vrai ! elle est partie; et ce qui me reste à passer d'une vieillesse déshonorée ne sera plus qu'amertume. Eh bien! Roderigo, où l'as-tu vue! O malheureuse fille! - Avec le More, dis-tu? Qui voudra être père ? Comment as-tu su que

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ce fût elle?

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Oh! tu m'as trompé au-delà de toute idée. — Et que vous a-t-elle dit? - Allumez plus de

(2) It is too true an evil: gone she is;

And what's to come of my despised time,

Is nought but bitterness - Now, Roderigo,
Where didst thou see her?-O, unhappy girl!

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With the Moor, say'st thou? Who would be a father?
How didst thou know 'twas she? O, thou deceiv'st me
Past thought! What said she to you? Get more tapers;
Raise all my kindred.

Are they married think you?

RODERIGO.

Truly, I think, they are.

BRABANTIO.

O Heaven! -How got she out!—O treason of the blood!
Fathers, from hence trust not your daughters' minds

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