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décrets portant peine de mort, notamment les deux décrets dụ 5 mars dernier, tendant à faire considérer comme nationale une guerre qui n'avait lieu que dans l'intérêt de son ambition démesurée ; Qu'il a violé les lois constitutionnelles par ses prisons d'État; — Qu'il a anéanti la responsabilité des Ministres, confondu tous les pouvoirs, et détruit l'indépendance des Corps judiciaires; — Que la liberté de la presse, établie et consacrée comme l'un des droits de la Nation, a été constamment soumise à la censure arbitraire de sa police, et qu'en même temps il s'est toujours servi de la presse pour remplir la France et l'Europe de faits controuvés, de maximes fausses, de doctrines favorables au Despotisme, et d'outrages contre les Gouvernements étrangers; Que des actes et des rapports entendus par le Sénat ont subi des altérations dans la publication qui en a été faite; - Que, au lieu de régner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du Peuple français, aux termes de son serment, Napoléon a mis le comble aux malheurs de la Patrie par son refus de traiter à des conditions que l'intérêt national obligeait d'accepter et qui ne compromettaient pas l'honneur français; par l'abus qu'il a fait de tous les moyens qu'on lui a confiés en hommes et en argent; par L'ABANDON DES BLESSÉS sans pansement, sans secours, sans subsistances; par différentes mesures dont les suites étaient la ruine des villes, la dépopulation des campagnes, la famine et les maladies contagieuses; - Que, par toutes ces causes, le gouvernement Impérial a cessé d'exister, et que le vœu manifeste de tous les Français appelle un ordre de choses dont le premier résultat soit le rétablissement de la paix générale et qui soit aussi l'époque d'une réconciliation entre tous les États de la grande famille Européenne ;- Le Sénat DÉCRETE : 1° Napoléon-Bonaparte est déchu du trône et le droit d'hérédité établi dans sa famille aboli; 2o le Peuple et l'Armée sont DÉLIES de leur serment de fidélité... »

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Quelle terrible sentence ! que de terribles reproches! Mais qu'il a été lâche ce Sénat qui prodiguait tant de flatteries au Despote qu'il accable aujourd'hui de tant d'accusations! qu'il est redoutable ce Despotisme, qui, une fois organisé, force même à l'encenser!

Le même jour, 77 membres du Corps-législatif qui se trouvent à Paris approuvent la déchéance, et vont présenter leurs hommages à Alexandre et au Roi de Prusse.

Cependant, le Gouvernement provisoire nomme Dessolles commandant de la Garde nationale, et pour Ministres : Henrion de Pansey, justice; le Comte Laforét, extérieur;

le Comte Beugnot, intérieur; Dupont (p. 533), guerre ; l'ancien royaliste Malouet, marine; le Baron Louis, finances; Anglès, police; l'ancien royaliste Dupont de Nemours, secrétaire du Gouvernement provisoire; Bourienne, directeur des postes.

Puis, Talleyrand et le Gouvernement provisoire adressent à l'Armée une proclamation dans laquelle ils dénoncent Napoléon comme son tyran, son oppresseur, son meurtrier, qui l'a laissée périr de misère et de faim, sans hôpitaux. En même temps, ils licencient les conscrits.

Ils ordonnent la destruction de tous les emblémes Impériaux: mais ils défendent d'injurier et d'outrager le Gouvernement renversé. « La cause de la Patrie étant trop no«ble, disent-ils, pour adopter les moyens odieux dont il << s'est servi. » Puis, une proclamation dit à la Nation :

«

« Français, au sortir des discordes civiles, vous avez choisi pour chef un homme qui paraissait sur la scène du monde avec les caractères de la grandeur; vous avez mis en lui toutes vos espérances: ces espérances ont été trompées; sur les ruines de l'anarchie, il n'a fondé que le Despotisme. Il devait au moins, par reconnaissance, devenir Français avec vous: il ne l'a jamais été. — Il n'a cessé d'entreprendre, sans but et sans motifs, des guerres en aventurier qui veut être fameux. Il a, dans peu d'années, dévoré vos richesses et votre population. Toute la France est en deuil; toute la France gémit; il est sourd à nos maux. Peut-être rêve-t-il encore à ses desseins gigantesques, même quand des revers inouis punissent avec tant d'éclat l'orgueil et l'abus de la victoire. — Il n'a su régner ni dans l'intérêt national, ni même dans l'intérêt de son Despotisme. Il a détruit tout ce qu'il voulait créer, et recréé tout ce qu'il voulait détruire. Il ne croyait qu'à la force; la force l'accable aujourd'hui, juste retour d'une ambition insensée. Enfin, cette tyrannie sans exemple a cessé !.... »

Il est malheureux que ces vérités soient exprimées par cet infame Talleyrand qui était le Ministre de la tyrannie, par les lâches complices de l'usurpation et du Despotisme, par des traîtres qui se jettent aux genoux des Rois étrangers; mais ce n'en sont pas moins de manifestes vérités ; et ces vérités terribles paralysent même ses partisans.

Tout change alors comme par un coup de foudre. La trahison de Talleyrand est le signal de 100,000 trahisons; tous les Royalistes, les Émigrés, les Nobles, les Prêtres, qu'il a rappelés aux fonctions publiques, l'abandonnent et le trahissent; tous les complices du 18 brumaire, tous les séïdes de l'Empire qu'il a comblés d'honneurs et de richesses, l'abandonnent dans le malheur et le trahissent aussi; c'est à qui donnera le coup de pied au lion abattu.-La Cour de Cassation et ses Avocats, le Préfet Chabrol, le Préfet de police Pasquier, les Maires de Paris, la Cour Impériale et ses Avocats, le Tribunal de première instance, la Cour des Comptes, approuvent la déchéance et demandent les descendants d'Henri IV avec une Constitution.

Pendant ce temps, que fait Napoléon? Aussitôt qu'il a appris la marche de l'ennemi sur Paris, il a quitté sa petite armée pour venir défendre la Capitale à la tête des Corps de Marmont et Mortier; et si Paris avait pu résister seulement 2 ou 3 jours, peut-être aurait-il repoussé les Alliés; car sa présence, c'est tout simple, produit toujours des prodiges : mais il n'est arrivé à Fontainebleau que le 31, après la capitulation; et ce n'est que le 3 qu'il a pu réunir toutes ses troupes. Maintenant, il a 65,000 hommes, en comptant les corps de Marmont et de Mortier: il va marcher sur Paris. Auparavant, il dit à ses soldats :

« J'ai offert la paix; j'ai proposé de laisser la France dans ses anciennes limites en PERDANT tout ce qu'elle avait acquis. On a refusé. »

Ainsi, il abandonnait, lui si fier et qu'on dit si national, les conquêtes faites par la République, en 92 et 93!

« Dans peu de jours, j'attaquerai l'ennemi, je le forcerai de quitter la capitale. J'ai compté sur vous: ai-je eu raison? Oui, oui; vive l'Empereur! à Paris, à Paris! »

Et le 4, on marchera courageusement à l'ennemi. - Et les Souverains, redoutant une bataille qui pourrait perdre leur armée, pensent à quitter Paris. Voici le moment suprême : mais voici le dénouement d'une grande trahison.

Chargés de richesses et d'honneurs, mais accablés de fatigues, forcés de tout risquer chaque jour, démoralisés par le système impérial d'égoïsme, les Maréchaux sont peut-être ceux qui se plaignent le plus de l'ambition, de l'orgueil, du despotisme et de la tyrannie de Napoléon; presque tous sont depuis longtemps disposés à l'abandonner; et c'est parce que Talleyrand connaît leurs dispositions qu'il s'est décidé à trahir, et que Marmout, le Sénat, etc., se sont décidés à la capitulation et à la déchéance. On devine l'intérêt de ceux-ci et leurs efforts pour entraîner les Maréchaux à la défection. C'est à Marmont, déjà compromis par sa capitulation, et commandant 12,000 hommes à l'avant-garde, qu'on s'adresse principalement. Talleyrand et le Gouvernement provisoire L'INVITENT à se ranger sous le drapeau de la bonne cause. C'est le Généralissime Schwartzemberg qui lui fait parvenir cette invitation, en y joignant ses instances personnelles (et qui sait les démarches, les promesses peutêtre, d'Alexandre lui-même?).-Marmont consent, à deux conditions, l'une pour son armée, l'autre pour la vie et la liberté de Napoléon. — On accepte; on signe un traité. — En conséquence, le 4, à 5 heures du matin, Marmont, trahissant son Empereur, ses soldats et sa Patrie, déserte son poste et part pour Versailles avec ses 12,000 hommes, comme pour aller tourner et surprendre l'ennemi. S'il prévenait ses soldats, aucun ne le suivrait: mais les soldats sont longtemps avant de soupçonner la trahison; et quand ils la voient enfin, c'est inutilement que les uns brisent leurs armes et que d'autres retournent à Fontainebleau. Là, au moment où l'Empereur allait partir pour Paris, son favori Berthier, Ney, Lefevre, Oudinot, Macdonald, même Maret et Caulaincourt, même Bertrand, et quelques autres, qui s'étaient déjà réunis pour opter entre le Sénat et Napoléon, se sont rendus chez lui. Ney a parlé pour eux et a demandé L'ABDICATION. Quel mot nouveau ! Comment est-il accueilli?

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«Est-ce l'avis des Généraux, demande Napoléon? - Oui... Est-ce le vœu de l'Armée? Oui. »

On parle même de scène violente, de menaces de Napoléon, de menaces de Ney. Quoi qu'il en soit, Napoléon dit à l'instant, dans un ordre du jour :

« Le Duc de Raguse est passé aux Alliés... Le Sénat s'est permis de disposer du Gouvernement. If a oublié qu'il doit à l'Empereur (non) le pouvoir dont il abuse maintenant; que c'est lui qui a sauvé une partie de ses membres de l'orage de la Révolution, tiré de l'obscurité et protégé l'autre contre la haine de la Nation (il a mal fait). Le Sénat se fonde sur la Constitution pour la renverser (Napoléon lui en a donné l'exemple). Il ne rougit pas de faire des reproches à l'Empereur, lui qui a pris part à tous les événements (Il est inexcusable vis-à-vis le Peuple, mais il peut reprocher à Napoléon de l'avoir trompé et forcé). L'Empereur n'avait pas besoin de changer les actes dans la publication; un signe de sa part était un ordre pour le Sénat, qui toujours faisait plus qu'on ne lui demandait. Les flatteurs doivent s'attribuer les suites funestes de leurs flatteries. Le Sénat ne rougit pas de parler des libelles contre les Gouvernements étrangers: il oublie qu'ils ont été rédigés dans son sein... Si l'Empereur avait méprisé les hommes comme on le lui a reproché, alors le Monde reconnaîtrait aujourd'hui qu'il avait raison (non, il devait seulement mépriser le Sénat et se reprocher d'avoir choisi les hommes les plus méprisables). Il tenait sa dignité de Dieu et de la Nation (non, mais du Sénat, son complice dans l'usurpation): eux seuls pouvaient l'en priver. (Le Sénat l'a destitué comme il l'a nommé ; et le Peuple a toléré la destitution comme il avait toléré la nomination).

D

Que ce Sénat est méprisable en effet! mais le premier coupable n'est-il pas ce Napoléon qui a choisi des hommes obscurs ou haïs de la Nation; qui les a trompés, violentés, corrompus?... A lui la responsabilité de tout, puisqu'il s'est fait Despote et Dieu!

En même temps, il ABDIQUE en faveur de son fils et de Marie-Louise, et envoie Caulaincourt à Paris.-Mais, par là, il s'avoue vaincu et se met à la discrétion de ses ennemis. D'ailleurs, Alexandre a déclaré qu'il ne traiterait avec aucun membre de sa famille. On refuse donc, et on lui offre l'île d'Elbe en propriété. — C'est en vain qu'il s'adresse à son beau-père; et le 11, il abdique pour lui et ses Héritiers.

Le même jour, les Souverains signent un traité avec Napoléon, dont voici les principale clauses :

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