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eindre. Je vois tant de vies entr'elle et moi!.... Et malgré ces obstacles, comme un voyageur perdu dans un bois épineux, brisant les ronces, déchiré par elles, cherchant un chemin, et s'écartant du chemin véritable, sans savoir comment parvenir à un lieu découvert, qu'il s'efforce de trouver au prix d'une fatigue désespérée, je me tourmente sans relâche pour saisir la couronne d'Angleterre. Je m'affranchirai de ce tourment; je me fraierai un chemin avec une hache sanglante. Eh quoi! ne saisje pas sourire, et égorger en souriant, me récrier de joie sur ce qui m'afflige au fond de l'ame, mouiller mes joues de larmes artificieuses, et accommoder mon visage à toutes les circonstances?.... Quoi! je sais tout cela, et je ne saurais pas gagner une couronne ! »

I'll make my heaven-to dream upon the crown;
And, whiles I live, to account this world but hell,
Until my misshap'd trunk that bears this head,
Be round impaled with a glorious crown.
yet I know not how to get the crown,
many lives stand between me and home:
And I,
like one lost in a thorny wood,

And

For

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That rents the thorns, and is rend with the thorns;
Seeking a way, and straying from the way;

Not knowing how to find the open air,
But toiling desperately to find it out, —
Torment myself to catch the English crown:
And from that torment I will free myself,

Or hew my way out with a bloody axe.
Why, I can smile, and murder while I smile;
And, cry, content, to that which grieves my heart;
And wet my cheeks with artificial tears;
And frame my face to all occasions.

Can I do this, and cannot get a crown?

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ESSAIS LITTÉRAIRES SUR SHAKSPEARE.

Tel est Richard ; tels sont les motifs qui l'engagent à remettre son frère sur le trône. 11 le délivre et le ramène vainqueur à Londres, où Henri vi, à peine sorti de la Tour pour reprendre sa couronne, tombe dans les mains de son rival, et est encore jeté au fond de sa prison. Cette double révolution occupe tout le quatrième acte.

Au cinquième acte, Warwick, qui avait renouvelé la guerre contre Édouard IV, est vaincu et tué à Barnet, par la trahison de Clarence, qui l'abandonne pour retourner sous les drapeaux de son frère.

Après cette défaite, Marguerite livre encore une bataille à Tewksbury, et la perd. Son fils est égor gé sur la scène, et devant elle, par Édouard et ses deux frères. Après ce meurtre, Richard court à la Tour de Londres, poignarde Henri vi, et c'est en l'arrosant de sang, qu'il fait triompher la Rose blanche sur la Rose rouge.

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NOTE.

(A) King's maker, comme on l'avait surnommé, ou comme l'appelle Shakspeare, A. 3. S. 3.

Proud setter-up and puller-down of kings.

DU

ROI RICHARD III.

(LIFE AND DEATH OF KING RICHARD III. )

Parmi les ouvrages de Shakspeare, il y en a peu dont le succès ait été plus général et plus constant au théâtre. Johnson se révolte contre ce succès; il croit qu'il est arrivé pour cette pièce ce qui s'est vu en mainte autre occasion; que, là où il y avait le moins à louer, on a loué avec le plus d'enthousiasme. Cette opinion ne paraît pas fondée; le critique peut, dans un examen froid, être choqué de beaucoup de défauts qui disparaissent à la scène devant des beautés fortes, des conceptions dramatiques ; et il semble qu'en fait de succès de théâtre il n'y ait point d'usurpation de deux siècles.

Ce n'est pas qu'on ne puisse reconnaître dans Richard de nombreuses défectuosités de plan et d'exécution; mais elles sont couvertes par la grandeur du sujet, par l'intérêt, la force, la vérité de quelques scènes, et sur-tout par le dessin admirable des deux figures principales, celle de Richard et celle de Marguerite d'Anjou.

Richard est le Tartufe de l'ambition; avec cette nuance, qu'outre les avantages qu'il espère de ses forfaits il aime encore la perversité pour elle-même.

T. I.

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Il s'y complaît d'autant plus qu'elle lui fournit l'occasion de tromper, d'avilir, de mépriser ceux qu'il emploie à frapper ses victimes. Disgracié de la nature, il regarde comme un dédommagement sa supériorité dans l'art de faire le mal. Néanmoins, par un raffinement de corruption, il parvient à ne pas même être dupe de cette gloire du crime, et il se rit lui-même de la facilité que rencontrent ses stratagèmes et ses perfidies.

Ce caractère est moins conforme à nos habitudes théâtrales qu'un tyran tout d'une pièce, guindé sur des sentences; qu'un ambitieux qui, dans le crime, ne verrait que sa passion satisfaite, sans subtiliser sur les moyens et sur les agents dont il se sert. Mais le Richard de Shakspeare nous paraît au fond plus naturel et même plus véritablement tragique.

Marguerite d'Anjou forme avec lui un imposant contraste. Survivant à toute sa famille, à toute sa fortune, elle ne paraît au milieu de ses ennemis. que pour maudire, que pour prophétiser des malheurs, et pour sourire chaque fois que s'accomplissent ses prophéties, toujours réalisées par la trahison et par la cruauté de Richard.

On pourrait demander comment elle se trouve si libre, comment on lui permet de parler avec tant d'audace; les souverains détrônés ne sont pas d'ordinaire laissés ainsi à eux-mêmes. Mais, si cette situation est un peu invraisemblable, elle est de l'effet le plus théâtral.

Ce qui manque dans cette pièce, comme dans les

autres pièces historiques de Shakspeare, c'est un personnage qu'on puisse aimer, plaindre, admirer, pour le succès duquel on fasse des voeux: il ne suffit pas, dans une tragédie, de frapper l'esprit par un dessin fortement tracé; il faut encore intéresser le cœur. Laisser le cœur oisif, c'est s'exposer à voir l'esprit bientôt las d'une attention que rien ne vient reposer et distraire.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

Londres. - Une rue.

Le duc de Glocester, Richard, rencontre son frère, le duc de Clarence, que l'on traîne à la Tour de Londres, par ordre d'Édouard 111, leur frère commun. C'est Richard lui-même qui, pour abattre une des têtes qui ont droit à la couronne avant lui, a fait, à l'aide d'une fausse prédiction, germer des soupçons contre Clarence dans l'esprit du roi. Il affecte néanmoins de plaindre le prisonnier, et promet, avec une feinte effusion de tendresse, d'employer tous ses efforts, pour faire révoquer l'ordre émané du trône.

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Richard, pour un motif mal expliqué, veut épouser lady Anne, fille de Warwick, et veuve du fils de Henri vi et de Marguerite, de ce jeune prince Édouard, que Richard a poignardé de sa main. Il se présente à elle, au moment où elle accompagne la pompe funèbre de Henri vi, et, dans une longue conversation,

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