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Des lois injustes ont été promulguées et exécutées; des actes arbitraires ont alarmé la sécurité des citoyens et la liberté des consciences; partout des inscriptions hasardées sur des listes d'émigrés ont frappé des citoyens qui n'avaient jamais abandonné ni leur patrie, ni même leurs foyers; enfin de grands principes d'ordre social ont été violés.

C'est pour réparer ces injustices et ces erreurs qu'un gouvernement, fondé sur les bases sacrées de la liberté, de l'égalité, du système représentatif, a été proclamé et reconnu par la nation. Sa volonté constante, comme l'intérêt et la gloire des premiers magistrats qu'elle s'est donnés, sera de fermer toutes les plaies de la France, et déjà cette volonté est garantie par des actes qui sont émanés d'eux.

Ainsi la loi désastreuse de l'emprunt forcé, la loi, plus désastreuse, des otages, ont été révoquées ; des individus déportés sans jugement préalable sont rendus à leur patrie et à leur famille. Chaque jour est et sera marqué par des actes de justice, et le conseil d'État travaille sans relâche à préparer la réformation des mauvaises lois, et une combinaison plus heureuse des contributions publiques.

Les consuls déclarent encore que la liberté des cultes est garantie par la Constitution; qu'aucun magistrat ne peut y porter atteinte; qu'aucun homme ne peut dire à un autre : Tu exerceras un tel culte, tu ne l'exerceras qu'un tel jour.

La loi du 11 prairial an 3, qui laisse aux citoyens l'usage des édifices destinés au culte religieux, sera exécutée.

Tous les départements doivent être également soumis à l'empire des lois générales; mais les premiers magistrats accorderont toujours des soins et un intérêt plus marqués à l'agriculture, aux fabriques et au commerce, dans ceux qui ont éprouvé de plus grandes calamités.

Le gouvernement pardonnera : il fera grâce au repentir; l'indulgence sera entière et absolue; mais il frappera quiconque, après cette déclaration, oserait encore résister à la souveraineté nationale.

Français habitants des départements de l'Ouest, ralliez-vous autour d'une constitution qui donne aux magistrats qu'elle a

créés la force comme le devoir de protéger les citoyens, qui les garantit également de l'instabilité et de l'intempérance des lois.

Que ceux qui veulent le bonheur de la France se séparent des hommes qui persisteraient à vouloir les égarer pour les livrer au fer de la tyrannie ou à la domination de l'étranger.

Que les bons habitants des campagnes rentrent dans leurs foyers et reprennent leurs utiles travaux; qu'ils se défendent des insinuations de ceux qui voudraient les ramener à la servitude féodale.

Si, malgré toutes les mesures que vient de prendre le gouvernement, il était encore des hommes qui osassent provoquer la guerre civile, il ne resterait aux premiers magistrats qu'un devoir triste, mais nécessaire à remplir, celui de les subjuguer par la force.

Mais non tous ne connaîtront plus qu'un seul sentiment, l'amour de la patrie. Les ministres d'un Dieu de paix seront les premiers moteurs de la réconciliation et de la concorde. Qu'ils parlent aux cœurs le langage qu'ils apprirent à l'école de leur maître; qu'ils aillent dans ces temples qui se rouvrent pour eux, offrir, avec leurs concitoyens, le sacrifice qui expiera les crimes de la guerre et le sang qu'elle a fait verser.

Le premier Consul, BONAPARTE.

Paris, le 9 nivôse an 8 (30 décembre 1799).

Aux Bourgmestre et Sénat de la ville libre et impériale de Hambourg.

Nous avons reçu votre lettre, messieurs; elle ne vous justifie pas'.

Le courage et les vertus conservent les États; la lâcheté et les vices les ruinent.

Vous avez violé l'hospitalité. Cela ne fût pas arrivé parmi les hordes les plus barbares du désert. Vos concitoyens vous le reprocheront éternellement.

'Le gouvernement de Hambourg avait livré à l'Angleterre deux individus, malgré leur titre de Français.

Les deux infortunés que vous avez livrés meurent illustres : mais leur sang fera plus de mal à leurs persécuteurs, que n'aurait pu le faire une armée.

Le premier consul, BONAPARTE.

Paris, le 15 nivôse an 8 (5 janvier 1800 ).

A l'armée de l'ouest.

PROCLAMATION.

Soldats !

Le gouvernement a pris les mesures pour éclairer les habitants égarés des départements de l'Ouest. Avant de prononcer, il les a entendus. Il a fait droit à leurs griefs parce qu'ils étaient raisonnables. La masse des bons habitants a posé les armes. Il ne reste plus que des brigands, des émigrés, des stipendiés de l'Angleterre.

Des Français stipendiés de l'Angleterre! ce ne peut être que des hommes sans aveu, sans cœur et sans honneur. Marchez contre eux; vous ne serez pas appelés à déployer une grande valeur.

L'armée est composée de plus de soixante mille braves: que j'apprenne bientôt que les chefs des rebelles ont vécu. Que les généraux donnent l'exemple de l'activité! La gloire ne s'acquiert que par les fatigues si l'on pouvait l'acquérir en tenant son quartier général dans les grandes villes, ou en restant dans de bonnes casernes, qui n'en aurait pas ?

Soldats, quel que soit le rang que vous occupiez dans l'armée, la reconnaissance de la nation vous attend. Pour en être dignes, il faut braver l'intempérie des saisons, les glaces, les neiges, le froid excessif des nuits, surprendre vos ennemis à la pointe du jour, et exterminer ces misérables, le déshonneur du nom français. Faites une campagne courte et bonne. Soyez inexorables pour les brigands; mais observez une discipline sévère.

T. I.

BONAPARTE.

31

Paris, le 25 nivôse an 8 ( 45 janvier 1800).

Au brave Léon Aune, sergent des grenadiers de la trentedeuxième demi-brigade1.

J'ai reçu votre lettre, mon brave camarade. Vous n'aviez pas besoin de me parler de vos actions, je les connais toutes. Vous êtes le plus brave grenadier de l'armée depuis la mort de Benezette. Vous avez eu un des cent sabres que j'ai distribués à l'armée. Tous les soldats étaient d'accord que c'était vous qui le méritiez davantage.

* Cette pièce est une réponse à la lettre qui suit, assez curieuse pour être rapportée.

Leon Aune, sergent des grenadiers de la trente-deuxième demi-brigade, au citoyen Bonaparte, premier consul.

Citoyen consul,

Toulon, le 16 frimaire an 8.

Votre arrivée sur le territoire de la République a consolé toutes les âmes purės, principalement la mienne, n'ayant plus d'espoir qu'en vous. Je viens à vous comme à mon Dieu tutélaire, vous priant de donner une place dans votre bon souvenir à Léon, que vous avez tant de fois comblé d'honneur au champ de bataille.

N'ayant pu m'embarquer pour l'Égypte, y cueillir de nouveaux lauriers sous votre commandement, je me trouve au dépôt de votre demi-brigade en qualité de sergent. Ayant appris par mes camarades que vous aviez souvent parlé de moi en Égypte, je vous prie de ne pas m'abandonner, en me faisant connaitre que vous vous souvenez de moi. Il est inutile de vous rappeler les affaires où je me suis montré comme un républicain, et mérité l'estime de mes supérieurs. Néanmoins, à l'affaire de Montenotte, j'ai sauvé la vie au général Rampon et au chef de brigade Masse, comme ils vous l'ont certifié euxmêmes; à l'affaire de Dego, j'ai pris un drapeau à l'ingénieur en chef de l'armée ennemie; à l'affaire de Lodi, j'ai été le premier à monter à l'assaut et j'ai ouvert les portes à nos frères d'armes; à l'affaire de Borghetto, j'ai passé le premier sur des pontons, le pont étant rompu ; j'ai fondu sur l'ennemi, et pris le commandant de ce poste. A l'hôpital, étant fait prisonnier, j'ai tué le commandant ennemi, et, par cet acte de bravoure, quatre cents hommes, prisonniers comme moi, ont été rejoindre leurs corps respectifs. En outre, j'ai cinq blessures sur le corps. J'ose tout espérer de vous, et suis bien persuadé que vous aurez toujours égard aux braves qui ont si bien servi leur patrie.

Salut et respect.

LEON AUNE.

Je désire beaucoup vous voir. Le ministre de la guerre vous envoie l'ordre de venir à Paris.

BONAPARTE.

On a vu quelle avait été la réponse de l'Angleterre. Celle de l'Autriche, plus modérée dans la forme, était au fond la même. Les succès de la campagne précédente avaient exalté l'orgueil du gouvernement autrichien. Il se croyait à la veille de ressaisir ce que lui avait fait perdre le traité de Campo-Formio. Ses armées avaient reconquis l'Italie; elles étaient aux portes de la France. Le département du Var même avait été envahi. Il est vrai que les armées coalisées avaient été battues à Zurich; mais les Autrichiens ne se considéraient pas comme atteints par ce malheur qu'ils rejetaient tout entier şur leurs alliés. C'étaient les Russes, disaient-ils, qui avaient été vaincus et non pas eux. Ils montraient même quelque satisfaction d'en être délivrés, ne voulant pas supporter en commun la honte d'une nouvelle défaite, encore moins partager la gloire qu'ils croyaient acquérir. Ils étaient convaincus qu'ils allaient réduire la France, et se croyaient suffisants pour venir à bout de cette tâche sans le secours d'aucun allié. Cette illusion ne fut pas de longue durée; la bataille de Marengo vint bientôt la détruire.

Le premier consul annonce en ces termes la reprise des hostilités.

Paris, le 17 ventôse an 8 (8 mars 1800).

Les Consuls de la République aux Français.

PROCLAMATION.

Français !

Vous désirez la paix; votre gouvernement la désire avec plus d'ardeur encore. Ses premiers vœux, ses démarches constantes ont été pour elle. Le ministère anglais la repousse; le ministère anglais a trahi le secret de son horrible politique. Déchirer la France, détruire sa marine et ses ports, l'effacer du tableau de l'Europe, ou l'abaisser au rang des puissances secondaires; tenir toutes les nations du continent divisées, pour s'emparer du com. merce de toutes et s'enrichir de leurs dépouilles; c'est pour ob

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