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• Napoléon renonce, etc. Lui, sa femme, sa famille, conserveront leurs titres d'Empereur, Impératrice, Princes. - Il aura la principauté de l'Ile d'Elbe, et 2 millions de rente payés par la France. Marie-Louise et son fils auront les Duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. La famille aura 2 millions 500,000 francs de rente sur les domaines étrangers (Lucien seul n'est pas nommé et n'a rien). - Joséphine aura une pension d'un milion. tribuer 2 millions en gratifications.

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mes, pour sa Garde, à l'île d'Elbe. »

Napoléon pourra dis

Il pourra emmener 400 hom

Napoléon se montre désespéré et prend de l'opium pour s'empoisonner: mais la dose est trop faible, ou bien on le secourt assez tôt; et le poison ne produit pas son effet.

Avant de quitter Fontainebleau, le 20 avril, il assemble sa Garde pour lui faire ses adieux, et l'embrasse dans la personne de son Général. Il embrasse aussi l'Aigle.

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Soyez fidèles, dit-il, au nouveau Souverain que la France s'est

choisi. »

Se rendant à l'île d'Elbe, accompagné de Drouot, Cambronne et Bertrand, etc., de Commissaires des Alliés, il entend, à Avignon et en Provence, des imprécations, des injures et des menaces, qui le réduisent à prendre l'uniforme étranger (quelle horrible humiliation!) pour sauver sa vie.

« Sire, lui dit le Maire de Fréjus qu'il interroge, on croit que vous vous êtes perdu par les droits réunis et par la guerre. Je le sais, mais trop tard. »

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Il paraît même que Maubreuil est chargé par Talleyrand, etc., de l'assassiner, ainsi que le Roi de Rome; du moins, Maubreuil l'affirmera, et le fait n'aurait rien d'étonnant. Ce qui est certain, c'est que ce gentilhomme breton reçoit un ordre, signé de 3 Ministres français et de 2 Gé néraux étrangers, qui met toutes les troupes à sa disposition pour une mission secrète de la plus haute importance; c'est qu'il rode autour de Fontainebleau avec une bande de partisans ; c'est qu'il arrête la Reine de Westphalie et lui enlève ses diamants; c'est qu'il souffletera Talleyrand pour le forcer à un procès, sans que celui-ci ose se plaindre, ni du soufflet, ni de l'accusation d'avoir ordonné l'assassinat.

Enfin, Marie-Louise emporte son fils et quitte la France, pour ne plus revoir son mari, et pour le trahir en quelque sorte elle-même en lui donnant pour successeur un officier autrichien, qui sera le père de ses nouveaux enfants. Quelle fin!

Tous les Généraux, même Eugène et Carnot, cédent successivement; le 19, Soult présente ses hommages au Duc d'Angoulême, après avoir livré, avec 22,000 hommes contre plus de 60,000 Anglais, la bataille de Toulouse, dans laquelle Wellington, qui le suit depuis l'Espagne et qui l'attaque, fait inutilement tuer 12 à 15,000 de ses soldats et 3,000 Français, sans pouvoir s'emparer du champ de bataille.

Voici donc l'Empereur abattu, l'Empire détruit... Jetons un coup-d'œil en arrière.

Nous ne nous demanderons pas si nous devons juger et parler avec indépendance et franchise, ou si, parce que la Génération d'alors, privée de toute discussion, trompée par des milliers de mensonges, éblouie par une fausse gloire, a toléré et même applaudi l'Empire, il faut que les Générations futures, plus éclairées sur la vérité, ratifient et perpétuent des applaudissements immérités. Nous applaudirions, si nous voulions le Despotisme et l'esclavage; mais nous blâmerons, parce que nous voulons le progrès, la liberté, l'égalité, la justice, la morale, la fraternité des Peuples et la régénération du Genre humain.-Du reste, personne au monde ne déplore plus sincèrement et plus profondément que nous les erreurs et les fautes de Napoléon; car ils sont rares les talents et les circonstances qui peuvent donner à un homme une si puissante influence sur les destinées de l'humanité. - Mais les faits sont là, irrévocables, indestructibles; et ce sont malheureusement les faits qui sont les accusateurs de Napoléon.

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Homme d'esprit, de capacité, d'imagination, de caractère, de tête, où peut-on voir en lui les mouvements de l'homme de cœur? S'il avait l'amour de l'humanité, s'il désirait son bonheur, il encouragerait la philosophie; il protégerait l'idéo

logie, tout en dirigeant l'opinion publique ; il permettrait la discussion; il donnerait à la jeunesse une véritable éducation; il s'attacherait à améliorer le sort matériel du Peuple, à perfectionner son moral et son intelligence, à relever sa dignité en lui restituant ses droits; il repousserait loin de lui l'égoïsme et le vice, en appelant le dévouement et la vertu. Mais c'est l'orgueil et la vanité qui l'animent; c'est l'amour de la puissance et de la domination; c'est la passion de la renommée, de la célébrité, du bruit, de la gloire des batailles et des conquêtes, de l'immortalité comme celle d'Alexandre et de Tamerlan. Se déifiant lui-même, il méprise le reste des hommes, tout en désirant leur superstitieuse idolâtrie, fùtelle celle des sauvages pour le Dieu du mal; il veut des flatteurs, des esclaves et des soldats; il veut la gloire d'enchaîner tous les Peuples, d'asservir tous les Rois, de fonder une Dynastie nouvelle, de la rendre la plus ancienne de l'Europe en changeant les anciennes, et de se proclamer Empereur universel en déclarant les autres Rois ses vassaux.

Essentiellement injuste dans son origine et son but, cette délirante ambition peut-elle n'être pas inique dans ses moyens? -Personne a-t-il plus employé que lui, du commencement à la fin, la ruse, le mensonge, les perfides promesses, la tromperie ? Qui, plus que lui a employé la force brutale, brisé tous les freins, foulé aux pieds toutes les lois? Qu'y a-t-il ́d'impossible, quand on calomnie ses adversaires comme il le fait au 18 brumaire, quand on destitue violemment 60 des plus courageux Représentants du Peuple, quand on fait enlever par des soldats, déporter ou assassiner, 130 chefs du parti républicain?

Une fois maître du pouvoir, il ne parle plus et ne souffre plus qu'on parle de la Révolution, ni de nos Assemblées nationales, ni de nos prodiges révolutionnaires; il veut en effacer le souvenir pour les générations futures; journaux, littérature, théâtres, fêtes, religion, instruction pub'ique, discours officiels, monuments, dessin, gravure, peinture, sculpture, tout est accaparé et monopolisé pour lui; il ne laisse voir que

:

lui et ne laisse parler que de lui; il voudrait faire croire que rien ne s'est fait avant lui, que tout est sorti de sa tête et de sa main, même le Code civil ordonné dès 1789; il se fait l'homme unique, comme s'il réunissait en lui le passé, le présent et l'avenir. S'il parle de la Révolution, c'est pour la blâmer, la censurer, la condamner, ou plutôt la calomnier et l'outrager Nation de 89, Assemblées nationales, généreux réformateurs, Constitutions sublimes comparées au passé, Peuple héroïque de 92 et 93, martyrs de la liberté et de l'humanité, tout est l'objet de son dédain, de son mépris et de sa proscription. Tous ses actes, d'ailleurs, sont la guerre à la Révolution. Il renverse tout ce qu'elle a élevé, la Déclaration des droits, la Souveraineté du Peuple, le droit constituant, la Représentation nationale, le droit d'élection, la liberté politique, la liberté de la presse (disant qu'il n'existerait pas 3 mois s'il lui lâchait la bride), la liberté d'association, la classe des sciences morales et politiques à l'Institut, le calendrier républicain, le Panthéon, enfin la République et ses filles et la fraternité des Peuples. Il rétablit tout ce qu'elle a renversé, Ja Monarchie, le sacre, la légitimité de droit divin, le Despotisme, la Cour, les tombes de Saint-Denis, le Pape et le catholicisme, les Emigrés, la Noblesse, l'Aristocratie, les Gardes-du-corps, les croix, les armoiries, les livrées, les priviléges, les monopoles, les substitutions, la féodalité, le cabinet noir, les lettres de cachet, les prisons d'Etat, etc., En un mot, nourri dès le berceau par la France, d'abord révolutionnaire comme elle, Jacobin, Montagnard, ami des Robespierre, se laissant appeler le héros des idées libérales, fils ingrat de la Révolution, il méconnaît, calomnie et poignarde sa mère!...

Et sou Despotisme est le plus lourd, le plus brutal, le plus intolérable; c'est le Despotisme prétorien ou militaire, le Despotisme de la Rome impériale, le Despotisme du sabre. Les soldats étant tout pour lui, il leur sacrifie tout; il abuse de leur ignorance et de leur confiance, il les corrompt, et développe en eux toutes les passions militaires, l'amour des conquêtes et de la suprématie: ainsi dénaturés, ces soldats,

si patriotes sous le Comité de Salut public, ne traitent plus leurs concitoyens que comme des Peuples conquis, appelant les bourgeois des pékins et des calicots, exigeant partout la première place, forçant tous les jours les pères de famille à se battre en duel avec eux, et abusant de leur supériorité pour tuer des hommes comme à plaisir. --Ses Généraux lui étant nécessaires, il tolère leurs pillages; et le pillage, compagnon ordinaire de la guerre de conquête, devient un des fléaux de son époque. Quand Vandamme est prisonnier d'Alexandre (p. 553), celui-ci lui reproche durement d'être un pillard, un voleur, un assassin; il est vrai que le premier répond: « du moins je n'ai pas souillé mes mains du sang de mon père; mais la réponse ne détruit pas l'accusation de pillage.

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Pour soutenir son usurpation, il appelle à lui l'égoïsme, la cupidité, l'ambition; il exploite toutes les passions viles et anti-sociales; il démoralise et corrompt. Il exclut, il est vrai, les gens d'affaires, les fournisseurs : mais il enrichit et honore tous ses complices, ses flatteurs, ses valets et ses séïdes.

Ecoutez ce que (suivant O. Meara), il dira, à Sainte-Hélène, de Talleyrand et de Fouché:

« Talleyrand est un cynique, un homme corrompu, sans opinions, toujours prêt à se vendre et à tout vendre au plus offrant, qui a trahi tous les partis, tous les individus. Prudent et circonspect, toujours traitre, il est toujours en conspiration avec la Fortune... C'est un homme d'esprit et de talent, mais vénal en tout: On ne peut rien faire avec lui qu'en le payant... Les Rois de Bavière et de Wurtemberg me firent tant de plaintes sur ses extorsions et sa rapacité que je lui retirai son portefeuille. On ne pouvait faire aucun traité, aucune convention relative au commerce, sans lui avoir, avant toul, compté de l'argent. Il était alors question d'un traité de commerce pour la conclusion duquel il demandait des sommes énormes. J'appris en outre qu'il avait divulgué à quelqu'intrigant un secret des plus importants que j'avais confié à lui seul... Le triomphe de Talleyrand est le TRIOMPHE DE L'IMMORALITÉ. Un Prêtre, marié à la femme d'un autre homme, et qui a donné une forte somme à ce dernier pour qu'il la lui laissât! Un homme qui a tout vendu, trahi tout le monde!.... Il a poussé à la guerre d'Espagne, tant par haîne pour

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