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ment ni secrètement qui tendrait à détruire ou à affaiblir l'effet du gouvernement du roi sur ses peuples; vous n'ignorez pas cependant combien cela serait facile. Le jour où vous voudrez sincèrement détruire les brigands qui infestent notre communication de Coni à Barcelonnette, ils n'existeront plus. Je vous prie de me croire, etc. BONAPARTE.

Au quartier général à Milan, le 4 vendémiaire an 5 (2 octobre 1796).

A Sa Majesté l'empereur d'Allemagne, roi de Hongrie et de Bohême, archiduc d'Autriche.

Sire, l'Europe veut la paix. Cette guerre désastreuse dure depuis trop longtemps.

J'ai l'honneur de prévenir Votre Majesté que, si elle n'envoie pas des plénipotentiaires à Paris pour entamer la négociation de paix, le Directoire exécutif m'ordonne de combler le port de Trieste, et de ruiner tous les établissements de Votre Majesté sur l'Adriatique. J'ai été retenu jusqu'ici dans l'exécution de ce plan, par l'espérance de ne pas accroître le nombre des victimes innocentes de cette guerre.

Je désire que Votre Majesté soit sensible aux malheurs qui menacent ses sujets, et rende le repos et la tranquillité au monde.

Je suis avec respect, de Votre Majesté, etc.

BONAPARTE.

Au quartier général à Vérone, le 4 brumaire an 5 (23 octobre 1796).

Au Directoire exécutif.

Il paraît, citoyens directeurs, par votre lettre de vendémiaire, que les savants et artistes se sont plaints d'avoir manqué de quelque chose. Il serait très-ingrat de notre part de ne pas leur donner tout ce qui leur est nécessaire, car ils servent la République avec autant de zèle que de succès, et je vous prie de croire que, de mon côté, j'apprécie plus que personne les se

cours réels que rendent à l'état les arts et les sciences, et que je serai toujours empressé de seconder de tout mon zèle vos intentions sur cet objet.

CINQUIÈME CAMPAGNE.

BONAPARTE.

Treize jours depuis le 5 jusqu'au 18 octobre 1796. Terminée à la bataille d'Arcole. - Destruction de la première armée commandée par Alvinzy.

Il semblait que l'Autriche fût inépuisable. Une armée à peine détruite une autre se reformait aussitôt. La bataille de Saint George, qui avait terminé la campagne précédente, avait été livrée le 19 septembre : à la fin d'octobre l'armée française était menacée de nouveau par soixante mille hommes sous les ordres d'Alvinzy. Ce dernier avait remplacé Wurmser, comme Wurmser avait remplacé Baulieu. On crut cette fois l'Italie perdue. Bonaparte ne comptait pas plus de trente-trois mille honimes, dont quinze mille employés au siége de Mantoue. Les victoires mêmes de l'armée française l'avaient affaiblie. Le Général était découragé. Il écrivait au Directoire; il envoyait courriers sur courriers pour demander des renforts qui n'arrivaient pas. On eût dit que le gouvernement aimait mieux perdre l'Italie que de fournir à son général de nouvelles occasions de gloire. Les Autrichiens cependant s'avançaient. On n'avait personne à leur opposer. L'armée elle-même avait perdu toute confiance. Une division entière, attaquée par l'ennemi, s'était enfuie presque sans combattre. La situation était désespérée; on était enveloppé de toutes parts. Bonaparte essaya de percer la ligue ennemie sur les hauteurs de Caldiero: l'attaque ne réussit pas; on avait trop peu de monde; il fallut se replier sur Vérone.

Tout ce qui restait de l'armée française se trouvait là, attendant que les Autrichiens vinssent l'entourer et lui faire déposer les armes. C'est alors que par une de ces inspirations qui confondent, le Général conçut le plan inouï de la bataille d'Arcole. Pendant trois jours dix-huit mille hommes purent tenir tête à soixante mille, et les forcer à la retraite. L'Autriche, vaincue encore une fois, dut recommencer ses immenses et inutiles efforts.

Au quartier général à Vérone, le 24 brumaire an 5 (14 novembre 1796).

Au Directoire exécutif.

Je vous dois compte des opérations qui se sont passées depuis le 21 de ce mois. S'il n'est pas satisfaisant, vous n'en attribuerez pas la faute à l'armée. Son infériorité, et l'épuisement où elle est des hommes les plus braves, me font tout craindre pour elle. Peut-être sommes-nous à la veille de perdre l'Italie. Aucun des secours attendus n'est arrivé. La quatre-vingttroisième demi-brigade ne part pas; tous les secours venant des départements sont arrêtés à Lyon et surtout à Marseille. On croit qu'il est indifférent de les arrêter huit ou dix jours; on ne songe pas que les destinées de l'Italie et de l'Europe se décident ici pendant ce temps-là. Tout l'empire a été en mouvement et y est encore. L'activité de notre gouvernement, au commencement de la guerre, peut seule donner une idée de la manière dont on se conduit à Vienne. Il n'est pas de jour où il n'arrive cinq mille hommes; et, depuis deux mois qu'il est évident qu'il faut des secours ici, il n'est encore arrivé qu'un bataillon de la quarantième, mauvaise troupe et non accoutumée au feu, tandis que toutes nos vieilles milices de l'armée d'Italie languissent en repos dans la huitième division. Je fais mon devoir, l'armée fait le sien; mon âme est déchirée, mais ma conscience est en repos. Des secours, envoyez-moi des secours; il ne faut plus s'en faire un jeu : il faut, non de l'effectif, mais du présent sous les armes. Annoncez-vous six mille hommes, le ministre de la guerre annonce six mille hommes effectifs et trois mille hommes présents sous les armes arrivés à Milan, ils sont réduits à quinze cents hommes: ce n'est donc que quinze cents hommes que reçoit l'armée.

Je fus informé, le 10, qu'un corps de deux mille cinq cents Autrichiens s'avançait de la Goricie, et déjà était campé sur la Piave. J'envoyai aussitôt le général Masséna, avec un corps d'observation, à Bassano sur la Brenta, avec ordre de se retirer à Vicence du moment que l'ennemi aurait passé la Piave. J'ordonnai au général Vaubois d'attaquer les postes ennemis

dans le Trentin, et surtout de le chasser de ses positions entre le Lawis et la Brenta. L'attaque eut lieu le 12; la résistance fut vive. Le général Guieux emporta Saint-Michel et brûla les ponts des ennemis; mais ceux-ci rendirent notre attaque nulle sur Segonzano, et la quatre-vingt-cinquième demi-brigade y fut maltraitée malgré sa valeur. Nous avons eu trois cents blessés, cent hommes tués et deux cent cinquante prisonniers. Nous avons fait cinq cents prisonniers, et tué beaucoup de monde à l'ennemi. Le 13, j'ordonnai que l'on recommençât l'attaque sur Segonzano, qu'il fallait avoir. En même temps, instruit que l'ennemi a passé la Piave, je pars avec la division du général Augereau. Nous nous joignons à Vicence avec la division Masséna, et nous marchons, le 15, au-devant de l'ennemi, qui avait passé la Brenta. Il fallait étonner comme la foudre, et balayer, dès son premier pas, l'ennemi. La journée fut vive, chaude et sanglante: l'avantage fut à nous. L'ennemi repassa la Brenta, et le champ de bataille nous resta. Nous fimes cinq cent dix-huit prisonniers, et tuâmes considérablement de monde; nous enlevâmes une pièce de canon. Le général Lanusse a été blessé d'un coup de sabre. Toutes les troupes se sont couvertes de gloire.

Cependant le 13, l'ennemi avait attaqué le général Vaubois sur plusieurs points et menaçait de le tourner, ce qui obligea ce général à faire sa retraite sur la Pietra, sa droite adossée à des montagnes, sa gauche à Mori. Le 16, l'ennemi ne se présenta point; mais, le 17, le combat fut des plus opiniâtres. Déjà nous avions enlevé deux pièces de canon et fait treize cents prisonniers, lorsque, à l'entrée de la nuit, une terreur panique s'empara de nos troupes; la déroute devint complète : nous abandonnâmes six pièces de canon.

La division prit, le 18, sa position à Rivoli et à la Corona par un pont que j'avais fait jeter exprès. Nous avons perdu, dans cette retraite, outre six pièces de canon, trois mille hommes tués, blessés ou prisonniers. La perte de l'ennemi doit avoir été considérable.

Ayant appris une partie de ce qui se passait dans le Tyrol, je m'empressai de partir le 17, à la pointe du jour, et nous arrivâmes le 18, à la pointe du jour, à Vérone.

Le 21, à trois heures après midi, ayant appris que l'ennemi était parti de Montebello et avait campé à Villa-Nova, nous partîmes de Vérone. Nous rencontrâmes son avant-garde à SaintMartin. Augereau l'attaqua, la mit en déroute, et la poursuivit trois milles : la nuit la sauva.

Le 22, à la pointe du jour, nous nous trouvâmes en présence. Il fallait battre l'ennemi de suite; nous l'attaquâmes avec intelligence et bravoure. La division Masséna attaqua la gauche, le général Augereau la droite. Le succès était complet; le général Augereau s'était emparé du village de Caldiero, et avait fait deux cents prisonniers; Masséna s'était emparé de la hauteur qui tournait l'ennemi, et avait pris cinq pièces de canons; mais la pluie, qui tombait à seaux, se change brusquement en une petite grelasse froide, qu'un vent violent portait au visage de nos soldats, et favorise l'ennemi; ce qui, joint à un corps. de réserve qui ne s'était pas encore battu, lui fait reprendre la hau teur. J'envoie la soixante-quinzième demi-brigade, qui était restée en réserve, et tout se maintint jusqu'à la nuit; mais l'ennemi reste maître de la position. Nous avons eu six cents blessés, deux cents morts et cent cinquante prisonniers, parmi lesquels le général de brigade Launai, le chef de brigade Dupuis, qui a été blessé pour la seconde fois. L'ennemi doit avoir perdu davantage.

Le temps continue à être mauvais. Toute l'armée est excédée de fatigue et sans souliers: je l'ai reconduite à Vérone, où elle vient d'arriver.

Une colonne ennemie, commandée par Laudon, s'avance sur Brescia, une autre sur Chiuza, pour faire sa jonction avec le corps d'armée. Pour résister à tout cela, je n'ai que dix-huit mille hommes.

L'ennemi a au moins cinquante mille hommes, composés : 1o d'un corps autrichien venant du Rhin; 2o de toutes les garnisons de la Pologne et des frontières de la Turquie; 3o du reste de son armée d'Italie, recrutée de dix mille hommes.

Aujourd'hui, 24 brumaire, repos aux.troupes; demain, selon les mouvements de l'ennemi, nous agirons. Je désespère d'empêcher la levée du blocus de Mantoue, qui dans huit jours était

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