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Nous nous hâterons la terre manque sous nos pas d'ailleurs, c'est l'Histoire de la Révolution que nous avons entreprise, et la Révolution est vaincue.

Si Paris était fortifié, si Fouché n'était pas Président du Gouvernement provisoire, ou s'il n'était pas un traître, les Anglais et les Prussiens n'oseraient pas s'avancer seuls sur la capitale, et la France se défendrait contre les 1,100,000 étrangers qui vont l'envahir. Mais la trahison de Fouché, préparée et exécutée depuis longtemps, va nécessairement tout perdre.

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C'est en vain que Lafayette, d'Argenson, Sébastiani, Pontécoulant, Laforet, B. Constant, sont nommés Plénipotentiaires et partent le 24 au soir pour négocier la paix : averti par Fouché, Blucher les arrête à Laon, et ne leur délivre des passe-ports que le 26, pour aller trouver, à Heidelberg, ou à Manheim, ou à Haguenau, les Souverains, qui ne voudront pas même les recevoir.

C'est en vain que la guerre est déclarée nationale; que l'Ecole polythecnique, les Fédérés, la Garde nationale, demandent à marcher : Masséna, que Fouché a fait nommer pour la commander et qui se laisse diriger par lui, répond :

Restez tranquilles, mes amis ; quand il en sera temps, «< on vous avertira. » Et on ne laisse sortir personne de Paris. Et pour mieux paralyser la défense, Fouché fait déclarer la ville en état de siége.

C'est en vain que Paris aura bientôt 120,000 soldats et 300 pièces de canon, 36,000 gardes nationaux, 30,000 fédérés, 6,000 canonniers, 500 canons et 600 pièces en batterie la trahison de Fouché suffit pour tout neutraliser.

Dès le 27 au matin, dans un premier conseil avec les Bureaux des Chambres et leurs principaux membres, Fouché et Davoust, ministre de la guerre et son complice, ont déclaré que toute résistance était impossible, et qu'il ne restait qu'à rappeler les Bourbons... Cependant, Blucher, d'accord avec Fouché pour tromper les Plénipotentiaires, ayant déclaré à Lafayette, etc., que les Souverains ne tenaient pas à Louis XVIII, on décide de lui envoyer des Commissaires pour lui demander une suspension d'armes.

Mais c'est en vain que Fouché nomme et fait partir 5 Commissaires (dont un Royaliste connu): secrètement invité par ce traître à ne pas perdre une minute et à s'avancer sans attendre les Anglais et sans rien craindre (quoiqu'il puisse être écrasé si Fouché et Davoust ne trahissaient pas), Blucher refuse tout, précipite sa marche sur Paris, et arrive, dès le 30 (lendemain du départ de Napoléon de la Malmaison), au pont du Pecq, qui conduit à ce château, qu'on a fait miner pour le faire sauter, mais qui doit lui être livré et qui lui est livré par un officier de la garde nationale, le traître Martainville.

C'est en vain encore que B. Constant écrit pour recommander de tenir 8 jours à Paris: Fouché répond traîtreusement que la chose est impossible.

Cependant. 60,000 hommes arrivent devant Paris, sous les ordres de Grouchy, soupçonné de trahison à Waterloo.SOULT, dejà acquis aux Bourbons, a refusé le commandement en chef.-Davoust prend ce commandement. Mais c'est en vain que cette armée demande le combat, en chantant la Marseillaise, aux cris de vive la Nation! vive la liberté! vive Napoléon II! Fouché et les principaux généraux, Davoust, Oudinot, Soult, Masséna, veulent la trahir et la livrer.

Et cependant Davoust signe, avec un grand nombre de Généraux, une adresse aux Représentants, dans laquelle ils jurent, à la face du monde, de combattre jusqu'au dernier soupir pour repousser les Bourbons! Et la Chambre, qui ne met pas en doute la loyauté de Davoust, applaudit avec transport!

C'est en vain qu'on a soigné et terminé les fortifications au nord, pour endormir et tromper les Parisiens: Fouché a rendu tout inutile en empêchant ou négligeant de fortifier le sud, et en faisant livrer le pont du Pecq, qui permet le passage sur la rive gauche de la Seine.

Enhardi et déterminé par la trahison de Fouché, de Da

voust, etc., Blucher passe la Seine et vient entourer Paris par le sud, tandis que Wellington, amenant le Comte d'Artois, vient l'entourer par le nord, et déclare enfin qu'il ne traitera qu'après le rappel de Louis XVIH.

Le 30, dans une conférence entre les principaux Pairs, les Maréchaux Soult, Grouchy, Mortier, Ney, prétendent qu'il ne reste qu'à capituler. Le Maréchal Lefebvre, les Généraux Gazan, Delaborde, Dejean, se récrient vainement contre cette faiblesse et cette pusillanimité.

Le 1er juillet, dans une nouvelle conférence entre les Bureaux des Chambres, les Ministres, les Maréchaux, etc., Fouché, Soult, Masséna, Davoust, pressent encore la capitulation, contre l'avis de Carnot, et demandent un Conseil de guerre pour le soir.

Le soir, Soult et Davoust se prononcent énergiquement pour les Bourbons, et par conséquent pour la capitulation. -Mais la Majorité repousse cet avis, et sort pour aller se battre. A peine est-elle sortie que la Minorité, restée seule, décide, avec Fouché, la capitulation, rédige son procèsverbal comme si le Conseil était unanime, et invite le Gouvernement provisoire à capituler.

Cependant l'armée, voyant les Prussiens sur la rive gauche, crie à la trahison. Mais c'est en vain qu'Excelmans les bat, le 2, à Versailles, et détruit deux de leurs plus beaux régiments Fouché, effrayé de la possibilité d'une grande victoire, se hâte d'écrire à Blucher et à Wellington:

« L'armée est mécontente parce qu'elle est malheureuse: rassurez la; elle deviendra fidèle et dévouée.. Les Chambres sont indociles par la même raison : rassurez tout le monde; et tout le monde sera pour vous... Qu'on éloigne l'armée: les Chambres y consentiront, en promettant d'ajouter à la Charte les garanties spécifiées par le Roi. Pour se bien entendre, il est nécessaire de s'expliquer n'entrez donc pas à Paris avant 3 jours; dans cet intervalle, tout sera d'accord; on gagnera les Chambres; eles se croiront indépendantes et sanctionneront tout. C'est la persuasion qu'il faut employer.

Il ne s'agit plus, en effet, pour les Chambres qui voient la capitulation inévitable, que de profiter du peu de temps qui leur reste pour proclamer les principes, les droits et les vœux de la Nation. Déjà, le 30, Manuel, qui montre un grand talent et un grand caractère, mais qu'on soupçonnait d'être d'intelligence avec Fouché et d'incliner vers les Bourbons parce qu'il ne prononçait pas le nom de Napoléon II dans un

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projet d'adresse rédigé par lui, a déclaré qu'il ne croyait pas que le bonheur pût exister pour la France si le règne des Bourbons recommençait ; et la Chambre l'a couvert d'applaudissements. Puis, elle a adopté à l'unanimité l'adresse au Peuple français, en proclamant de nouveau Napoléon II.

Mais, quoiqu'il ait reçu deux proclamations de Louis XVIII, contresignées Prince de Talleyrand, qui traitent l'armée de satellites du tyran usurpateur, et qui parlent de révolte, de défection, de trahison, de coupables, de vengeance, tout en reconnaissant que son Gouvernement avait fait des fautes, Fouché signe, le 3, au soir, avec Blucher et Wellington, une Capitulation d'après laquelle l'armée française doit évacuer Paris dans 3 jours et se retirer derrière la Loire.

Le 4, la Chambre, à qui Fouché envoie les proclamations et la Capitulation, vote des remerciements à l'armée, et adopte une Déclaration de droits présentée par Garat. Puis, le 5, elle adopte la Déclaration suivante, proposée par Dupont de l'Eure et par Barrère :

Les troupes des Puissances alliées vont occuper la Capitale. La Chambre des Représentants n'en continuera pas moins de siéger au milieu des habitants de Paris, où la volonté expresse du Peuple a appelé ses mandataires. Elle DECLARE: « Qu'elle se repose avec la plus haute confiance sur les principes de morale et d'honneur, sur la magnanimité des Puissances alliées, et sur leur respect pour l'indépendance de la Nation si positivement exprimé dans leurs manifestes... que le gouvernement de la France, quel qu'en puisse être le chef, doit réunir les vœux de la Nation LÉGALEMENT émis ;... qu'un Monarque ne peut offrir des garanties réelles, s'il ne jure d'observer une CONSTITUTION DÉLIBÉRÉE par la Représentation nationale et ACCEPTÉE par le Peuple;... qu'ainsi tout Gouvernement qui n'aurait d'autre titre que les acclamations et les volontés d'un PARTI, ou qui serait imposé par la force, ou qui n'adopterait pas les couleurs nationales et ne garantirait pas la liberté, l'égalité, le Gouvernement représentatif, l'abolition de la Noblesse héréditaire ancienne et nouvelle, etc., etc, n'aurait qu'une existence éphémère, et n'assurerait pas la tranquillité de la France ni de l'Europe; que, si les bases énoncées dans cette Déclaration pouvaient être méconnues ou violées, les Représentants du Peuple français, s'acquittant d'un devoir sacré, PROTESTENT d'avance, à la face du Monde entier, contre la violence et L'USURPATION ;... et qu'ils confient le maintien de ces dispositions à tous les cœurs généreux, à tous les esprits éclairés, à tous les hommes jaloux de leur liberté, enfin aux GÉNÉRATIONS FUTURES! »

Cette Déclaration est adoptée à l'unanimité, au milieu des transports d'enthousiasme, tous les Représentants étant debout, se tendant les bras et s'embrassant. Les Tribunes par

tagent cette émotion patriotique. La salle retentit des cris Five la liberté! vive la Nation! haine au Despotisme! -Voilà bien le vœu de la France, exprimé pour la première fois depuis le 18 brumaire. Et cette courageuse protestation retentira dans le coeur des Générations futures.

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Puis, le 6, sur la proposition de Dupont de l'Eure, Chambre nomme une Députation pour porter cette Déclaration aux Puissances alliées. A cette occasion, Lafayette annonce que, dans trois conférences à Hagueneau, les Ministres étrangers ont répété qu'ils n'avaient pas la prétention de se méler de la forme de notre Gouvernement.

Le même jour, on commence à discuter la Constitution, rédigée en 104 articles. Manuel, rapporteur, soutient la discussion. Les 51 premiers articles sont adoptés.

Le 7, Fouché annonce qu'il s'est rendu auprès des Généraux et des Ministres étrangers (et du Comte d'Artois), et que ceux-ci lui ont déclaré que les Puissances s'étaient engagées à replacer Louis XVIII sur le tróne. Il ajoute que les Tuileries sont occupées par les troupes étrangères, et que le Gouvernement provisoire est dissout.

« Continuons nos délibérations, dit Manuel. Si nous subissons les lois de la violence, laissons à d'autres l'odieux de cette violation, et que l'opprobre d'avoir étouffé les accents de la voix nationale pèse tout entier sur ceux qui oseront s'en charger! Vous avez protesté d'avance, vous protestez encore contre tout acte qui blessera notre liberté et les droits de nos mandants. Auriez-vous à redouter ces malheurs, si les promesses des Rois n'étaient point vaines? Hé bien, disons avec cet orateur dont les paroles ont retenti dans toute l'Europe: « Nous sommes ici par la volonté du Peuple; nous n'en < sortirons que par la puissance des baïonnettes. »

La Chambre accueille ces paroles par quatre salves d'applaudissements, longtemps prolongés chaque fois. Puis, elle reprend la discussion de la Constitution.

Le lendemain, 8, quand les Représentants se rendent à leur salle, ils la trouvent occupée par les Prussiens, et se retirent chez le Président pour rédiger une dernière protestation.

Ils auront du moins bien constaté le vœu de la Nation pour la liberté, pour l'égalité, et pour la souveraineté du Peuple.

Quant à l'armée, la Capitulation la désespère et la met en fureur contre les Chefs qui l'ont trahie; elle est près de massacrer les traîtres; les soldats brisent leurs armes et déchirent leurs uniformes; quelques canonniers se tuent sur

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