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« Recevez, Monsieur le Comte, mes remerciements «< bien sincères, pour la part si utile que vous avez prise « à mon administration; j'en conserverai un souvenir « durable.

« Agréez, Monsieur le Comte, etc., etc.

« Le gouverneur de Paris,

<< SACKEN. »

Le 5 juin, le commandant en chef de la garde nationale de Paris, entouré de tout son état-major, nous offrit un grand dîner : nous y reçûmes chacun nominativement les remerciements que, sans vanité, nous méritions. Le Moniteur universel du 9 juin 1814, page 636, donne tous les détails de cette réception d'adieu.

Pour terminer ce quatrième chapitre ou phase de ma vie, je donnerai une lettre du duc de Richelieu.

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« Odessa, 25 juin 1814.

« J'ai reçu, mon cher ami, votre lettre; l'en-tête m'a

réjoui, vous croyant resté au service de Russie, mais «< ce que vous me dites dans le courant de la lettre, me « prouve que vous avez pris votre parti, ce qui m'est « confirmé par ma femme et mes sœurs. J'en suis affligé; « comblé, accablé comme vous l'avez été des bontés de « l'Empereur, vous auriez dû lui faire au moins la poli«tesse de l'accompagner chez lui, attaché surtout comme « vous l'étiez à sa personne. Au reste, c'est chose faite, << n'en parlons plus. Moi, sitôt que l'Empereur sera « revenu en Russie, je demanderai à aller le trouver à Pétersbourg, et j'obtiendrai le congé dont j'ai besoin. « pour aller à Paris. Je ne m'étonne pas beaucoup qu'il « ne l'ait pas accordé à la demande de ma famille, car il « doit avoir envie de causer avec moi sur bien des choses

364 MÉMOIRES INÉDITS DU COMTE DE ROCHECHOUART.

<< concernant ce pays-ci, et moi, de mon côté, je désire le << voir pour la même raison.

« J'ai écrit au Roi une lettre de félicitations, je lui << soumets en même temps les motifs de ce retard, qui << tient au compte que je dois rendre de mon administra«tion. Écrivez-moi si vous êtes avantageusement placé. << Il me semble que ce qui doit surtout vous occuper, « c'est de songer à faire un bon mariage, car vous n'avez << pas dû retrouver grand'chose en France, et vous avez « besoin d'un établissement solide et indépendant de la « cour. Donnez-moi des détails sur vos espérances à cet égard, vous savez quel tendre intérêt je prends et pren<< drai toujours à vous, il ne finira qu'avec la vie. Je << vous embrasse de tout cœur; le consul est à Vienne,

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où il espérait vous embrasser, je l'attends bientôt. << Tout le monde ici vous dit mille choses.

<< R. »

CHAPITRE V

1814-1823

Nomination de maréchal de camp en France. Nomination de lieutenant de mousquetaires noirs. Débarquement de Napoléon au golfe Juan. Le Roi quitte Paris. Nous le rejoignons à Gand. Nomination de chef d'état-major du ministre de la guerre. Correspondance avec le duc de Richelieu. - Bataille de Waterloo. Rentrée du Roi en France et à Paris. - Ministère Talleyrand et Fouché. - Ministère Richelieu. — Correspondance relative à cet événement. Nomination au commandement de la place de Paris. - Le général Daumesnil à Vincennes. visite. - Procès et exécution du maréchal Ney. Organisation du service de la place. — Libération du territoire. Règlement de l'indemnité aux alliés. - Congrès d'Aix-la-Chapelle. Démission du duc de Richelieu. - Correspondance pendant son voyage. - Assassinat du duc de Berry. Second ministère Richelieu. - Retraite du duc de Richelieu. Mon mariage. Mort du duc de Richelieu. Le duc de Bellune m'enlève le commandement de la place de Paris. - Mise en non-activité.

-

Ma

Au moment où j'abandonnais si brusquement le service de la Russie pour entrer au service de la France, le général Dupont était ministre de la guerre. Né dans la Charente, à une petite distance de Rochechouart, il se montra fort aimable pour moi, saisit la première occasion favorable pour faire signer au Roi mon admission au service de la France, et m'en donna avis par la lettre suivante :

« Ministère de la guerre. 2o division.

État-major.

<< Paris, le 22 juillet 1814.

• Monsieur le Comte, j'ai mis sous les yeux du Roi la

<< lettre dans laquelle vous m'avez informé que vous « aviez donné votre démission du service de Russie. « Sa Majesté, par une décision du 14 de ce mois, a bien << voulu vous admettre à son service avec le grade de << maréchal de camp. J'éprouve un véritable plaisir à « vous donner cet avis.

« Recevez, Monsieur le Comte, etc., etc.

« Le ministre de la guerre,

« Comte DUPONT. >>

Je me trouvais largement récompensé des services que j'avais pu rendre à la cause royale, même de ceux que je venais de rendre à ma ville natale. Ma mère avait perdu sa fortune en voulant sauver la Reine, la brillante carrière qui s'ouvrait devant moi compensait cette perte; officier général à vingt-six ans, l'avenir me paraissait des plus riants.

Le 29 août, Monsieur me reçut chevalier de SaintLouis. Il me fit également incorporer dans la seconde compagnie des mousquetaires de la garde du Roi, dits mousquetaires noirs, avec le grade de lieutenant; n'ayant jamais servi dans la cavalerie, il n'avait pu m'entrer dans l'idée de solliciter cet emploi.

Au mois de novembre, le duc de Richelieu m'écrivit de Vienne; l'empereur Alexandre lui accordait enfin un congé temporaire pour venir en France présenter ses hommages au Roi, régler ses affaires personnelles et voir sa famille, dont il était séparé depuis si longtemps. Il me priait de remettre une lettre au Roi, dans laquelle il Lui expliquait les motifs qui l'avaient empêché de venir plus tôt Lui faire sa cour et reprendre son service de premier

gentilhomme de la chambre. Il annonçait son arrivée prochaine et me recommandait de lui chercher un logement convenable.

Le Roi me chargea, en réponse à cette lettre, de dire à M. de Richelieu les choses les plus aimables et les plus flatteuses, puis il ajouta : « Assurez-le de ma part du plaisir « que j'aurai à le voir auprès de moi et la satisfaction que << j'éprouverais à le voir dans mes conseils. » En transmettant ces gracieuses paroles à M. de Richelieu, je le suppliai de venir loger chez moi, rue Royale, où j'avais loué, du baron Louis, un appartement meublé, assez grand pour nous loger tous les deux ainsi que son aide de camp, mon ancien camarade Stempkowski, qui l'accompagnait. J'insistai auprès de cet excellent duc, pour qu'il me laissât le plaisir de l'héberger, nous avions tant de choses à nous dire!

A la fin de novembre, j'eus donc le bonheur de l'embrasser après une séparation de deux années, pendant lesquelles tant d'événements importants s'étaient passés! On comprendra mon bonheur! Il m'avait servi de père, guidé aux débuts de ma carrière militaire, je devais ma position à ses excellents conseils.

La famille du duc de Richelieu se composait alors : 1 de la maréchale de Richelieu, troisième femme de son grand-père; 2° de la duchesse douairière de Richelieu, seconde femme de son père; 3° de ses deux sœurs: mesdames de Montcalm et de Jumilhac, issues du second mariage de son père; 4° de sa belle-mère la comtesse Louis de Rochechouart; et 5o de sa femme.

Après avoir consacré quelques jours à la première partie de sa famille, il voulut aller voir sa belle-mère et sa femme à Courteille, que ces dames n'avaient pas cessé d'habiter, même pendant la Révolution. Cette visite

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