Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Craonelle aux Roches. Le général Charpentier, à la tête de sa division et de celle du général Boyer de Rebeval, s'avança en colonne, par la gauche du petit bois. Le prince de la Moskowa fit renouveler l'attaque d'Ailles, par la division Pierre Boyer, et la fit soutenir par les divisions Meunier et Curial. La division Friant se dirigea par la route de Soissons. Cette attaque combinée réussit pleinement. Le général Colbert se forma en avant de la ferme des Roches, malgré le feu de la brigade Harpe. Le général Charpentier arriva sur le plateau à la gauche d'Ailles. Le général Woronzow porta au devant de lui, pour l'arrêter, d'abord une partie de la brigade Rüdinger de la seconde ligne, puis la brigade Sanders de la troisième. Mais la division Friant ayant passé, en ce moment, le ravin au centre, l'ennemi fut enfoncé. Dans le même temps la division Pierre Boyer emporta Ailles, et le général Woronzow, entamé de toutes parts, se mit forcément en retraite. L'armée française couronna le plateau entre Ailles et Paissy; le prince de la Moskowa et le général Charpentier en première ligne; le duc de Trévise, qui arriva alors, en seconde. La poursuite de l'ennemi continua, sous la protection de six batteries de la garde qui couvraient le front de l'armée. Le général Belliard qui prit le commandement de la cavalerie, reçut l'ordre d'appuyer à gauche et de joindre le général Nansouty, pour tourner la droite de l'ennemi. A la hauteur de Cerny, le général Woronzow essaya

de prendre position, sous la protection de la cavalerie du corps de Sacken. Cette dernière sauva à la vérité d'une défaite entière la brigade de Benckendorf, culbutée par les divisions Excelmans et Pacz. Mais le général Woronzow fut contraint à continuer sa retraite, le plus qu'il pût en échiquier. Le corps de Sacken le précéda. La cavalerie française ne put cependant pas le tourner, à cause des ravins qui gênaient sa marche. Mais à la hauteur d'Ouarmont, le prince de la Moskowa trouva l'oc casion d'engager et de culbuter la gauche de l'ennemi. Alors le corps de Woronzow fut coupé en deux; la gauche se jeta au travers de la Lette, sous la protection du corps de Langeron, qui était resté à Troucy; la droite se retira en désordre à Chavignon. Le soir l'armée française s'arrêta entre Filain et Ostel; la division Colbert s'avança à Aisy.

La perte de l'ennemi, dans cette journée, s'éleva à près de cinq mille hommes. Les généraux Landskoy et Uszakow (du corps de Sacken) furent tués; les généraux Chowansky, Laptiew, Maslow et Swarikin furent blessés. Notre perte s'éleva aussi à près de quatre mille hommes; le duc de Bellune et les généraux Grouchy, Laferrière, Pierre Boyer, Bigarré et le Capitaine furent blessés. On a élevé la perte de notre armée à huit mille hommes. Si on réfléchit, que le combat n'a porté que sur les corps du prince de la Moskowa et du duc de Bellune, c'est-à-dire sur onze mille hommes, on verra aisément l'exagération de ce compte. Au

reste, il n'a été établi que pour faire une compa raison avec la bataille de Kunersdorf. On a égale ment avancé que le maréchal Blücher, voyant que le général Winzingerode n'était pas arrivé à Fetieux, avait ordonné au général Woronzow de se retirer. Le fait est faux, car ce dernier avait reçu l'ordre d'opposer la plus vive résistance, afin de couvrir le mouvement de Winzingerode. Au reste, le général Woronzow a rempli sa mission d'une manière qui ne peut lui mériter que des louanges. Ayant passé quelques heures à Chavignon et rallié la garnison de Soissons, que le maréchal Blücher fit évacuer, il se retira à Laon, laissant en arrière-garde la brigade Benckendorf, qu'il renforça de deux régimens de chasseurs.

L'empereur Napoléon, voyant qu'il n'avait eu à faire à Craone qu'à une petite partie de l'armée de Blücher, au lieu de l'y rencontrer toute entière, en conclut que le général ennemi était occupé à quelques manœuvres. En effet, s'il n'avait voulu que se replier sur Laon, il avait eu tout le temps de le faire, sans qu'il fût nécessaire de compromettre une portion de son armée, que rien ne soutenait jusqu'à Chavignon. L'évacuation précipitée de Soissons dut le confirmer dans cette opinion; car le maréchal Blücher, voulant tenir à Laon, n'avait aucune raison pour abandonner une ville, dont l'occupation devait gêner les mouvemens de l'armée française, dans les défilés qu'elle avait à traverser de Chavignon jusque sous Laon. Espé

rant donc pouvoir emporter la position de Laon, avant que Blücher n'ait changé la direction de son mouvement et ne s'y soit établi, il se décida à l'attaquer. Le prince de la Moskowa reçut, dans la nuit, l'ordre de pousser en avant vers Laon, avec son corps et toute la cavalerie; le général Charpentier et le duc de Trévise devaient suivre; le duc de Raguse, qui était à Bery-au-Bac, où le duc de Padoue l'avait rejoint, devait se diriger par Corbeny et Fetieux et se mettre, par Bruyères, en communication avec le restant de l'armée.

Cependant le mouvement que le maréchal Blücher avait imaginé sur Fetieux, avait complètement échoué. Le général Winzingerode, retardé au passage de la Lette, n'était arrivé à Fetieux que le 7 au soir; le corps de Kleist l'avait devancé, en se dégageant par un mouvement à gauche, et était arrivé à Laon dans l'après-midi; celui de Langeron, n'ayant passé la Lette que très-tard, s'arrêta à Troucy. Le maréchal Blücher, voyant sa diversion manquée, se décida, vers le soir, à réunir toutes ses troupes autour de Laon, pour y recevoir la bataille. La cavalerie, qui composait la colonne du général Winzingerode, reçut l'ordre de rentrer à ses corps respectifs; l'armée russo-prussienne reçut, pour le 8, l'ordre de bataille suivant : les corps de Langeron, Sacken et Winzingerode, massés en colonne entre la Neuville et Thieret, le premier à l'extrême droite, et le dernier appuyé à la montagne de Laon; toute la cavalerie de ces corps

à

Luisy; le corps de Bulow sur la montagne de Laon, occupant Semilly par la division Thümen; les corps de Kleist et d'Yorck, sur deux lignes, entre Vaux et Athis, le dernier à gauche, leur cavalerie en avant de Chambry; le général Woronzow, avec six mille hommes, occupait Etouvelle et Chivi, appuyé par la cavalerie de Czerniszeff; le colonel Blücher, avec deux bataillons et quatre escadrons, tenait Fetieux; l'avant-garde du général Katzler était à Salmoucy.

Le 8 au matin, l'armée française continua son mouvement. Le prince de la Moskowa déboucha, au point du jour, par l'Ange-Gardien sur Chavignon, chassant devant lui la cavalerie légère russe de Benckendorf. A Urcel, ce dernier se réunit à la tête de l'avant-garde du général Woronzow. Le prince de la Moskowa y arriva vers quatre heures du soir, et en débusqua l'ennemi qui se replia sur Etouvelle. Ce village, ainsi que celui de Chivy, étaient fortement occupés par l'infanterie du général Woronzow; une forte batterie, placée à Etouvelle, enfilait la grande route qui, entre ce village et Urcel, n'est qu'une chaussée bordée des deux côtés d'un marais presque impraticable. La cavalerie du prince de la Moskowa prit position et engagea une vive canonnade; l'infanterie arriva peu après; mais arrêtée par le passage des marais, que le prince de la Moskowa ne crut pas pouvoir forcer, elle prit position pour la nuit en avant d'Urcel. Des reconnaissances de cavalerie furent

« ZurückWeiter »