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et rien appris; toujours despote; toujours employant la ruse, le mensonge, la tromperie; toujours redoutant le Peuple et la Démocratie; toujours sacrifiant la France à son égoïsme, et attirant volontairement sur elle, pour satisfaire son ambition ou pour ne pas aller à Sainte-Hélène, un déluge de calamités. Peu d'hommes auront été aussi funestes à leur Patrie et à l'humanité !—A Sainte-Hélène, il dira (O'Meara) :

« Lorsque je revins de l'ile d'Elbe, TALLEYRAND m'écrivit, de Vienne, pour me faire l'offre de trahir les Bourbons et de me servir, * pourvu que je lui pardonnasse et lui rendisse ma faveur. Je refusai.»

Mais pourquoi ce scrupule, tardif, étrange puisqu'il pardonne à Fouché, rancuneux, vaniteux et égoïste puisqu'il s'agit du salut ou de la perte de la France!

Il paraît certain que son beau-père reconnaitrait et soutiendrait Napoléon II, s'il voulait proclamer son fils : mais il veut régner lui-même et tout compromettre! N'est-ce pas l'acte d'un père dénaturé et d'un ennemi de la France! Car, il n'ignore pas les malheurs qu'il attire sur ses concitoyens.

«Que vont devenir les Patriotes jusqu'à mon arrivée à Paris, diti en partant? Je tremble que les Vendéens et les Emigrés ne les massacrent. Malheur à eux s'ils y touchent! Je serai sans pitié! »

Il serait bien temps! .. Nous avons vu ses premières proclamations, à Gap. Abusant toujours de l'ignorance du Peuple et des Soldats, de leurs passions, de leurs préjugés, de leur confiance, il exploite leur haine des Bourbons, des Emigrés et des Prêtres, leurs préoccupations pour leurs intérêts matériels, les craintes des paysans au sujet des biens nationaux, des dîmes et des droits féodaux, en ne parlant aux soldats que de leurs humiliations, de leurs injures, et de la perte de leurs honneurs et récompenses. Aussi, la haine et la colère absorbent tous les autres sentiments; c'est la haine pour les Bourbons qui l'accueille beaucoup plus que l'amour pour lui ; et le cri de vive l'Empereur! signifie surtout à bas les Bourbons!A Sainte-Hélène, il dira:

« Les Emigrés sont revenus aussi importants, aussi vains, aussi arrogants que quand ils sont partis: ils n'ont rien oublié et rien appris (lui aussi)! Ce sont eux qui ont causé la Révolution et fait répandre tant de sang (et il les a rappelés, favorisés !); et les voilà qui, après 25 ans d'exil et d'opprobre, chargés des vices et des mêmes crimes pour lesquels ils ont été expatriés, reviennent exécuter une nouvelle Révolution (Et il fait comme eux!). Je connais là France : dans 10 ans, toute cette race sera massacrée et jetée dans la Seine. » Qui, s'il laissait faire, le Peuple, les paysans et les sol

dats, extermineraient les Emigrés, les Seigneurs et les Prétres; et s'il s'oppose, c'est que son intérêt est d'arriver à Paris sans brûler une amorce et sans répandre une goûte de sang pour faire croire au Congrès qu'il est ramené par l'amour universel. Mais les Officiers et les Citoyens éclairés lui parlent liberté : Le colonel Labédoyère, qui le ferait fusiller s'il voulait, qui décide son triomphe en se déclarant pour lui, et qui stipule pour ainsi dire au nom de la France, lui dit, en l'abordant, ces mémorables paroles :

Sire, les Français ont tout fait pour Votre Majesté ; mais il faut que Votre Majesté fasse tout pour eux. PLUS D'AMBITION! PLUS DE DESPOTISME! Nous voulons être LIBRES et HEUREUX! Il faut abjurer, Sire, le système de conquête et de puissance qui a fait le malheur de la France et le vôtre. »

Voilà bien le vœu de la France ! Il répond :

D

Sije réussis, je ferai tout ce qu'il faudra faire pour remplir l'altente de la Nation. Son bonheur m'est plus cher que le mien. C'est pour la rendre libre et heureuse que je me suis jeté dans une entreprise qui pouvait me coûter la vie...

A Grenoble, il entend les cris Liberté, République. Le jeune Rey lui parlera même de Brutus. - Il répond:

Je suis venu pour vous délivrer du joug, non pour régner, le trône n'est rien pour moi, mais pour vous restituer les droits que les Bourbons vous ont ôtés. J'ai TROP AIMÈ LA GUERRE je ne la ferai plus; je laisserai mes voisins en repos. Je veux régner pour rendre notre belle France libre, heureuse et indépendante, et pour asseoir son bonheur sur des bases inébranlables... Je veux être moins son Souverain que le premier et le meilleur de ses CITOYENS. >

Mais tout cela n'est que généralités, bannalités, ruses pour se faire accueillir! Il dit aux Lyonnais :

« J'ai été entraîné, par la force des événements, dans une fausse route mais, instruit par l'expérience, j'ai abjuré cet amour de la gloire qui a eu pour la France et pour moi tant de funestes résultats! Je me suis trompé en croyant que le siècle était venu de rendre la France le chef-lieu d'un grand Empire: j'ai renoncé pour toujours à cette haute entreprise; nous avons assez de gloire: il faut nous reposer (quel aveu de ses fautes et de son ambition passée!)... Ce n'est point l'ambition qui me ramène en France (si); c'est l'amour de la Patrie (non). J'aurais préféré le repos de l'île d'Elbe aux soulcis du trône, si je n'avais su que la France était malheureuse et qu'elle avait besoin de moi (non). En mettant le pied sur notre chère France, j'ai fait le vœu de la rendre libre et heureuse (non); je ne lui apporte que des bienfaits (non, d'affreuses calamités). Je reviens, pour concourir, avec les Représentants de la Nation (non) à la formation d'un pacte de famille qui consacrera à jamais la liberté et les droits de tous les Français (non). Je mettrai désormais mon ambition

et ma gloire à faire le bonheur de ce grand Peuple, du quel je tiens tout (et qu'il va perdre !) Je ne veux point, comme Louis XVIII, vous octroyer (si) une Charte révocable; je veux vous donner une Constitution inviolable, et qu'elle soit l'ouvrage du Peuple et de moi (non). »

Mais tout cela est ruse pour réussir! Il fera comme Louis XVIII, il octroiera, tout seul!

«Je sais que les idées libérales ont repris le terrain que j'avais fait gagner au pouvoir : je ne chercherai point à le reprendre ; il ne fait jamais lutter contre une Nation; c'est le pot de terre contre le pot de fer. Les Français seront contents de moi. Je sens qu'il y a du plaisir et de la gloire à rendre un Peuple heureux... Je donnerai à la France des garanties. Je ne lui éparguerai pas la liberté. Je laisserai à la liberté la bride sur le cou. Je sais ce qui convient aux Français:

nous nous arrangerons. »

Mais tout cela n'est que belles phrases, promesses vagues, ruses!... Il reprend son titre d'Empereur, il s'appelle Souverain, reparle de tróne et de règne, et refait des décrets impériaux... Il parle même de gouvernement fort.

«

Point de licence, dit-il, point d'anarchie; car l'anarchie nous conduirait au Despotisme des Républicains, le plus fécond de tous en actes tyranniques, parce que tout le monde s'en mêle. »

Comme si les Républicains voulaient la licence, l'anarchie, le Despotisme, la tyrannie! Toujours d'atroces calomnies!.. Comme si ce n'était pas outrager et s'aliéner les Républicains!

Son premier décret abolit la Noblesse et les titres féodaux, en remettant en vigueur les lois de la Constituante et de nos Assemblées nationales : mais il conserve sa noblesse impériale!

Un 2me décret appelle la Chambre des Députés Chambre des communes, dissout la chambre des Pairs, et ajoute :

« Les Colléges électoraux seront réunis à Paris, dans le courant de mai, en grande Assemblée extraordinaire du Champ-de-Mai, afin de prendre les mesures convenables pour corriger et modifier nos Constitutions, selon l'intérêt et la VOLONTÉ DE LA NATION, et pour assister au couronnement de l'Impératrice et de mon fils.

Ainsi, il promet un Champ-de-Mai: mais il n'aura lieu qu'en juin!.. Il promet que ce Champ aura pour objet la Constitution: mais ce ne sera qu'une comédie, une farce! Il promet que la Constitution nouvelle sera faite par les Colleges électoraux réunis en grande assemblée mais c'est lui seul qui rédigera et octroiera l'acte additionnel aux Constitutions de l'Empire, en le soumettant seulement à une acceptation aussi dérisoire que les précédentes! Il promet l'arri

vée de l'Impératrice et de son fils, par conséquent le consentement et l'appui de l'Autriche: mais ils ne viendront pas; et toutes ces promesses, sans lesquelles il n'entrerait pas à Paris, ne sont que des mensonges et des ruses, comme ceux du 18 brumaire. N'est-ce pas un crime aussi? Et que peut avoir de glorieux un accueil surpris par de pareils moyens? Cependant, les proclamations de Soult et du Roi, les discours, les adresses, les actes des deux Chambres, rappellent tous les reproches, les calamités, les malédictions du passé, et signalent les désastres de l'avenir.

Sous lui, dit Laine, plus d'espoir de liberté; et le joug qu'il lève sur nos têtes déjà affaiblies par sa trop longue tyrannie paraît si pesant que chacun aperçoit bien qu'il serait insupportable. LE DESPOTISME EST L'IMPÉRIEUX BESOIN DE SON CARACTÈRE. »

Et malheureusement c'est vrai; ses sentiments, ses opinions, ses habitudes, son instinct, tout son être, suent le Despotisme. Le Despotisme, c'est pour lui la vraie liberté ; la liberté, n'est pour lui que de l'anarchie... Il est Despote tout naturellement, sans le savoir et sans le vouloir... Et une masse énorme de bons Français, de bons patriotes, de bons citoyens, sont convaincus que son despotisme est incorrigible et que son retour est la plus affreuse des calamités.

Accusé par lui de trahison, Marmont l'accuse à son tour d'avoir tout perdu lui-même, en laissant 300,000 hommes dans les garnisons d'Allemagne, etc., lorsqu'il n'avait que 40,000 hommes pour défendre la France; d'avoir prolongé une défense impossible; d'avoir tout sacrifié à son ambition, à son orgueil, à sa vengeance; et, sans absoudre Marmont, beaucoup attaquent Napoléon. Que d'obstacles!

Il est enfin à Paris, porté par les soldats; mais il y va rencontrer la plus redoutable des résistances, la résistance d'inertie. On attendra! l'Armée elle-même et le Peuple ne l'appuient que parce qu'ils le supposent corrigé, guéri, patriote, libéral, républicain.

Il choisit pour Ministres : Carnot, intérieur, en lui donnant le titre de Comte, qu'il refuse; Davoust, guerre; Caulaincourt, extérieur; Gaudin, finances; Mollien, trésor; Decrès, marine; Fouché, police; Cambacérès, justice; Maret, Secrétaire-d'Etat. On approuve le choix de Carnot, on blâme celui de Fouché: on ne conçoit pas comment il peut choisir ce Fouché qu'il a destitué, humilié, outragé; qui s'est réuni à Talleyrand pour la déchéance; qui

n'a pas dissimulé sa haine contre lui depuis son abdication; qui a reproché à Metternich de ne l'avoir pas fait enfermer dans un château-fort en lui prédisant qu'il reviendrait tout bouleverser; qui lui a écrit à l'île d'Elbe pour l'engager à se retirer en Amérique, et qui n'a travaillé contre les Bourbons qu'en faveur de Napoléon II et d'une Régence.

Mais on apprend bientôt que, le 13 mars, le Congrès de Vienne l'a déclaré hors les relations civiles et sociales, ennemi et perturbateur du repos du Monde, livré à la VINDICTE publique ; déclarant que son invasion est la tentative d'un délire criminel et impuissant; déclarant enfin que les Souverains donneront au Roi et à la Nation française tous les secours nécessaires. Si cette déclaration, d'une importance gigantesque, avait été connue plutôt, il est presque certain qu'elle aurait tout paralysé; et maintenant c'est en vain qu'il la soutient fausse : elle commence à répandre l'effroi... Et cette déclaration de guerre cst signée par Talleyrand, représentant Louis XVIII !!!

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Le 26, il reçoit toutes les Autorités, comme pour faire sa rentrée solennelle et sa propre restauration. Mais c'est en vain qu'il dit pompeusement « TOUT A LA NATION et TOUT POUR LA FRANCE, voilà ma devise. » Cette devise ne signifie rien et ne rassure pas du tout, pas plus qu'une déclaration du Conseil-d'Etat contre les Bourbons et pour lui. Le Conseil municipal lui rappelle la promesse d'une Constitution: mais il fait semblant de n'avoir pas entendu ; et c'est cependant là qu'on l'attend!

Il recule donc devant ses promesses, et ne pense qu'à la guerre et à la compression des Royalistes. S'il avait, du moins, fait arrêter les Bourbons pour les tenir en étages! Mais, après avoir rendu la liberté au Duc d'Angoulême, pris les armes à la main, il rend des décrets pour les bannir pour séquestrer leurs biens, pour exiler à 30 lieues de Paris leurs Ministres et les employés de leur Maison, et pour excepter d'une amnistie 13 individus, Talleyrand, les membres du Gouvernement provisoire, Marmont, l'avocat Bellart, membre du Conseil municipal, Lynch, maire de Bordeaux, etc. Et cet acte de vengeance excite une telle désapprobation qu'il est obligé de le supposer fait à Lyon, le 13 mars, et que Bertrand refuse de le contresigner.

L'orage gronde cependant au-dehors; Marie-Louise, à qui il a écrit, ne lui répond pas, livrée à un amant officiellement

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