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rale, en y nommant 59 Pairs libéraux; mais de Villèle la rendra contre-révolutionnaire par une nouvelle fournée de 76 Pairs.

Aussi, toutes les lois sont faites dans l'intérêt de l'Aristocratie, aucune dans l'intérêt du Peuple.

Parlerons-nous du système de corruption et de démoralisation adopté par la Restauration? Comment un Gouvernement qui fait la guerre à la Patrie depuis 25 ans, qui s'appuie sur l'Etranger et sur la trahison, pourrait-il être moral et juste? En niant solennellement la guerre d'Espagne, quelques jours avant cette guerre (1823), Louis XVIII donnera, comme Louis XVI et Bonaparte, l'exemple du mensonge.

Les Prêtres, restaurés par Napoléon, après avoir été si contre-révolutionnaires, n'osent pas rétablir la dime mais devenus le principal appui de la Restauration, dirigés par les Jésuites, spécialement protégés par le comte d'Artois, ils organisent une vaste Congrégation secrète, qui couvre la France de missionnaires, de séminaires et de couvents. La Sorbonne remplace l'Ecole normale; la jeunesse est livrée aux frères ignorantins; on ressuscite les miracles, la superstition, le fanatisme; on s'efforce de rendre le Peuple ignorant, crédule, stupide ; on abolit le divorce; le Clergé obtiendra même une atroce loi du sacrilège et des lois contre la presse; et sa puissance deviendra telle, avec Charles X, qu'il voudra dominer la Justice, la Noblesse et l'Armée.

Nous ne parlons pas du Gouvernement occulte, qui se confond avec la Congrégation; qui se compose de tous les ultrà-royalistes ; qui a pour chef ou pour Roi le comte d'Artois; qui conspire presque continuellement contre Louis XVIII; qui l'appelle Jacobin; et qui prépare la révocation de la Charte, la contre-révolution complète, et la proclamation de l'ancien régime.

Mais le Comte d'Artois remplace Louis XVIII mort le 16 septembre 1824, et devient Charles X. Le plus violent ennemi de la Révolution de 89, le provocateur de l'émigration et des coalitions, le chef des Ultrà-Royalistes, de la Congrégation et du Gouvernement occulte, est maintenant Roide France; la Contre-Révolution et les Jésuites sont sur le trône; et personne ne doute qu'ils vont marcher ouvertement à leur but. Bientôt, Charles X est sacré; bientôt, à l'aide

des trois cents Députés-machines de de Villèle, les Émigrés obtiennent l'indemnité d'un milliard, l'Aristocratie la loi du droit d'atnesse, les Jésuites la loi du sacrilege. Tous demandent la loi d'amour qui doit achever d'enchaîner la presse.

Cependant, les Royalistes modérés s'effraient, et la Majorité de la Pairie résiste; mais la fournée de soixante-seize Pairs Jésuites et contre-révolutionnaires la rend propre à tout. La Garde nationale crie: A bas Villèle! mais on la dissout. Une nouvelle Chambre de Députés arrête le mouvement jésuitique et contraint de remplacer le déplorable Ministère Villèle par le modéré Martignac (1827): mais Charles X, voyageant pour tâter l'opinion, et recevant de l'Aristocratie et des fonctionnaires autant d'acclamations d'amour que Napoléon en a jamais pu recevoir, croit qu'il peut tout oser, décide la violence, et appelle (8 août 1829) l'ancien conspirateur complice de Georges et Pichegru, Polignac (p. 497), grâcié par Bonaparte et enfermé à Ham (p. 503), qui a refusé le serment à la Charte; Bourmont, transfuge et déserteur à l'ennemi la veille de Waterloo; Labourdonnaie, qui voulait des proscriptions par catégories après les Cent-Jours, etc.; et personne ne doute que ce ne soit la Contre-Révolution qui prépare son dernier attentat.

Bientôt, les Chambres sont en séance: c'est en vain que Charles X menace de son immuable volonté et que le mensonge officiel proteste de l'amour qu'inspirent ses vertus; 221 Députés contre 181 lui refusent leur concours. C'est en vain qu'il dissout la Chambre, et qu'il demande personnellement d'autres Députés; les électeurs à trois cents francs lui renvoient les 221..... Reculera-t-il? Non: interprétant jésuitiquement l'art. 14 de la Charte, il la viole et la tue, dissout la nouvelle Chambre, fait lui-même une nouvelle ordonnance électorale, fait une nouvelle Chambre qui ne sera composée que des séïdes de sa Faction, détruit la presse.... C'est le 25 Juillet.... Mais arrêtons-nous un moment.

Nous l'avons vu, dès 1792, le Peuple exécrait Louis XVI, sa femme, ses frères, surtout le comte d'Artois, les Emigrés, les Prêtres, toute la Faction contre-révolutionnaire. Le 20 mars et les Cent-Jours ont prouvé combien il détestait Louis XVIII, sa famille, et ses partisants. Ramenés par l'Etranger sur les cadavres de Waterloo, les Bourbons sont devenus plus encore un objet d'horreur pour l'armée, łes Fédérés, le Peuple, les patriotes et la masse des Bonapartistes.

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Leurs alliés ont regardé une expulsion nouvelle comme tellement certaine qu'ils les ont fait garder par 150,000 de leurs soldats; et quand la Sainte-Alliance a retiré ses troupes (en 1818), quoiqu'il leur restât leurs gardes-du-corps, leur garde royale et leurs Suisses, l'effroi du comte d'Artois et de la Faction a été tel encore qu'ils ont envoyé des notes secrètes aux Coalisés pour les supplier de laisser leurs troupes ; ils n'ont pas même osé tolérer la garde nationale, bien qu'organisée par eux, chamarrée de leurs croix et de leurs rubans... - Toutes leurs lois contre la presse, contre les associations, etc., attestent leur conviction de la haine du pays... Ils n'osent pas même permettre de s'expliquer sur les prétendus droits que le Roi tient de sa naissance... Ils n'osent tolérer l'élection du régicide Grégoire, qui leur annonce le sentiment public... Ils ne peuvent souffrir Manuel parlant, à la tribune, de la répugnance inspirée par leur retour... Et c'est avec raison qu'un député (Foy) s'écrie: « Nous sommes 25 « contre 1. » Et un autre : « Nous ne sommes que 8 ici; mais la Nation ◄ est derrière nous. » — Aussi, la Restauration n'étant, de la part des Bourbons et des leurs, qu'une longue oppression et une longue humiliation, elle n'est, de la part du pays, qu'une LONGUE PROTESTATION; car les conspirations de Grenoble, Lyon, Toulon, Paris, Béfort, Colmar, Saumur, Poitiers, la Rochelle, et cent autres; le poignard de Louvel; la Société secrète de 40 à 50,000 Carbonari; les associations pour la presse, pour la liberté individuelle, pour les élections, pour le refus d'impôt; la joie qu'excitent les révolutions de Grèce, d'Es pagne, de Portugal, de Naples et du Piémont; les espérances que font naître les dispositions insurrectionnelles de l'armée envoyée contre l'Espagne; les cris de la garde nationale contre Villèle; les couronnes décernées à Manuel; ses funérailles et celles de Foy; les ovations pour les Députés populaires; sont autant de PROTESTATIONS... Les émeutes, leurs cris de vive la Charte poussés dans les rues, les cris de vive la liberté poussés sur l'échafaud, sont encore des PROTESTATIONS... En un mot, la PROTESTATION des Représentants (p. 620) ne cesse pas de retentir, répétée par la Nation depuis 1815 à 1830.

Et ces 40 à 50,000 Carbonari dont nous venons de parler sont la tête de la Nation, à Paris et dans les Départements, comprenant un grand nombre de Députés, de magistrats, d'avocals, de médecins, de professeurs, d'écrivains, de manufac turiers, de négociants, de généraux, de colonels, d'officiers, de sous-officiers, etc.

L'association se divisait en ventes, ventes centrales, vente suprême ou Comité-Directeur composé presque exclusivement de Députés, quelquefois élus dans un Congrès forme par des Commissaires en

voyés par les ventes centrales des départements. Toute la Charbonnerie était révolutionnaire et voulait l'expulsion des Bourbons. La masse était Républicaine ou Constitutionnelle, voulant l'exercice de la Souveraineté nationale et une Constitution; mais la minorité était Bonapartiste ou Orléaniste. Dans quelques ventes, on a pu faire jurer le carbonaro sur un poignard; mais le poignard était inconnu dans le plus grand nombre.

On y complait les Députés Lafayette, son fils, Manuel, Dupont (de l'Eure), d'Argenson, J. Kæclin, Corcelle, Taraire, Beauséjour, etc., etc. (non Foy, B.-Constant, Sébastiani, Laffitte, C. Perrier, Dupin). Lafayette et Mant el s'y partageaient l'influence. Lafayette se prononçait pour la République et voulait la proclamer dans une insurrection. Manuel, que le parti Fayettiste accusait d'ètre Orléaniste, n'exigeait et n'excluait ni la République ni d'Orléans, et suivait sincèrement ce principe que c'est à la Nation à se choisir sa Constitution et son Gouvernement. - La Charbonnerie fournira nonseulement presque tous les hommes de Juillet qui deviendront Républicains, mais une foule de grands fonctionnaires, après la chute de la Restauration, par exemple : MERILHOU (l'un des plus ardents à provoquer, à initier, à organiser, à pousser à l'insurrection, défenseur de Bories, et acceptant la défense de Berton), qui sera Ministrë et Pair de France; Barthe (défenseur de la conspiration de Béfort), qui sera Ministre, Pair, etc.; Cousin, Ministre et Pair; Bérenger (de la Drôme), Pair; de Schonen, Procureur-Général à la Cour des Comptes; Bernard, Procureur-Général à la Cour Royale, etc.; O.-Barrot, Préfet de la Seine; Gaujat, Chaber, etc., Préfets; Chatry-Lafosse, Aide-de-Camp du Roi; Marbot, Général; Dubois (de la Loire-Inférieure), Conseiller de l'Université; Jollivet, Mauguin, Pagès (de l'Arriége), Députés; Joubert, Directeur des Octrois; Lavocat, condamné à mort par contumace, Directeur des Gobelins, etc.

L'insurrection est donc préparée depuis longtemps quand, le 26 juillet, apparaissent les Ordonnances violatrices de la Charte et des lois. C'est le signal attendu... Et bientôt, après trois jours (27, 28 et 29) de barricades et de combat contre la garde royale et les Suisses, qui fusillent, canonnent et mitraillent le Peuple vainqueur place un cadavre sur le trône de Charles X aux Tuileries... C'est en vain que, voulant reculer, le 3 jour, il offre de retirer ses Ordonnances; l'insurrection lui répond ce mot terrible et si fréquent dans l'Histoire : C'est trop tard! Vainement aussi abdiquera-t-il en faveur du Duc de Bordeaux, âgé de dix ans (né le le 24 septembre 1820; son abdication ne profitera pas plus à son peiit-fils que celle

de Napoléon n'a profité à son enfant; le Peuple ne veut pas plus traiter avec aucun membre de la Branche aînée que les Rois n'ont voulu le faire avec aucun membre de la famille Bonaparte; et cette branche des Bourbons va rejoindre, en pays étranger, cette famille de Napoléon exilée par elle.

Qu'elle est belle cette insurrection populaire, assez longue pour constater le courage et le dévouement du Peuple, assez courte pour éviter une trop grande effusion du sang! Qu'il est admirable ce Peuple, si calomnié depuis le 9 thermidor, qui se montre aussi modéré que brave, aussi clément et géné→ reux que dévoué, aussi désireux de l'ordre que de la liberté! L'ouvrier de Paris excite chez tous les peuples d'Europe et du monde plus d'estime, de respect, d'admiration et de sympathie, que Napoléon et ses victoires n'en ont jamais excité.

Et Lafayette, qui depuis dix ans se déclare le plus ardent Républicain, se trouve à l'Hôtel-de-Ville à la tête de ce Peuple vainqueur... Et il adopte publiquement pour devise: Liberté, EGALITÉ... Et le Peuple met aveuglément sa confiance en lui... Qu'il applique donc la Déclaration des Représentants pendant les Cent-Jours (p. 620); qu'il proclame la Souveraineté nationale; qu'il appelle, au nom du Peuple, une Constituante ou une Convention... Mais seul, secrètement, pendant la nuit, sans consulter le Peuple, il accepte ou choisit le Duc d'Orléans pour Lieutenant-Général du Royaume, comme le Sénat a adopté le Comte d'Artois en 1814 (p. 601). Lui qui doit si bien connaître les principes de la Constituante sur la Souveveraineté du Peuple et sur une Constitution, il souffre que le nouveau Dictateur provisoire, secrètement dirigé par Talleyrand, choisisse pour Ministres des hommes de l'Empire et des hommes de Gand; qu'il conservé les Députés et les Pairs de la Restauration; qu'il fasse lui-même, avec eux et ses Ministres, non une Constitution, mais une Charte, en conservant et modifiant seulement la Charte de 1814, sans droit électoral pour le Peuple, sans acceptation nationale.

Voilà donc sur le trône le Duc d'Orléans, que Dumouriez voulait proclamer en 1793, et que, depuis cette époque, un Parti n'a cessé de porter au pouvoir: mais, avec la Charte imposée par Louis XVIII, à l'aide des baïonnettes étrangères, peut-on dire que c'est une Revolution?

Que du moins Louis-Philippe défende l'indépendance de

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