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expirent à une portée de canon du champ de bataille ; vingt-cinq autres sont trouvés morts de leurs blessures à Syène.

Ce combat, l'exemple du désespoir, d'une part, et du plus grand courage, de l'autre, a coûté cinquante morts et plus de soixante blessés aux ennemis, qui pour la troisième fois ont été rejetés au-dessus des Cataractes, où la misère et tous les maux vont les accabler.

Nous avons eu quatre hommes tués et quinze blessés.

Je ne fus pas plutôt à Siout, que je fis chercher partout des chameaux et confectionner des outres, afin d'être à même d'aller trouver Mourad-Bey à El-Ouahh (Oasis). Je voulais faire marcher de front cette expédition avec celle de Cosseir; mais l'apparition des Anglais dans ce port me fit tourner toutes mes vues vers cette dernière. Le général Belliard m'écrivit qu'il avait un fort grand mal d'yeux. Je lui envoyai le citoyen Donzelot, mon adjudant-général, pour le seconder ou pour le remplacer dans l'expédition de Cosseir, dans le cas où son ophthalmie augmenterait. Tous deux ont été extrêmement nécessaires pour les préparatifs et l'exécution de la marche sur Cosseir; ils sont partis de Kénél, le 7 prairial (26 mai) avec cinq cents hommes de la 21.

PRISE DE COSSEIR.

Le 10, le général Belliard a pris possession de ce port, où l'on a trouvé un fort qui, moyennant quelques réparations, deviendra très-bon. Je vous en enverrai le croquis, ainsi que du port et de la route de Kénéh à Cosseir. L'occupation de ce point important sous tous les rapports a mis le comble à mes vœux; cependant l'expédition des Oasis (El-Ouahh) nous reste à faire. Je rassemble toutes mes ressources; j'en charge le général Friant, officier plein de mérite, de zèle et doué de beaucoup de talents militaires, et j'espère vous annoncer dans peu que Mourad-Bey n'est plus, ou qu'il est en Barbarie.

Vous voyez par nos différents combats ce qu'ont fait les généraux Davoust et Belliard; leurs talents distingués et leur infa tigable activité les rendent à jamais recommandables.

Je vous ai parlé des chefs de corps en particulier : tous en

général ont rempli leurs fonctions d'une manière distinguée et méritent vos éloges. Les officiers subalternes ont montré un dévoûment, une constance et un courage rares.

Vous connaissez les maux que nous avons endurés pendant cette pénible campagne ; je ne vous répéterai pas la bravoure et le courage de nos intrépides soldats : vous les connaissez et savez les apprécier.

Il me reste à vous prier d'être favorable au frère du très-courageux et trop malheureux Morandy, qui commandait la djerme l'Italie, lors de sa destruction. Ni l'un ni l'autre n'étaient compris dans le cadre de la marine militaire; voudriez-vous bien accorder à celui qui reste les demandes qu'il sera dans le cas de vous présenter?

Le citoyen Rousseau, maréchal des logis dans la cinquième compagnie du 3o régiment d'artillerie à cheval, qui pointait presque toutes les pièces à la bataille de Sédiman et de Samhoud, s'est particulièrement distingué dans le cours de cette campagne je vous demande pour lui des grenades en or. Je vous ferai la même demande pour le citoyen Lainault, caporal des grenadiers du premier bataillon de la 61o demi-brigade, qui s'est singulièrement signalé dans toutes les affaires, et surtout au combat de Kénéh.

Le général de division DESAIX.

Au quartier général du Caire, le 27 thermidor an 7 de la République (14 août 1799).

BONAPARTE, général en chef, au général Desaix.

Je vous envoie, citoyen général, un sabre d'un très-beau travail, sur lequel j'ai fait graver: Conquête de la Haute Égypte. Il est dû à vos bonnes dispositions et à votre constance dans les fatigues. Recevez-le, je vous prie, comme preuve de mon estime et de la bonne amitié que je vous ai vouée. Signé BONAPARTE.

Cependant les conséquences prévues par le Général, après la bataille d'Aboukir, se produisaient. Mourad-Bey, vaincu aux Pyramides et qui s'était soumis, reprenait les armes, ce qui détermina l'expédition de la haute Égypte. La Porte, qui avait souffert sans se plaindre l'occupation de l'Égypte, croyait les Français perdus, et se déterminait, après de longues hésitations, et sur les instances de la Russie et de l'Angleterre, à leur déclarer la guerre. En outre, l'esprit de révolte commençait à se manifester. Ce n'était pas en si peu de temps qu'on avait pu vaincre des préjugés si différents des nôtres, et adoucir une population chez qui la haine des chrétiens est un article de foi. Quels que fussent les efforts du Général pour se concilier les imans, beaucoup avaient résisté. Ils n'attendaient qu'une occasion; ils crurent qu'elle était veuue. Ils excitaient les esprits; des émissaires étaient envoyés de tous côtés. On annonçait que l'heure des infidèles était arrivée; que le commandeur des croyants venait de se lever contre eux. Tous ces bruits soulevaient le bas peuple. Enfin l'insurrection éclata le 21 octobre 1798. Elle fut terrible, mais le châtiment fut prompt. Il assurait la soumission de l'Égypte pour toujours, si la France eût conservé sa conquête.

Le Général rend compte de cet événement au général Marmont.

Au Caire, le 2 brumaire an 7 (23 octobre 1798).

Nous avons eu hier et avant-hier beaucoup de tapage ici; mais aujourd'hui tout est tranquille. Le général Dupuy a été tué dans une rue, au premier moment de la révolte: Sullowski a été tué hier matin. J'ai été obligé de faire tirer des bombes et des obus sur la grande mosquée, pour soumettre un quartier qui s'était barricadé cela a fait un effet très-considérable. Plus de quinze obus sont entrés dans la mosquée. Nous avons eu en différents points quarante ou cinquante hommes tués. La ville a eu une bonne leçon, dont elle se souviendra longtemps, je crois.

J'ai reçu votre lettre du 26. Faites-nous passer le plus d'artillerie que vous pourrez. Je vous ai demandé quelques pièces de vingt-quatre et quelques mortiers; il serait bien essentiel qu'il nous en arrivât.

BONAPARTE.

Au Caire, le 6 brumaire an 7 (27 octobre 1798).

Au Directoire exécutif.

Le 30 vendémiaire, à la pointe du jour, il se manifesta quelques rassemblements dans la ville du Caire.

A sept heures du matin, une populace nombreuse s'assemble à la porte du cadhi, Ibrahim Ehotem Effendy, homme respectable par son caractère et ses mœurs. Une députation de vingt personnes des plus marquantes se rendit chez lui, et l'obligea à monter à cheval, pour, tous ensemble, se rendre chez moi. On partait, lorsqu'un homme de bon sens observa au cadhi que le rassemblement était trop nombreux et trop mal composé pour des hommes qui ne voulaient que présenter une pétition. Il fut frappé de l'observation, descendit de cheval, et rentra chez lui. La populace mécontente tomba sur lui et sur ses gens à coups de pierre et de bâton, et ne manqua pas cette occasion pour piller sa maison.

Le général Dupuy, commandant la place, arriva sur ces entrefaites; toutes les rues étaient obstruées.

Un chef de bataillon turc, attaché à la police, qui venait à deux cents pas par derrière, voyant le tumulte et l'impossibilité de le faire cesser par douceur, tira un coup de tromblon. La populace devint furieuse; le général Dupuy la chargea avec son escorte, culbuta tout ce qui était devant lui, s'ouvrit un passage. Il reçut sous l'aisselle un coup de lance qui lui coupa l'artère ; il ne vécut que huit minutes.

Le général Bon prit le commandement. Les coups de canon d'alarme furent tirés; la fusillade s'engagea dans toutes les rues; la populace se mit à piller les maisons des riches. Sur le soir, toute la ville se trouva à peu près tranquille, hormis le quartier de la grande mosquée, où se tenait le conseil des révoltés, qui en avaient barricadé les avenues.

A minuit, le général Dommartin se rendit avec quatre bouches à feu sur une hauteur, entre la citadelle et la qoubbeh, qui domine à cent cinquante toises la grande mosquée. Les Arabes et les paysans marchaient pour secourir les révoltés. Le général

Lannes fit attaquer par le général Vaux quatre à cinq mille paysans qui se sauvèrent plus vite qu'ils n'auraient voulu : beaucoup se noyèrent dans l'inondation.

A huit heures du matin, j'envoyai le général Dumas avec de la cavalerie battre la plaine. Il chassa les Arabes au delà de la qoubbeh.

A deux heures après midi, tout était tranquille hors des murs de la ville. Le divan, les principaux cheiks, les docteurs de la loi, s'étant présentés aux barricades du quartier de la grande mosquée; les révoltés leur en refusèrent l'entrée ; on les accueillit à coups de fusil. Je leur fis répondre à quatre heures par les batteries de mortiers de la citadelle, et les batteries d'obusiers du général Dommartin. En moins de vingt minutes de bombardement, les barricades furent levées, le quartier évacué, la mosquée entre les mains de nos troupes, et la tranquilité fut parfaitement rétablie.

On évalue la perte des révoltés de deux mille à deux mille cinq cents hommes; la nôtre se monte à seize hommes tués en combattant; un convoi de vingt-un malades revenant de l'armée, égorgés dans une rue, et à vingt hommes de différents corps et de différents états.

L'armée sent vivement la perte du général Dupuy, que les hasards de la guerre avaient respecté dans cent occasions.

Mon aide de camp Sullowsky allant, à la pointe du jour, le 1er brumaire, reconnaître les mouvements qui se manifestaient hors la ville, a été à son retour attaqué par toute la populace d'un faubourg. Son cheval ayant glissé, il a été assommé. Les blessures qu'il avait reçues au combat de Salahieh n'étaient pas encore cicatrisées; c'était un officier de la plus grande espérance. BONAPARTE.

Le Général a décrit la terreur des Égyptiens après cette exécution. (Camp. d'Égypte et de Syrie. Bertrand).

V. Au soleil levant, les soixante cheiks et imans de la grande mosquée se rendirent au palais. Depuis trois jours, ils ne s'étaient pas couchés. Leur contenance était celle de coupables

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