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des personnes et des choses, la liberté complète des cultes, la nécessité d'une éducation gratuite et républicaine; nous les avons vus mettre à l'ordre du jour la Justice et la probité (t. 3, p. 360). Nous allons les voir proclamer le règne de la morale, l'abolition de la misère, l'aisance et le bonheur pour tous, et développer leur nouveau système, système dont le but est de réaliser toutes les espérancès de la Philosophie en régénérant radicalement la France et l'Humanité.

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Dès le 17 novembre, Robespierre a fait, sur la situation politique de la République, un rapport dans lequel il a soutenu que le Cabinet anglais a beaucoup contribué à donner le premier branle à la Révolution, et que son but était de placer le duc d'York sur le trône de France en lui faisant épouser la fille du duc d'Orléans... Ce rapport, qui a excité une admiration universelle, est rempli d'idées morales parmi lesquelles nous citerons la suivante :

«Oh! qui de nous ne sent pas agrandir toutes ses facultés, qui de nous ne croit s'élever au-dessus de l'humanité même, en sougeant que ce n'est pas seulement pour un Peuple que nous combattons, mais pour l'Univers, non pas seulement pour les hommes qui vivent aujourd'hui, mais pour ceux qui existeront ? »

Puis, il a proposé le décret suivant :

« La Convention nationale déclare, au nom du Peuple français, que la résolution constante de la République est de se montrer terrible envers ses ennemis, généreuse envers ses alliés, juste envers tous les Peuples.

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Et ce décret, ainsi que le rapport, adoptés par accalamations, ont été imprimés dans toutes les langues.

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Rapport de Robespierre sur les principes du Gouvernement révolutionnaire.

<< La fonction du Gouvernement révolutionnaire, dit-il le 25 décembre, est de diriger les forces morales et physiques de la Nation vers le but de son institution...-La Révolution est la guerre de la

Liberté contre ses ennemis : la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible... Le Gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale: il ne doit aux ennemis du Peuple que la mort... Il a aussi ses règles, toutes puisées dans la justice et dans l'ordre public. Il n'a rien de commun avec l'anarchie ni avec le désordre: son but au contraire est de les réprimer, pour amener et pour affermir le règne des lois. Il n'a rien de commun avec l'arbitraire : ce ne sont point les passions particulières qui doivent le diriger, mais l'intérêt public... Il doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l'excès, le MODÉRANTISME qui est à la modération ce que l'impuissance est à la chasteté, et l'EXCÈS qui ressemble à l'énergie comme l'hydropisie à la santé... Les deux extrêmes aboutissent au même point : que l'on soit en deçà ou au-delà du but, le but est également manqué. Rien ne ressemble plus à l'apôtre du Fédéralisme, que le prédicateur intempestif de la République universelle. L'ami des Rois (défenseur avoué de la Royauté) et le Procureur-général du Genre humain (Clootz) s'entendent assez bien. Le fanatique couvert de scapulaires et le fanatique qui prêche l'athéisme ont entre eux beaucoup de rapports. Les Barons démocrates sont les frères des Marquis de Coblentz ; et quelquefois les BONNETS ROUGES sont plus voisins qu'on ne pourrait le penser des TALONS ROUGES. Que faut-il donc faire? Poursuivre les inventeurs coupables des systèmes perfides, protéger le patriotisme même dans ses erreurs, éclairer les patriotes, et élever sans cesse le Peuple à la hauteur de ses droits et de ses destinées. »

Ce rapport est souvent interrompu et approuvé avec les plus vifs applaudissements, ainsi que le décret proposé par Robespierre pour augmenter d'un tiers les récompenses territoriales accordées aux défenseurs de la Patrie. Et remarquons-le bien, Robespierre, le Comité et la Convention, travaillent toujours à intéresser le Peuple à la défense de la Révolution, à récompenser les soldats, à augmenter le nombre des propriétaires, et à diminuer l'inégalité des fortunes.

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La discussion dure du 25 décembre au 6 janvier. — L'enseignement est libre, public et gratuit.- La Convention charge son Comité d'instruction de lui présenter des livres élémentaires des connaissances absolument nécessaires pour former des citoyens, et déclare que :

« Les premiers de ces livres sont les Droits de l'homme, la Constitution, le tableau des actions héroïques ou vertueuses.— Les pères et mères, etc. sont tenus d'envoyer leurs enfants aux écoles avant huit ans, et pendant trois ans au moins.— Au sortir de l'école, tous les enfants sont tenus d'apprendre une science, art ou métier utile à la Société, ou seront privés, pendant dix ans, du droit de citoyen.

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Le 28 janvier, sur le rapport de Grégoire, au nom du Comité d'Instruction, la Convention décrète encore :

« Un concours sera ouvert pour les ouvrages sur les objets suivants: 1° Une Instruction sur la conservation des enfants depuis la grossesse inclusivement, et sur leur éducation physique et morale depuis leur naissance jusqu'à leur entrée dans les écoles nationales; 2o une Instruction, pour les Instituteurs nationaux, sur l'éducation physique et morale des enfants; 5o une Méthode pour apprendre à lire et écrire; 4o des Notions sur la Grammaire française, l'Arithmétique et la Géométrie-pratique; sur les nouvelles mesures; sur la géographie; sur les principaux phénomènes, et sur les productions les plus usuelles de la Nature; — 8o sur la morale républicaine; 9° sur l'agriculture et les arts. Des récompenses nationales seront décernées aux auteurs. Un Jury jugera les ouvrages.

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Chaque District aura une Bibliothèque publique.

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Rapport de Robespierre sur les principes de morale sociale et politique.

« Il est temps, dit-il le 5 février, de marquer nettement le but de la Révolution et le terme où nous voulons arriver... Quel est le but où nous tendons? La jouissance paisible de la liberté et de l'Egalité, le règne de cette Justice éternelle dont les lois ont été gravées, non sur le marbre et la pierre, mais dans les cœurs de tous les hommes.... Nous voulons un Ordre de choses où toutes les passions basses et cruelles soient enchaînées, toutes les passions bienfaisantes et généreuses éveillées par les lois; où l'ambition soit le désir de mériter la gloire et de servir la Patrie; où les distinctions ne naissent que de l'Egalité même; où le citoyen soit soumis au Magistrat, le Magistrat au Peuple et le Peuple à la Justice; où la Patrie assure le bien-être de chaque individu, et où chaque individu jouisse avec orgueil de la prospérité et de la gloire de la Patrie; où toutes les âmes s'agrandissent par la communication continuelle des sentiments républicains et par le besoin de mériter l'estime d'un grand Peuple; où les arts soient les décorations de la Liberté qui les ennoblit, le commerce la source de la richesse publique et non pas seulement de l'opulence

monstrueuse de quelques maisons..... Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l'égoïsme, la probité à l'honneur, les principes à l'usage, les devoirs aux bienséances, l'empire de la Raison à la tyrannie de la Mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l'insolence, la grandeur d'âme à la vanité, l'amour de la gloire à l'amour de l'argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l'intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l'éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l'homme à la petitesse des Grands, un Peuple magnanime, puissant, heureux, à un Peuple aimable, frivole et misérable, c'est-à-dire toutes les vertus et tous les miracles de la République à tous les vices et à tous les ridicules de la Monarchie... Nous voulons en un mot remplir les vœux de la Nature, accomplir le destin de l'Humanité, tenir les promesses de la Philosophie, absoudre la Providence du long règne du crime et de la Tyrannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les Peuples libres qui ont existé, devienne le modèle des Nations, l'effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés, l'ornement de l'univers ! Et qu'en scellant notre ouvrage de notre sang nous puissions au moins voir briller l'aurore de la félicité universelle!... Voilà notre ambition, voilà NOTRE BUT! »

Quel Gouvernement a jamais tenu pareil langage?

Le

« Quelle nature de Gouvernement peut réaliser ces prodiges?· seul Gouvernement démocratique ou républicain... Quel est son principe fondamental? — C'est LA VERTU, c'est-à-dire l'amour de la Patrie et des lois, c'est-à-dire l'amour de L'ÉGALITÉ... Il s'ensuit que la première règle de votre conduite doit être de rapporter toutes vos opérations au maintien de l'Egalité et au développement de la Vertu.»

N'était-ce pas un crime de la part des Hébertistes de conspirer contre un pareil Gouvernement?

« Nous ne prétendons pas jeter la République française dans le moule de celle de Sparte; nous ne voulons lui donner ni l'austérité ni la corruption des Cloitres... Heureusement la vertu est naturelle au Peuple, en dépit des préjugés aristocratiques... D'ailleurs on peut dire en un sens que pour aimer la Justice et l'Egalité, le Peuple n'a pas besoin d'une grande vertu; il lui suffit de s'aimer lui-même... Mais le Magistrat est forcé d'immoler son intérêt à l'intérêt du Peuple et l'orgueil du Pouvoir à l'Egalité; il faut que la loi parle surtout avec empire à celui qui en est l'organe; c'est pour eux surtout que la vertu est nécessaire. >

Les Dantonistes étaient bien criminels dans leur opposition! << Si le ressort du Gouvernement populaire dans la paix est la vertu,

son ressort en révolution est à-la-fois la vertu et la terreur; la vertu, sans laquelle la terreur est funeste, la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n'est autre chose que la Justice prompte, sévère, inflexible..... Ceux qui s'appitoient aujourd'hui sont tendres pour les oppresseurs et INEXORABLES POUR LES OPPRIMÉS... On demande grâce pour les Royalistes !... Grâce pour les scélérats! Non; grâce pour l'innocence, grâce pour les faibles, grâce pour les malheureux, grâce pour l'humanité!..... La protection sociale n'est due qu'aux citoyens paisibles, et il n'y a de citoyens dans la République que les Républicains. Les Royalistes, les conspirateurs, ne sont pour elle que des étrangers ou plutôt des ennemis. Et les ennemis du dedans ne sont-ils pas les alliés de ceux du dehors?... Punir les oppresseurs de l'humanité c'est clémence; leur pardonner c'est barbarie ! »

Les ennemis intérieurs du Peuple français se sont divisés en factions, les ultra-révolutionnaires, qui poussent aux excès et qui veulent changer la liberté en Bacchante, et les modérés ou les faux révolutionnaires, qui poussent à la faiblesse et qui veulent faire de la Liberté une prostituée... Mais vous sauverez la Liberté, en adoptant ces principes de morale sociale et politique. »

Et la Convention les adopte au milieu des applaudissements.

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Rapport de Saint-Just contre les ennemis de la Révolution, et sur la Propriété.

« Vous avez 100,000 détenus, dit-il le 26 février, et le Tribunal révolutionnaire a condamné déjà 300 coupables. Mais, sous la Monarchie, vous aviez 400,000 prisonniers; on pendait par an 15,000 contrebandiers, on rouait 3000 hommes ; et aujourd'hui même il y a en Europe 4 millions de prisonniers dont vous n'entendez pas les cris, tandis que votre modération parricide laisse triompher tous les ennemis de votre Gouvernement! Nous nous accablons de reproches, et les Rois, mille fois plus cruels que nous, dorment dans le crime ! »

Et il propose de charger le Comité de Sûreté générale d'élargir tous les détenus reconnus patriotes, et de retenir jusqu'à la paix, pour être bannis alors, tous ceux qui seraient reconnus ennemis de la Révolution.

Notre but, continue-t-il, est d'établir un Gouvernement sincère, tel que le Peuple soit heureux, tel enfin que, la Sagesse et la Providence éternelle présidant seules à l'établissement de la République, elle ne soit plus chaque jour ébranlée par un forfait nouyeau..... La

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