Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[blocks in formation]

et la ville, entraînée par un parti royaliste, se déclare pour les Bourbons. Le 21, Augereau capitule à Lyon, et Napoléon l'accusera de trahison en faveur des Bourbons. - Enfin Talleyrand, exhortant les Souverains à marcher sur Paris, ceux-ci laissent Napoléon sur leurs derrières et marchent sur la capitale avec près de 200,000 hommes, poussant devant eux Marmont et Mortier, qui n'ont que 25,000 soldats.— Alexandre et le Roi de Prusse s'établissent à Bondy, à deux lieues de Paris, le 26.

La presse étant exclusivement dans les mains du Gouvernement, le Peuple de Paris est tellement trompé, à ce moment suprême, que, le 27, il ignore la présence de deux grandes armées ennemies; le 28, un bulletin fait croire que l'ennemi est repoussé à plus de 50 lieues.-Mais la Cour, qui connaît la vérité, décide que l'Impératrice, le Roi de Rome, le Conseil de Régence, les Ministres et le Trésor, partiront à l'ins tant pour se retirer à Blois. Joseph, Talleyrand et Savary, restent seuls. Le Peuple ignore tout encore lorsque, le 29 au matin, il voit entrer en désordre des soldats qui crient à la trahison, et de nombreuses bandes de paysans qui fuient avec leurs bestiaux et leurs meubles. Peu après, une proclamation de Joseph annonce que la Régence est partie, et appelle les citoyens à se défendre, mais les trompe encore en leur affirmant que ce n'est qu'une colonne qui s'avance de Meaux et que l'Empereur la suit avec une armée victorieuse,

En même temps, Joseph fait placarder un écrit intitulé: Nous laisserons-nous piller et brúler? Mais il est bien temps! D'ailleurs, l'écrit est sans signature, et semble l'œuvre d'un particulier. D'ailleurs encore, on y trompe en assurant que ce sont seulement 25 à 30,000 hommes, conduits par un partisan audacieux, et suivis de près par l'Empereur.

Bien plus, Savary, qui regarde les ouvriers comme plus à craindre que les Cosaques, envoie ses agents de police, déguisés en bourgeois, pour les rassurer en les trompant.

« Ainsi, dit l'Histoire parlementaire, le misérable Pouvoir Impérial travaille à empêcher l'explosion qui peut seule sauver la capitale.»

En un mot, ni Joseph ni personne ne font rien pour armer le Peuple; on veut même que les théâtres restent ouverts comme à l'ordinaire : n'est-ce pas une véritable trahison? De 12,000 Gardes nationaux, la plus grande partie, armés de piques, sont employés à faire des patrouilles et à occuper les corps de garde pour contenir le Peuple; un petit nombre, armés de fusils, sont envoyés à la barrière de Clichy, etc., avec Moncey et quelques pièces de canon servies par des invalides. On n'emploie pas même les 18 à 20,000 hommes d'infanterie qui sont rentrés à Paris à occuper les hauteurs de Montmartre, etc.; et si les 180,000 étrangers qui s'avancent pendant la nuit voulaient entrer dans la ville, la population se trouverait au milieu d'eux à son réveil : mais la masse s'arrête au pied des hauteurs, qui ne sont occupées que par les avant-gardes.

Le 30, au matin, Marmont reprend les hauteurs, et la canonnade et la fusillade réveillent les Parisiens étonnés. Le Peuple court et veut sortir; mais les barrières sont fermées pour lui. Il se présente partout où il suppose des armes; mais on nie, on refuse, on croise la baïonnette contre lui.

Favorisé par la nature du terrain, Marmont a résisté jusqu'à 2 heures à Saint-Chaumont et à Romainville, où il a tué ou blessé plus de 18,000 Russes et Prussiens: mais alors les masses ennemies font de tels progrès que, sur la demande de Marmont, Joseph l'autorise à capituler et quitte lui-même Paris pour se mettre en sûreté. Que ne pourrait pas dire Alexandre, s'il imitait Napoléon entrant à Vienne? (p. 539).

Du reste, la trahison a tout préparé. Les fonctionnaires de Napoléon l'abandonnent; le Préfet Chabrol, le Préfet de police Pasquier, le Corps municipal, sont d'avis de la déchéance de l'Empereur et du rappel des Bourbons, et se rendent auprès des Souverains. Le Duc de Dalberg, l'abbé de Jaucourt, l'abbé Louis, l'abbé de Pradt, l'abbé de Montesquiou, etc., réunis chez Talleyrand, sont du même avis. D'accord avec eux tous, Marmont capitule pendant la nuit, par l'intermédiaire de ses aides-de-camp Favier et

Damrémont ; et le lendemain matin, 31, tandis que l'armée française se retire sur Fontainebleau, l'ennemi entre à Paris, et trouve dans les arsenaux 30,000 fusils neufs, 125 pièces de canon, 250 milliers de poudre, 5 millions de cartouches, 25,000 gargousses, 3,000 obus chargés. Et cependanꞌ, l'artillerie a manqué de munitions; les canonniers ont reçu, les uns des gargousses de son, les autres des boulets trop gros... Trahison, trahison! Tout ce que prévoyaient les Jacobins en 92 se réalise; le Peuple est trompé, trahi, livré, par ceux qui se sont engagés à le défendre.

Cependant, les Coalisés ayant l'adresse de montrer une rigoureuse discipline, le Peuple ne s'effraie point; les boutiques restent ouvertes. Une bande de jeunes gens parcourant les boulevarts avec des drapeaux et des rubans blancs et criant Vive les Bourbons, on n'y fait pas attention, soit parce qu'on regarde leurs vœux comme une chimère, soit parce que, depuis 10 ans, on entend si peu parler des Bourbons qu'on les croit tous morts; l'Empire a tenu le Peuple dans une telle ignorance que la jeunesse sera bien étonnée quand elle entendra parler de Louis XVIII, du comte d'Artois, du duc d'Angoulême, d'une fille de Louis XVI, etc., etc.

Quand Alexandre et le roi de Prusse arrivent, vers midi, les femmes royalistes vont au devant d'eux en agitant des mouchoirs blancs et en criant: Vive Alexandre! Vive les Allies! L'Autocrate va loger chez Talleyrand. - Puis, il lance une proclamation adroite, dans laquelle les Coalisés disent qu'ils viennent se réconcilier avec la France; que c'est Paris qui doit accélérer la paix du Monde; qu'ils attendent son vœu ; et que leur armée qui est devant ses murs sera le soutien de sa décision.

Ah! pourquoi Napoléon n'a-t-il pas tenu le même langage devant Vienne, Berlin, Varsovie! Qu'ils sont bien conseillés aussi ces Souverains qui ne permettent aucun désordre à leurs soldats, persuadés que le premier intérêt d'une armée envahissante est de respecter la Nation envahie.

Cependant, les Souverains, etc., sont réunis chez Talleyrand

avec les complices de celui-ci (p. 564); et il paraît que, si l'on désirait conserver Napoléon ou son fils, ils y consentiraient mais Talleyrand les trompe en affirmant que la France veut les Bourbons; et c'est sur ses instances que la déchéance de la Dynastie Impériale est décidée. A lui la responsabilité !

:

En conséquence, à 3 heures (comme les événements vont vite!), Alexandre, supposant que Paris demande la déchéance, fait publier la déclaration suivante :

« Les Souverains alliés accueillent le vœu de la Nation française. Ils ne traiteront plus avec Napoléon ni avec aucun membre de sa famille. Ils respectent l'intégrité de l'ancienne France, telle qu'elle a existé sous ses Rois légitimes. Ils reconnaîtront et garantiront la CONSTITUTION que LA NATION SE DONNERA. Ils invitent le Sénat à désigner un Gouvernement provisoire et à préparer la Constitution qui conviendra au Peuple français.

D

En même temps, le Conseil général de Paris publie son vœu contre Napoléon, et le dénonce comme le seul auteur de tous les maux, comme un homme en démence, comme le plus épouvantable oppresseur qui ait pesé sur l'espèce humaine, comme un ambitieux qui a sacrifié la France et l'Europe à son ambition sans mesure, comme le bourreau de la population. « Nous abjurons, dit-il, toute obéissance << envers l'usurpateur pour retourner à NOS MAITRES légi« times.» Ce sont bien des Royalistes qui parlent ainsi; et voilà Napoléon trahi par ces Royalistes qu'il a ménagés, caressés, appelés aux fonctions, tandis qu'il persécutait les Démocrates les plus purs!

Et les frères Bertin s'emparent du Journal de l'Empire, si servile pour Napoléon, l'appellent Journal des Débats, et le consacrent à défendre les Bourbons et l'Étranger. Chateaubriand publie une brochure intitulée Bonaparte et les Bourbons, ou nécessité de se rallier à nos Princes LÉGITIMES. L'abbé de Pradt, nommé par Napoléon Archevêque de Malines, puis Ambassadeur à Varsovie, attaque son ancien maître et l'appelle Jupiter-Scapin.

Mais, pous l'avons vu, c'est le Sénat qui doit tout décider. Depuis longtemps (plus de 2 ans) Grégoire, qui for

mait l'Opposition avec Lambretch, Destutt-Tracy, Garat et Lanjuinais, et qui prévoyait la déchéance, a rédigé le projet de Sénatus-Consul nécessaire. Aujourd'hui, 20 Sénateurs sont de son avis: mais le Sénat comprend 140 membres, comment faire? - Talleyrand, président du Sénat comme Prince de Bénévent, Grand-Electeur, ne convoque que 30 membres dont il se croit sûr; et, le 1er avril, ces 30 Sénateurs décident, au nom du Sénat:

--

« Il sera établi un Gouvernement provisoire, chargé de présenter au Sénat un projet de Constitution. Il sera de 5 membres. Sont élus Talleyrand, le Sénateur Beurnonville, ancien ami de Dumouriez, le Sénateur de Jencourt, le Conseiller-d'État Duc de Dalberg, M. de Montesquiou. »

Le soir, cette décision est signée par 67. Voilà les Bourbonniens maîtres du gouvernement! Le lendemain 2, le Sénat déclare la déchéance.- Puis, il se rend chez Alexandre pour le remercier de sa modération et de sa générosité envers Paris. Alexandre répond:

« Votre Empereur a porté la guerre chez moi, lorsque je ne voulais que la paix. Je suis l'ami du Peuple français : je ne lui impute point les fautes de son chef. Vous êtes chargés d'assurer le bonheur d'un grand Peuple, en donnant à la France des institutions fortes et libérales, dont elle ne peut se passer dans l'état des lumières et de la civilisation... Le Gouvernement provisoire m'a demandé la délivrance des prisonniers français, je l'accorde au Sénat. »

Le 3, le Sénat motive ainsi la déchéance:

[ocr errors]

« CONSIDÉRANT: Que, dans une Monarchie constitutionnelle, le Monarque n'existe qu'en vertu de la Constitution ou du pacte Social; - Que Napoléon Bonaparte, pendant quelque temps d'un Gouvernement ferme et prudent, avait donné à la Nation des sujets de compter, pour l'avenir, sur des actes de sagesse et de justice; mais qu'ensuite il a DÉCHIRE le pacte qui l'unissait au Peuple français, notamment en levant des impôts, en établissant des taxes autrement qu'en vertu de la loi ; — Qu'il a commis cet attentat aux droits du Peuple lors même qu'il venait d'ajourner sans nécessité le Corpslégislatif et de faire supprimer, comme criminel, un Rapport de ce Corps, auquel il contestait son titre et sa part à la Représentation nationale; Qu'il a entrepris une suite de guerres en violation de la Constitution; Qu'il a inconstitutionnellement rendu plusieurs

[ocr errors]
« ZurückWeiter »