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est immortelle, c'est que les géants ne sont devant elle que des nains et des pygmées qui ne peuvent l'atteindre au cœur. Il était le Représentant des idées nouvelles!... - Non, mais d'un Despotisme nouveau.

Il était national, et ne souffrait pas une insulte de l'étranger!... — Oui, comme Louis XIV, dans son intétêt, parce qu'il voulait humilier les Rois. Mais il préfère laisser entrer les Cosaques plutôt que d'armer le Peuple; mais pour conserver sa couronne, il consent au partage du duché de Varso vie, et à l'abandon de la Belgique ; mais il conseille à ses soldats d'être fidèles à Louis XVIII ramené par l'étranger!

Il a vu tous les Rois, tous les Princes, tous les Nobles, tous les Prêtres, à ses genoux, baisant pour ainsi dire la poussière de ses bottes !... Beau, pour son orgueil et pour la poésie : mais quelle utilité pour le Peuple?

Il est entré vainqueur dans toutes les capitales. !...-Mais quel avantage pour la France? Et ne l'a-t-on pas chassé de toutes les capitales ? N'a-t-il pas amené tous les Rois et tous les Peuples dans la capitale de la France, que la Révolution

avait bien su défendre?

Il a fait redouter la valeur des Français et respecter la puissance de la France!... Mais c'est la Révolution qui a appris à l'Europe combien cette valeur et cette puissance sont redoutables et respectables avec la République ; et c'est lui qui a appris au Monde que la France pouvait être envahie, vaincue, livrée, avec un Despote ou un maître.

C'est un homme de génie!.. - Ah! quand on voit la funeste route qu'il a choisie, au lieu d'entrer dans la glorieuse carrière que la fortune ouvrait devant lui; quand on le voit préférer la vanité d'être l'effroi de la terre à l'ineffable jouissance d'être le régénérateur et le bienfaiteur des Peuples; quand on voit ses fautes (et personne ne nous paraît en avoir fait d'aussi nombreuses et d'aussi grandes), n'est-il pas permis de douter que la Postérité veuille appeler cet homme extraordinaire un HOMME DE GÉNIE?

1re RESTAURATION.

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Si Alexandre et ses alliés étaient sincères dans leurs promesses, si Talleyrand et ses complices étaient loyaux dans leurs déclarations, si la Nation était appelée à choisir ellemême sa Constitution et le gouvernement qui lui convient, si les Bourbons étaient nationaux et populaires, la France ne regretterait pas Napoléon, et la Restauration pourrait se consolider. Mais Talleyrand, etc., et les Bourbons, vont imiter l'Empereur, ruser, tromper, escobarder.

Nous les avons vus faire dire au Sénat que le Gouvernement provisoire lui présenterait un projet de Constitution qui pût convenir au Peuple français: tant que Napoléon est à craindre, ils font semblant de vouloir imposer une Constitution au Roi. — Rédigée le 5 avril, en 29 articles, elle est présentée le 6, et adoptée sans discussion. Elle dit :

« Le Peuple français appelle librement au trône les Bourbons. La présente Constitution sera soumise à l'acceptation du Peuple français dans la forme qui sera réglée. L. S. Xavier sera proclamé Roi des Français aussitôt qu'il l'aura jurée et signée. »

Voilà donc les Bourbons solennellement rappelés par Talleyrand, etc.-A l'instant, tous les valets de Napoléon se jettent aux pieds des Bourbons. Son Excellence le sénateur Fontanes, Grand-Maître de l'Université, l'un des adulateurs les plus serviles de l'Empereur, donne l'exemple des plus ignobles palinodies en disant dans son adresse d'adhésion :

« L'Université hâte de tous ses voeux le moment où elle pourra présenter au descendant de Saint-Louis, de François Ier et de Henri IV, l'hommage de son amour et de sa fidélité. »

Voilà les favoris, les sages de l'Empire! - Puis, le 7, Talleyrand, etc., défèrent au Roi le titre de Louis XVIII, reconnaissant ainsi que la Révolution est nulle, que le règne des Bourbons n'a jamais cessé, que le fils de Louis XVI a régné, depuis le 21 janvier 1792, sous le titre de Louis XVII, et que le frère aîné de Louis XVI a régné depuis la mort de son neveu, le 8 juin 1795! Jugez les conséquences! - Puis, le même jour, ils établissent la censure sur les journaux, les affiches, etc. - Puis, le 9, ils déclarent la couleur BLANCHE couleur nationale, et ordonnent que la cocarde blanche, le drapeau blanc, le pavillon blanc, seront arborés par la Garde nationale, par l'armée, par la marine..... Qu'on juge encore les conséquences!- Puis, Talleyrand écrit au Comte d'Artois qu'il peut venir à Paris et prendre la qualité qui lui plaira.—Il arrive le 12 avril, à cheval, en uniforme de garde national. Gouvernement provisoire, Ministres, Corps municipal, zélés de la Garde nationale, Maréchaux, vont le recevoir à la barrière de Bondy. - Talleyrand lui dit :

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Monseigneur, le bonheur que nous éprouvons en ce jour de régénération est au-delà de toute expression, si Monsieur reçoit avec la bonté CELESTE qui caràctérise son auguste Maison l'hommage de notre RELIGIEUX attendrissement et de notre dévouement respectueux. ›

Infâme flatteur! Parler ainsi au parricide qui a perdu son frère; qui a donné le signal de l'émigration dès le 14 juillet 1789; qui depuis a déclaré la guerre à sa Patrie; qui a suscité contre elle toutes les coalitions, toutes les conspirations, toutes les trahisons; qui est la première cause de toutes les calamités de la France; et que Charette mourant accusait de lácheté!- On lui fait répondre : « Rien n'est changé en << France, si ce n'est qu'il s'y trouve un Français de plus. » tandis que la France n'a pas eu un ennemi plus acharné contre elle et plus disposé à la sacrifier à l'étranger!— Le Préfet Chabrol, digne Baron de l'Empire, dit au Prince que la France entière SOUPIRE après le retour de son Roi. Voilà comment les Autorités impériales parlent, au nom de la France, de ces Bourbons, qu'elles accablaient naguère,

avec leur Empereur et la Nation, de tant de haine et de tant de mépris ! On devine les éloges, l'admiration, l'enthousiasme des Royalistes et des Prêtres, quand le Prince, entrant d'abord à Notre-Dame, se jette à genoux pour remercier Dieu (qui le fera chasser un jour): mais le Peuple est

muet et morne.

Le Sénat a d'abord refusé de reconnaître le Prince avant que la Constitution ait été acceptée mais son subordonné Talleyrand, qui s'est mis en révolte contre lui, a tant intrigué qu'il le décide, le 14, à déférer au comte d'Artois le gouvernement provisoire avec le titre de Lieutenant-général du Royaume, en attendant que le Roi ait accepté la Charte constitutionnelle. — Puis, le même jour, le Sénat et le Corps législatif lui portent cet acte.

Voilà le comte d'Artois Dictateur, maître de tout. Toutes les Autorités, tous les Corps, se précipitent chez lui. —Le précédent Gouvernement provisoire, c'est-à-dire Talleyrand, etc., auxquels il joint Vitrolles, etc., devient son Conseil-d'Etat provisoire, qui rédige toutes ses ordonnances. Il lève des contributions, réduit la marine, institue la décoration du lys, envoie des commissaires, nomme RoyerCollard directeur de la librairie, fait abattre la statue de Napoléon qui se trouve sur la colonne, se hâte de faire un premier traité de paix (le 23), réduit la France à ses frontières du 1er janvier 1792, et cède ainsi 53 places aux Coalisés.

Cependant, Louis XVIII a quitté Hartwel et est arrivé à Londres, le 20, où il dit au Prince Régent :

« C'est aux conseils de votre Altesse Royale, à ce glorieux pays (l'Angleterre), que j'attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de ma Maison sur le trône de ses ancêtres. »

Ainsi, c'est l'Angleterre, c'est la Coalition, qui rétablissent les Bourbons! Ils viennent, non parce que le Sénat les rappelle au nom de la Nation, mais parce que les étrangers les ramènent!-Débarqué à Calais, le 24, arrivé à Compiègne, il s'y trouve entouré de tous les Maréchaux et des agents diplomatiques. Là, la Prusse et l'Autriche font leurs efforts

pour empêcher toute Constitution, malgré la première déclaration faite au nom des Souverains par Alexandre (p. 565). Alexandre y vient lui-même et insiste, dit-on, pour une Constitution libérale. Mais Louis XVIII décide qu'il octroiera une Charte, et publie, le 2, à Saint-Ouen, cette déclaration :

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, rappelé par l'amour de notre Peuple au trône de ses pères, salut:

Il déclare qu'il adopte les bases de la Constitution, mais qu'il en fera rédiger une autre de concert avec une Commission de 18, prise dans le Sénat et dans le Corps législatif, convoqués pour le 10 juin. C'est Beugnot qui la rédigera.

Le 3, Louis XVIII arrive aux Tuileries, après s'être rendu à Notre-Dame. Il compose ainsi son Ministère: Dambray, Chancelier de France; - Talleyrand, extérieur;-l'Abbé de Montesquiou, intérieur; - Dupont (de Boylen), guerre; l'Abbé Louis, finances; - Baron Malouet, marine; Comte Beugnot, police; - Ferrand, poste. Le Comte d'Artois est nommé Colonel-Général de toutes les Gardes nationales et des Suisses.

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Bientôt, la paix étant définitivement conclue (30 mai), et les Alliés ayant évacué le territoire, les Princes de la famille royale vont parcourir les provinces. L'Aristocratie fait écla ter partout le même enthousiasme que pour Napoléon; mais le Peuple et le Soldat gardent généralement le silence.

Puis, de son autorité, Louis XVIII proroge les pouvoirs du Corps législatif qui sont expirés pour deux cinquièmes, remplace le Sénat par une Chambre des Pairs, exclut 35 Sénateurs, notamment 12 Conventionnels, et nomme 150 Pairs en choisissant les principales familles de l'ancienne Noblesse, et tous les Maréchaux de l'Empire. Puis, le 4 juin, il convoque les deux Chambres, leur déclare que c'est lui qui a rédigé la Charte et la fait lire par son Chancelier, qui l'appelle une Ordonnance de réformation donnée par le Roi. Cette Charte, en 76 articles, commence ainsi :

« Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre... Nous avons volontairement, et par le libre exercice de notre autorité royale,

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