Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ne voulant pas s'amuser à charger la queue, fit un détour par la droite, prit en front le régiment, blessa le colonel, qu'il voulait prendre prisonnier, lorsqu'il fut lui-même entouré; et, après en avoir tué six de sa propre main, il fut culbuté, renversé dans un fossé, et blessé de six coups de sabre, dont on me fait espérer qu'aucun ne sera mortel.

L'ennemi opérait sa retraite sur Salo. Salo se trouvant à nous, cette division errante dans les montagnes a été presque toute prisonnière. Pendant ce temps Augereau marchait sur Castiglione, s'emparait de ce village. Toute la journée il livra et soutint des combats opiniâtres contre des forces doubles des siennes. Artillerie, infanterie, cavalerie, tout a fait parfaitement son devoir, et l'ennemi, dans cette journée mémorable, a été com. plétement battu de tous les côtés.

Il a perdu dans cette journée vingt pièces de canon, deux à trois mille hommes tués ou blessés et quatre mille prisonniers, parmi lesquels trois généraux.

Nous avons perdu le général Beyrand. Cette perte, très-sensible à l'armée, l'a été plus particulièrement pour moi. Je faisais le plus grand cas des qualités guerrières et morales de ce brave homme.

Le chef de la quatrième demi-brigade, Pourailler; le chef de brigade du premier régiment de hussards, Bourgon; le chef de brigade du vingt-deuxième régiment de chasseurs, Marmet, ont également été tués.

La quatrième demi-brigade, à la tête de laquelle a chargé l'adjudant général Verdier, s'est comblée de gloire.

Le général Dommartin, commandant l'artillerie, a montré autant de courage que de talent.

Le 17, j'avais ordonné au général Despinois de pénétrer dans le Tyrol par le chemin de Chieso; il devait auparavant culbuter cinq à six mille ennemis qui se trouvaient à Gavardo. L'adjudant général Herbin eut de grands succès, culbuta les ennemis, en fit un grand nombre prisonniers; mais, n'ayant pas été soutenu par le reste de la division, il fut entouré, et ne put opérer sa retraite qu'en se faisant jour au travers des ennemis.

J'envoyai le général Saint-Hilaire à Salo pour se concerter avec le général Guieux, et attaquer la colonne ennemie qui était à Gavardo, pour avoir le chemin du Tyrol libre. Après une fusillade assez vive, nous défîmes les ennemis, et nous leur fimes dix-huit cents prisonniers.

Pendant toute la journée du 17, Wurmser s'occupa à rassembler les débris de son armée, à faire arriver sa réserve, à tirer de Mantoue tout ce qui était possible, à les ranger en bataille dans la plaine, entre le village de Scanello, où il appuya sa droite, et la Chiesa, où il appuya sa gauche.

Le sort de l'Italie n'était pas encore décidé. Il réunit un corps de vingt-cinq mille hommes, une cavalerie nombreuse, et sentit pouvoir encore balancer le destin. De mon côté, je donnai des ordres pour réunir toutes les colonnes de l'armée.

Je me rendis moi-même à Lonado, pour voir les troupes que je pouvais en tirer. Mais quelle fut ma surprise, en entrant dans cette place, d'y recevoir un parlementaire, qui sommait le commandant de Lonado de se rendre, parce que, disait-il, il était cerné de tous côtés. Effectivement, les différentes vedettes de cavalerie m'annonçaient que plusieurs colonnes touchaient nos grand'gardes, et que déjà la route de Brescia à Lonado était interceptée au pont San-Marco. Je sentis alors que ce ne pouvait être que les débris de la division coupée qui, après avoir erré, et s'être réunis, cherchaient à se faire passage. La circonstance était assez embarrassante. Je n'avais à Lonado qu'à peu près douze cents hommes. Je fis venir le parlementaire, je lui fis débander les yeux; je lui dis que si son général avait la présomption de prendre le général en chef de l'armée d'Italie, il n'avait qu'à avancer; qu'il devait savoir que j'étais à Lonado, puisque tout le monde savait que l'armée républicaine y était; que tous les officiers généraux et officiers supérieurs de la division seraient responsables de l'insulte personnelle qui m'était faite. Je lui déclarai que si sous huit minutes, toute sa division n'avait pas posé les armes, je ne ferais grâce à aucun.

Le parlementaire parut fort étonné de me voir là, et un instant après toute cette colonne posa les armes. Elle était forte de

quatre mille hommes, deux pièces de canons, et cinquante hommes de cavalerie. Elle venait de Gavardo, et cherchait une issue pour se sauver. N'ayant pas pu se faire jour le matin par Salo, elle cherchait à le faire par Lonado.

Le 18, à la pointe du jour, nous nous trouvâmes en présence. Cependant il était six heures du matin et rien ne bougeait encore. Je fis faire un mouvement rétrograde à toute l'armée pour attirer l'ennemi à nous, tandis que le général Serrurier, que j'attendais à chaque instant, venait de Marcario, et dès lors tournait toute la gauche de Wurmser. Ce mouvement eut en partie l'effet qu'on en attendait. Wurmser se prolongeait sur sa droite pour observer nos derrières.

Dès l'instant que nous aperçûmes la division du général Serrurier, commandée par le général Fiorella, qui attaquait la gauche, j'ordonnai à l'adjudant général Verdier d'attaquer une redoute qu'avaient faite les ennemis dans le milieu de la plaine pour soutenir leur gauche. Je chargeai mon aide de camp, chef de bataillon, Marmont, de diriger vingt pièces d'artillerie légère, et d'obliger par ce seul feu l'ennemi à nous abandonner ce poste intéressant. Après une vive canonnade, la gauche de l'ennemi se mit en pleine retraite.

Augereau attaqua le centre de l'ennemi, appuyé à la tour de Solferino. Masséna attaqua la droite : l'adjudant général Leclerc, à la tête de la cinquième demi-brigade, marcha au secours de la quatrième demi-brigade.

Toute la cavalerie aux ordres du général Beaumont marcha sur la droite, pour soutenir l'artillerie légère et l'infanterie. Nous fumes partout victorieux ; partout nous obtînmes les succès les plus complets.

Nous avons pris à l'ennemi dix-huit pièces de canons, cent vingt caissons de munitions. Sa perte va à deux mille hommes, tant tués que prisonniers. Il a été dans une déroute complète; mais nos troupes, harassées de fatigues, n'ont pu les poursuivre que l'espace de trois lieues. L'adjudant général Frontin a été tué ce brave homme est mort en face de l'ennemi.

Voilà donc en cinq jours une autre campagne finie. Wurmser

T. 1.

a perdu dans ces cinq jours soixante-dix pièces de canons de campagne, tous ses caissons d'infanterie, douze à quinze mille prisonniers, six mille hommes tués ou blessés, et presque toutes les troupes venant du Rhin. Indépendamment de cela, une grande partie est encore éparpillée, et nous les ramassons en poursuivant l'ennemi. Tous les officiers, soldats et généraux ont déployé dans cette circonstance difficile un grand caractère de bravoure. Je vous demande le grade de général de brigade pour les adjudants Verdier et Vignolles. Le premier a contribué aux succès d'une manière distinguée; le second, qui est le plus ancien adjudant général de toute l'armée, joint à un courage sûr des talents et une activité rares. Je vous demande le grade de chef de bataillon pour l'adjoint Ballet, celui de général de division pour le général de brigade Dallemagne ; celui de chef de brigade d'artillerie pour le citoyen Songis, chef de bataillon.

BONAPARTE.

Au quartier général à Brescia, le 26 thermidor an 4 (15 août 1796).

Au Directoire exécutif.

Je crois utile, citoyens directeurs, de vous donner mon opinion sur les généraux employés à cette armée. Vous verrez qu'il en est fort peu qui peuvent me servir.

BERTHIER Talents, activité, courage, caractère, tout pour

lui.

AUGEREAU: Beaucoup de caractère, de courage, de fermeté, d'activité ; à l'habitude de la guerre, est aimé du soldat; heureux dans ses opérations.

MASSENA: Actif, infatigable, a de l'audace, et de la promptitude à se décider.

du coup

n'a pas

d'œil

l'état

SERRURIER: Se bat en soldat, ne prend rien sur lui, ferme, n'a pas assez bonne opinion de ses troupes; est malade. DESPINOIS : Mou, sans activité, sans audace, de la guerre, n'est pas aimé du soldat, ne se bat pas à sa tête; d'ailleurs de la hauteur, de l'esprit et des principes politiques sains bon à commander dans l'intérieur.

a

SAURET: Bon, très-bon soldat, pas assez éclairé pour être général, peu heureux.

ABATTUCCI : Pas bon à commander cinquante hommes.

GARNIER, MEUNIER, CASABIANCA: Incapables; pas bons à commander un bataillon dans une guerre aussi active et aussi sérieuse que celle-ci.

MACQUART: Brave homme, pas de talent, vif.

GAUTHIER : Bon pour un bureau; n'a jamais fait la guerre. Vaubois et Sahuguet étaient employés dans les places; je viens de les faire venir à l'armée : j'apprendrai à les apprécier. Ils se sont très-bien acquittés de ce que je leur ai confié jusqu'ici; mais l'exemple du général Despinois, qui était très-bien à Milan et très-mal à la tête de sa division, m'ordonne de juger les hommes d'après leurs actions. BONAPARTE.

On a vu quelles étaient les dispositions du sénat de Gênes. Les cours de Rome et de Naples n'étaient pas moins hostiles: il en était de même de Venise. Tous ces gouvernements étaient animés par la haine de la la révolution. Trop faibles pour se déclarer, ils affectaient la neutralité lorsque l'armée française était victorieuse ou à peu de distance; on sollicitait même des armistices; on les signait. Mais, lorsqu'on espérait qu'elle serait vaincue, et qu'on la voyait engagée au loin contre des forces supérieures, on recommençait à se coaliser, à armer. On suivait l'exemple des Génois; on refusait les subsides qu'on avait promis; on insultait les Français établis dans le pays; on ameutait contre eux le bas peuple et les campagnes. C'est ce qu'avait fait le gouvernement napolitain pendant les dernières opérations. Le général Bonaparte annonça l'intention où il était de le châtier, s'il persistait dans ce système de malveillance et de perfidie.

Au quartier général à Milan, le 9 fructidor an 4 (26 août 1796).

Au Directoire exécutif.

Le roi de Naples, à la tête de vingt-quatre mille hommes (ce qui pourrait bien n'aller qu'à quinze mille), s'est avancé sur les terres du Pape, menaçant de se porter sur Rome, et de là ve

Vieux général de division, oncle du brave général Abattucci, mort au siége d'Huningue, en 1797.

« ZurückWeiter »